Le désespoir est l’endroit où nagent mes pensées

Le désespoir est l’endroit où nagent mes pensées
Le désespoir est l’endroit où nagent mes pensées

vote
8.0

  • Bandes:
    PERSONNE
  • Durée : 00:50:18
  • Disponible à partir du : 17/05/2024
  • Étiquette:
  • Productions tragiques

Streaming pas encore disponible

Personne n’est né à Cincinnati, dans l’Ohio, il y a tout juste un an, en tant que duo composé d’Ulver et de Troll, tous deux de vieilles connaissances du black metal étoilé (Viral Isolation, Coffin Breath, Sorry…, Herald ne sont que quelques-uns des des dizaines de projets dont ils font et ont fait partie), et donnent naissance en 2023 à deux EP, “Fading Into Obscurity” et “Lifeless And Still”, bien accueillis par le public le plus underground.
La récente acquisition du chanteur Void, également membre de Sorry…, complète le line-up et permet le saut de qualité nécessaire qui mènera à la composition du premier album “Despair Is Where My Thoughts Swim”.
Si le surnom choisi par les trois Américains est d’une simplicité désarmante, la musique qu’ils proposent est tout sauf évidente : le black metal post-/dépressif qu’ils proposent, en fait, plus que celui de nombre de leurs compatriotes spécialisés dans le genre, peut être comparé à cette tendance qui voit le Swedish Lifelover ou le Forgotten Tomb local comme sa principale inspiration, mais il serait peu généreux de ne pas remarquer qu’il y a aussi autre chose dans ces onze pièces. La base sonore est très variée, bien que linéaire et pleine de mélodie, et alterne des explosions de black metal avec des éléments post punk, doom et même certains à la limite de la véritable indie pop, tandis que Void change de registre avec un extrême naturel, entre des voix claires et dramatiques, souvent parlées, quelques grognements et, surtout, un cri grotesque et aigu, presque comme s’il avait été soumis à la torture pendant les enregistrements. Pour compléter le tableau, une utilisation savante du piano, des claviers et des guitares acoustiques, dans des intermèdes qui semblent n’avoir aucune logique.
Déjà à partir des titres des chansons, on peut comprendre le sentiment de tristesse et d’abandon qui se dégage des grooves de cet album mais, en réalité, à l’écoute on comprend à quel point le tourbillon des humeurs est beaucoup plus profond, avec l’angoisse qui laisse place à un un espoir subtil, rendant l’expérience si possible encore plus exaspérante et déroutante. Pour avoir une idée du niveau de folie atteint, il peut être utile de jeter un œil à la vidéo promotionnelle de « Perpetual Torment », composée d’images de personnes souffrant de troubles mentaux traités avec des méthodes inhumaines.
« Faces Pass Me In Crowded Rooms » joue sur un riff à la Katatonia de la période « Viva Emptiness », transfiguré par une ambiance malsaine et irrespirable ; « A Silent Prayer », l’un des moments les plus directs, a quelque chose de gothique qui peut rappeler The Cure, mais est tellement corrompu qu’il tombe dans l’abîme de désolation typique de The Shining ; « Days Drift By » est inquiétant malgré son calme relatif. Les reprises ne manquent pas, et il ne peut s’agir que d’un morceau du précité Lifelover, le décadent « Myspsys », joué avec un esprit très proche de l’original.
Cinquante minutes de musique dans lesquelles le sentiment d’inconfort est constant, basé sur des contrastes qui en théorie ne devraient pas tenir mais qui, en pratique, sont le point fort d’un disque aussi hallucinant qu’excitant et intense.

PREV La veille des examens. Quarante ans sans les entendre. Ainsi Venditti créa le culte
NEXT Angelina Mango, tu sais avec qui est son frère ? Un chanteur très célèbre, quelle intrigue !