Le Milan des grands architectes du XXe siècle à découvrir lors du FuoriSalone 2024

Une semaine par an, Milan se transforme en une grande fête « en plein air » du design national et international. Et nous tous, cette semaine-là, sommes frappés par la frénésie du moment, ballottés d’un coin à l’autre de la ville avec des délais toujours assez serrés. En quelques heures, nous nous retrouvons obligés de traverser Milan pour rejoindre des événements, des vernissages et des expositions en tout genre. Cependant, cela peut être une excellente opportunité de découvrir la ville, ses quartiers et l’architecture (cachée ou non) qui enrichissent son tissu urbain.

Alors, chers visiteurs de Semaine du design de Milan 2024voici un petit guide de l’architecture du XXe siècle à découvrir dans différents quartiers de la ville au fil des événements.

ARCHITECTURES DU 20ÈME SIÈCLE À VOIR AU CENTRE DE MILAN

Luigi Moretti, Complexe d’habitations, de magasins et de bureaux à Corso Italia (1951-56)

Il est impossible de ne pas mentionner le bâtiment multifonctionnel de Luigi Moretti, dans le centre historique, dont la monumentalité me laisse encore pantois aujourd’hui ; un bâtiment qui ressemble à un grand bateau de croisière qui traverse la route comme si l’asphalte était de l’eau de mer. Le complexe est en fait composé de différents bâtiments qui forment un îlot urbain entier, mais ce qui prédomine est précisément ce grand volume de neuf étages qui contient les bureaux.

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Hans-juergen.breuning, CC BY-SA 3.0 , via Wikimedia Commons

Arrigo Arrighetti, Bibliothèque Sormani du Corso di Porta Vittoria (1949-56)

Une autre étape fondamentale est la bibliothèque Sormani, dont l’agrandissement a été réalisé par Arrigo Arrighetti. L’élément caractéristique est sa façade extérieure, rythmée par une grille régulière et ininterrompue d’ouvertures carrées. Ces ouvertures correspondent exactement au module des étagères des espaces de rangement internes de la bibliothèque.

Un grand classique incontournable. La Villa Necchi Campiglio est un projet de l’architecte Piero Portaluppi, achevé en 1935. On raconte qu’un jour les époux Necchi et Campiglio, revenant à Monza où ils vivaient au début du XXe siècle après une soirée dans l’escalier, se perdirent dans le brouillard et se sont retrouvés devant ce terrain abandonné qu’ils ont décidé d’acheter. L’un des plus grands chefs-d’œuvre de Portaluppi y fut alors créé, puis réaménagé après la guerre par l’architecte Tomaso Buzzi. Aujourd’hui ouvert au public grâce au FAI – Fonds Italien pour l’Environnement.

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Chroniques d’Italie Photos//Wikimédia Commons

ARCHITECTURES DU 20ÈME SIÈCLE À VOIR AU NORD-EST DE MILAN

Vittoriano Viganò, Extension, Siège de l’École Polytechnique de Milan, – via Ampère via Bonardi, Milan (1970-85)

On dit que Viganò aimait tellement le noir qu’il peignait même les chambres de ses enfants avec cette couleur. Le noir est en effet la couleur qui prédomine sur la façade de l’agrandissement de l’Université Polytechnique de Milan, conçue par Vittoriano Viganò à partir de 1970, avec le rouge. L’élément caractéristique de la façade du bâtiment sont précisément ces éléments en acier noir. Certains, cependant, réalisés avec la couleur rouge, forment la lettre emblématique « A » pour Architecture.

