Massimo Bartolini : « Savoir écouter est un art »

«C’est un ouvrage qui résume toutes mes études sur le son et dans cette exposition, entre écoute et vision, on a certainement tendance à privilégier l’écoute, une nouvelle perception pour lire le monde».

C’est lui l’artiste Massimo Bartolini pour expliquer sa grande installation sonore et environnementale, exposée au 60à Exposition internationale d’art – Biennale de Venise, à l’Arsenale, dans le Pavillon italien, promue par la Direction générale de la créativité contemporaine du ministère de la Culture et organisée par Luca Cerizza.

Le titre du projet, Deux ici / Pour entendreest un jeu de mots qui, dans une expression très courte, ouvre une infinité de thèmes : ce “due qui”, qui se traduirait en anglais par “two here”, devient assonant comme “to Hear” qui suit Peu après, comme si le vrai être ensemble consistait à savoir s’écouter.

Et dans l’art de Massimo Bartolini, 61 ans, toscan, le son a toujours eu un rôle central: «Je crois que la musique est la possibilité de percevoir physiquement l’invisible. J’aime écouter du jazz improvisé, j’aime Telonius Monk et John Coltrane, mais aussi Brian Eno, Steve Reich et John Cage et pour moi cela a été crucial lorsque je suis entré dans le monde de Bach, dans sa musique mathématique et apparemment désincarnée. Bach fait penser à Dieu, mais pas à un Dieu omniprésent et unique, plutôt à une présence, une force, un point de référence. Sur Spotify, il y a une de mes playlists ouverte, également intitulée, Deux ici/Pour entendre: il y a là des auteurs qui sont fondamentaux pour moi, des éléments clés de ma formation.”

Dans votre art, outre le son, vous utilisez également beaucoup de photographies, de vidéos et de dessins. Quel soutien préférez-vous et ressemblez-vous le plus au vôtre ?
« En réalité, ce qui me représente le plus, c’est ce qui unit ces matériaux apparemment différents : c’est l’histoire, c’est le chemin narratif qui surgit avec la matière et qui mène ensuite ailleurs. Quand j’ai utilisé les lumières pour mon installation à Manifesta, à Palerme, je n’en ai pas décidé a priori : dans la rue j’avais vu des lumières appuyées contre un mur ce qui m’a donné une idée, alors j’ai cherché la personne qui pourrait monter eux et ses mots m’ont suggéré comment les présenter, m’emmenant ailleurs pas là où je l’avais prévu… C’est une histoire qui se construit petit à petit et qui au final fait émerger l’œuvre : c’est une chaîne, une constellation de mots magiques qui mènent au bon matériau pour ce travail à ce moment-là. C’est une étincelle.”

Mon quatrième hommage : à Carmine Carbone, 2003. Tirage sur dibond, 126×262 cm. Edition à trois exemplaires. Collection Giuseppe Iannaccone Milan ; Collection du Musée du Novecento, Milan. Photo Ela Bialkowska.

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