les histoires de Roberto Saviano et Aldo Cazzullo – -

Italie. Parce qu’un seul ne suffit pas pour décrire notre pays. Et encore moins le comprendre. L’Italie des livres d’histoire et celle de l’actualité. Des morceaux d’un pays qui finit toujours par se retrouver plus uni qu’il ne veut le montrer. L’Italie qui existe. Malgré tout. Et aussi heureusement.

– Aldo Cazzullo signe un exemplaire d’un de ses livres

Hier, à la Foire du livre de Turin (d’ailleurs la première capitale de l’Italie), deux grands noms du « Corriere della Sera » étaient les protagonistes. Roberto Saviano et Aldo Cazzullo. Le premier en dialogue avec le directeur du journal de Via Solferino, Luciano Fontana. Ici aussi, nous parlons d’une Italie que nous aimerions pourtant voir disparaître. La péninsule sombre des gangs mafieux et du crime. Et d’une idée de famille, de relations humaines qui nous surprend. Nous sommes tous les deux ensemble, Le nouveau livre de Saviano (Fuoriscena) explore un terrain peu connu des boss : le sexe, l’amour, la trahison. «Dans ces pages – commente Fontana – il y a un pur Saviano. Ce que nous savions, aimions. Ce qui nous a rendu émus. Dans un contexte vraiment original.” Peu de gens avaient aussi bien décrit l’intérieur des patrons et de leurs compagnons.

«Les grandes organisations criminelles – explique l’écrivain – sont obsédées par le contrôle des corps. C’est la condition essentielle pour manipuler la conscience de ceux qui doivent obéir. » Ainsi que le précepte du mariage monogame. « Leur mantra est d’épouser quelqu’un qu’on n’aime pas. Il n’y a donc aucun risque de séparation. » Matteo Messina Denaro casse ce schéma ancestral. Il aime les femmes et est aimé en retour. Il aime la vie confortable, le confort. Un autre monde comparé à celui du bandit Salvatore Giuliano, qui ne voulait pas de maison en ville parce que “on glisse sur l’asphalte”. Pendant le patron de Castelvetrano avait mis de côté 800 millions d’actifs qui ne pouvaient pas tenir sous un matelas. Mais les deux amants, qui étaient aussi fous de lui, en étaient la faiblesse mortelle. “Il n’a pas respecté le principe du néo-puritanisme qui existe encore dans les clans criminels.” Messine De l’argent qui ne tient pas compte des conseils de Niccolò Machiavel. Et il se laisse dominer et vaincre par l’émotion, conséquence de tomber amoureux. Grosse erreur.

Mais il existe une Italie splendide et rayonnante. Nous l’avons porté avec nous et en nous pendant des siècles. Nous n’en sommes pas assez fiers. Plus par esprit critique excessif que par pudeur. Aldo Cazzullo nous redonne la fierté d’agiter un drapeau tricolore cela n’a jamais vraiment disparu. Nous sommes nés plus tôt que nous ne l’imaginions. « Ce n’est pas Dante qui fut le premier à utiliser l’expression Italie mais Jules César. Un grand homme politique, un grand général, un grand écrivain. Et il s’est également débrouillé en tant que journaliste. Pensez simplement à sa phrase : « Veni, vidi, vici ». Mieux et plus efficace qu’un tweet. »

Cazzullo nous le rappelle déjà dans le titre de son livre Quand nous étions les maîtres du monde (HarperCollins) le noble héritage de notre pays. «Nous ne sommes pas les descendants directs des Romains mais il y a une continuité entre nous et eux. Ils nous ont laissé un héritage. Et nous le voyons tous les jours parler une langue romane, lire les noms des rues et des villes. » Et parcourez vos yeux sur des chefs-d’œuvre immortels. “L’Énéide que Virgile voulait brûler après sa mort. Et qu’il ne lisait jamais en public parce qu’il avait honte de son bégaiement.” Le livre d’Énée « un vaincu, un migrant. Mais l’homme de pitié et de miséricorde qui relie le passé et le futur avec le père sur ses épaules et son petit fils par la main.” Virgile qui sert de guide à Dante, à qui Cazzullo a dédié deux livres, le grand poète qui raconte Ulysse « le premier homme moderne. Non pas parce qu’il était sage, mais parce qu’il était ignorant. Et c’est pour cette raison qu’il voulait atteindre l’inconnu. »

Avec le livre Un jour particulier (Solferino) la signature du « Corriere » s’adresse aux jeunes. ET avoue: «Je suis fan de saint François, de Dante et de Christophe Colomb. Ils sont morts pauvres, certains par choix, d’autres par malheur. Ensemble, il y a la grandeur de l’homme, suffisamment pour voyager au-delà des colonnes d’Hercule, au-delà des limites. »

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