Gio Ponti, Église de San Luca Evangelista, Via Andrea Maria Ampère (1955-60)

Il n’y a pas de Milan sans Gio Ponti, qui a créé quelques édifices de culte dans la ville comme cette église et celle de San Francesco al Fopponino (1961-64), dans la zone ouest. Les deux façades des églises reflètent la capacité de l’architecte à réinterpréter les symboles religieux selon un goût moderne. Un escalier mène au cimetière, sur lequel se trouvent trois entrées, deux sur les côtés créées dans de hautes alvéoles définies par une lame de béton et une fenêtre en verre, et une principale au centre, avec un portail en bois en forme de losange, qui recrée la forme de cabane, délimitée par des cadres en verre. La façade est recouverte de carreaux de grès cérame gris pointe de diamant, avec des motifs décoratifs en croix répétés sur toute la surface.

ARCHITECTURES DU 20ÈME SIÈCLE À VOIR AU SUD DE MILAN

Édifice de culte emblématique créé par Arrigo Arrighetti et faisant partie du quartier Sant’Ambrogio de Milan, dans le quartier de Barona. Ce qui le rend célèbre, c’est précisément sa forme pointue et ses surfaces en béton apparent. Les murs de l’église sont percés d’un grand nombre de petites fenêtres colorées, qui confèrent aux espaces intérieurs une lumière naturelle très chaleureuse. Le bâtiment est également caractérisé par son toit en voile, qui s’élève de la zone du presbytère pour créer la flèche correspondant à la façade qui lui donne cet aspect particulier.

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Photo de courtoisie

ARCHITECTURES DU 20ÈME SIÈCLE À VOIR À MILAN EST

Ignazio Gardella, Église de San Nicolao (1965-69)

Nous sommes dans le quartier Forlanini, un peu loin du centre de Milan. Ici, Ignazio Gardella a créé une église dans laquelle, comme son collègue Gardella, il a opté pour le toit en voile comme élément qui caractérise à la fois l’intérieur et l’extérieur. L’extérieur est recouvert de vercuivre, un matériau obtenu en mélangeant du cuivre goudronné et des feuilles de caoutchouc. À l’intérieur cependant, les charpentes, en forme de calice et réalisées en béton armé, deviennent les véritables protagonistes de l’espace et ponctuent les nefs de l’église.

ARCHITECTURES DU 20ÈME SIÈCLE À VOIR À MILAN OUEST

Gio Ponti, église de San Francesco al Fopponino (1961-64)

Comme son église jumelle de San Luca Evangelista, cette église possède également une façade recouverte de carreaux de céramique à pointe de diamant. La façade principale présente quatre fenêtres ouvertes sur le ciel, qui rappellent toujours la forme du losange, également utilisée pour les ouvertures centrales pratiquées dans l’épais mur.

Arrigo Arrighetti, Piscine du Parc Solari (1963)

Arrighetti a également construit la piscine au cœur du parc solaire, à l’ouest de Milan, en 1963. Quant à l’église du quartier de Sant’Ambrogio, Arrighetti conçoit une coque architecturale caractérisée précisément par son toit, conçu comme une structure tendue sculpturale en forme de selle qui donne à l’installation sportive une forme très particulière. Les fermetures verticales sont presque entièrement réalisées avec du verre incliné continu, qui offre une vue constante sur le parc.

Portrait de Bianca Felicori

Bianca Felicori est architecte et chercheuse à l’UCLouvain. Il poursuit aujourd’hui ses recherches doctorales, financées par le FRS-FNRS de Bruxelles, sur la confluence entre les recherches artistiques et architecturales nées en Europe et en Amérique entre les années 1960 et 1970. Née à Bologne, elle vit entre Bruxelles et Milan, où elle a obtenu un diplôme en architecture et design urbain à l’École Polytechnique de Milan avec une thèse en histoire de l’architecture. Depuis 2019, il réalise son projet Forgotten Architecture, une plateforme où l’on redécouvre l’architecture moderne oubliée et moins connue à travers le monde. Les vastes archives constituées au fil des années d’architecture oubliée sont également devenues la principale ressource de ses projets indépendants et de ses collaborations avec des marques et des institutions en tant que modératrice, commissaire et auteure.

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