Ces dernières années, de nombreux constructeurs se sont déclarés prêts à entreprendre rapidement la transition vers l’électrique. Pratiquement toutes les marques ont élaboré un plan pour atteindre 2035 avec une grille tarifaire européenne composée uniquement de véhicules électriques, comme l’exige l’UE. Certains sont allés plus loin, abaissant cette barre jusqu’en 2030.
Les données de ventes peu flatteuses de véhicules électriques, combinées à un réseau de recharge public encore immature – l’ACEA a récemment tiré la sonnette d’alarme sur une croissance très lente des bornes de recharge en Europe – ont cependant conduit de nombreuses entreprises à revoir ces plans : les derniers à annoncer un ralentissement sur l’électrique sont Mercedes et Ford.
“L’objectif stratégique de Mercedes-Benz est d’atteindre zéro émission, c’est certain” a déclaré Ola Källenius, PDG de Mercedes, lors d’une récente réunion avec les actionnaires “Cependant, cette transition pourrait prendre plus de temps que prévu“.
D’où l’idée de continuer à vendre des voitures à combustion aussi longtemps que les gens en voudront. Le responsable a ensuite souligné comment les travaux d’adaptation des usines de production ont été réalisés en tenant compte de la flexibilité. C’est-à-dire la capacité de produire sans distinction des voitures électriques ou des voitures équipées d’un moteur à combustion interne.
Malgré les propos inquiets de Källenius, Mercedes a clôturé une excellente année 2023 en ne considérant que le secteur électrique, avec des ventes en croissance de 73 % par rapport à l’année précédente. Il semblerait que la direction de la marque soit donc plus préoccupée par la rentabilité des voitures électriques que par le nombre d’unités vendues. En pourcentage, 11,8 % des ventes mondiales de Mercedes en 2023 étaient électriques.
Ford ralentit également : la division électrique a perdu 1,3 milliard de dollars sur les trois premiers mois de 2024
Dans la même lignée que Mercedes, il y a Ford, l’un des constructeurs qui a abordé la transition électrique avec le plus d’enthousiasme. En 2021, en effet, Ford a annoncé son intention de vendre uniquement des voitures électriques en Europe à partir de 2030.
“Si, par exemple, nous constatons une forte demande pour les véhicules hybrides rechargeables, nous leur proposerons” est le passage de l’interview de Martin Sander, directeur général de Ford Europe, sur le portail Automotive News Europe. Une déclaration qui entre en contradiction avec ce qui était censé être le projet d’abandon des moteurs à combustion en 2030 en Europe.
Même dans ce cas, le problème concerne à la fois le nombre de véhicules électriques vendus et les marges bénéficiaires. Sandler a parlé de “une demande plus faible que prévu initialement“, et cela a eu un impact très lourd sur les comptes.
Ford développera également des véhicules électriques à 25 000 $. L’objectif est de battre Tesla « chez nous » puis BYD en Europe
Si, de manière générale, les données financières de Ford sont positives, celles relatives à la division électrique racontent une tout autre histoire : au premier trimestre 2024, la division Ford qui s’occupe des voitures électriques a enregistré des pertes de 1,3 milliard de dollars. La perte a plus que doublé par rapport à 2022. Alors que, comme mentionné, la division qui s’occupe des voitures à combustion interne s’envole.
L’offensive électrique de Ford en Europe s’enrichira bientôt du Puma Gen-E, la version électrique du crossover compact le plus vendu. Comme pour l’intéressant SUV Explorer, on prévoit cependant un prix supérieur à 40 000 euros. Un prix qui risque de couper les ailes à la version électrique de ce qui est, depuis des années, la voiture la plus vendue de Ford sur le Vieux Continent.
