Neige maltraitée pendant des années par son beau-père. Dans « Triste tigre » la plainte devient un cri collectif

Neige maltraitée pendant des années par son beau-père. Dans « Triste tigre » la plainte devient un cri collectif
Neige maltraitée pendant des années par son beau-père. Dans « Triste tigre » la plainte devient un cri collectif

Rome, le 12 mai 2024 – Candidat au Strega européen, Tigre triste De Neige Sinno (Neri Pozza) est l’histoire d’une petite fille violée pendant (minimum) sept ans par son beau-père, puisqu’elle avait 7 ans (il avait 25 ans) ou peut-être 9 ans, le souvenir de l’âge précis auquel les abus ont commencé n’est pas clair mais tout le reste l’est. L’enfant violé est l’auteur aujourd’hui âgé de 46 ans.

Le livre est un témoignage, une réflexion sur la société (la française notamment dans laquelle de nombreux intellectuels à partir de Foucault se sont battus pour « laisser la liberté sexuelle » aux enfants), une dénonciation des difficultés des jeunes victimes à faire condamner leurs tortionnaires ( ce n’est pas le cas de l’auteur : son beau-père a avoué ses crimes devant le tribunal), une analyse du potentiel de la littérature (Ernaux, Levi, Soljenitsyne, Toni Morrison) pour les sauver, ces victimes – des pédophiles et du patriarcat, du nazisme, du stalinisme, de l’esclavage, de tous « un mal radical », comme l’appelle Neige. Ce qui fait de Triste tigre un livre exceptionnel, c’est en effet la capacité de l’auteur à utiliser son propre traumatisme irréparable comme une loupe sur la condition de toute personne faible abusée par le pouvoir : « Quand on est une fois victime, on est toujours une victime. Et surtout, tu es une victime pour toujours.” Il écrit : « Vous ne pouvez pas vous lever et vous débarrasser de quelque chose qui vous touche si profondément. Pour ceux qui n’ont connu que cette expérience, tout se structure à partir de l’oppression. » Neige Sinno reste “endommagée” : la peine purgée en prison par son beau-père ne la sauve pas (il a ensuite eu une autre vie, d’autres enfants), même la littérature ne la sauve pas, elle trouve dégoûtante la “hiérarchie qui rend les résilients”. personne est un surhomme comparé à ceux qui ne peuvent pas se lever.

Ceux qui en sont victimes continuent de se demander continuellement pourquoi ? “Pourquoi ça? Pourquoi moi? Nous ne pouvons pas nous libérer du besoin de comprendre”, mais une explication possible “ne nous fournit jamais de clé pour avancer dans notre vie”. Pourquoi les soldats en guerre tuent-ils, torturent-ils, violent-ils ? «Parce qu’ils peuvent le faire», dans un système de connivence et de silence. Pourquoi cet homme l’a-t-il violée lorsqu’elle était enfant ? “Innocence. La plus pure innocence. Et ce qui est peut-être attrayant, c’est simplement la possibilité de le détruire. » Nous vivons dans un monde où victime et bourreau, agneau et tigre, sont ensemble : le mal est partout, l’ignorer n’est pas une option, le défi – conclut Neige – est de rester à la limite. Et ne tombe pas.

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