Il y a un an, les adieux à Francesco Nuti, le talentueux irrégulier – Actualités

Il y a un an, les adieux à Francesco Nuti, le talentueux irrégulier – Actualités
Il y a un an, les adieux à Francesco Nuti, le talentueux irrégulier – Actualités

Qui sait de quoi rêvait Francesco Nuti, quand il rêvait, dans les longues années où un destin atroce et capricieux l’a éloigné de son monde et de sa vraie vie. Il rêvait sans doute d’histoires splendides, de grands amours, de ces comédies enjouées et acrimonieuses dont il était devenu l’un des favoris du public.

C’était l’existence naturelle du « fou » shakespearien., pas arrogant comme Falstaff, mais semblable à Ariel dans “La Tempête”, le fidèle serviteur de Prospero qui sait voir au-delà des apparences et conduire les spectateurs sur le territoire des rêves. Pourtant Francesco Nuti, décédé le 12 juin 2023 à l’âge de 68 ans dans une clinique romaine si loin de Florence où il est né le 17 mai 1955, était aussi un magicien, comme Prospero : il touchait les histoires et les personnages et il les a transformés à son image et à sa ressemblance, créant une étrange magie empathique par laquelle différentes générations se reflétaient dans ce Francesco connu sous le nom de « le Toscan » qui se cachera plus tard derrière d’autres pseudonymes : Roméo, Caruso, Willy, Lorenzo, Dado, Pinocchio.

Que la rencontre avec son compatriote Collodi et la coquine marionnette avait toujours été un point d’arrivée dans les rêves de Francesco Nuti, c’était clair dès le début : malheureusement, lorsque les deux se sont rencontrés (OcchioPinocchio, 1994), l’acteur-réalisateur était déjà en proie au démon autodestructeur, entre alcool et dépression, qui aurait marqué son déclin et le film reste encore aujourd’hui une grande œuvre inachevée où ne transparaît qu’occasionnellement son talent irrégulier et rebelle.

Mais il y a d’abord titres mémorables (partagé initialement avec Maurizio Ponzi comme réalisateur), de Madonna quel silence y a-t-il ce soir (1982) à Io, Chiara e lo Scuro (1983), de Son Contento (1983) jusqu’à Casablanca Casablanca qui en 1985 l’a promu réalisateur de lui-même dans une suite idéale de Io, Chiara e lo Scuro.

Et son moment d’or dans lequel il combine avec légèreté et inventivité toutes les qualités exposées depuis son enfance puis au théâtre et à la télévision aux côtés d’Alessandro Benvenuti et Athina Cenci dans le groupe Giancattivi avec lequel il avait acquis une popularité dans No Stop (un grand foyer de talents télévisuel signé d’Enzo Trapani avec le découvreur de talents Bruno Voglino) et ses débuts au cinéma avec Ad Ovest di Paperino (1981).

Dans son âge heureux, Francesco Nuti est un one-man-band capable de générer douceur, enchantement poétique, satire et romance dans un seul mélange unique, portant à l’écran une « Toscane » en liberté qui a coïncidé avec la découverte du « régionalisme » par la comédie italienne. Malgré ses succès ultérieurs, fluctuants, son talent se disperse lentement après le milieu des années 1980, d’abord dans une quête obsessionnelle de diversification (Toute la faute du paradis, 1985, Caruso Pascoski di padre polacco, 1988, Willy Signori et moi venons de loin , 1989) puis à la recherche du temps perdu (Il Signor Diecicipalle, 1998). Nous l’avons vu pour la dernière fois à l’écran en 2005, acteur dans Concorso di Guilt, un drame policier peu vu de Claudio Fragasso.

A ce moment-là, le rendez-vous avec le destin approche déjà: de moins en moins présent à lui-même, l’année suivante il tombe dans les escaliers de chez lui et le traumatisme crânien est très grave. Il entrera dans un tunnel de rééducation fatigante, de rechutes, d’espoirs tièdes qui ne lui permettront plus de retrouver la scène même si ses amis
la jeunesse ne cessera d’être proche de lui, son frère Giovanni l’aidera à écrire une biographie très personnelle (Je suis un bon garçon – Andata, automne et retour, 2011, Rizzoli) et des spectacles et monologues dont il est le protagoniste indirect multiplier.

Dans une interview touchante, la fille Genève (eu avec Anna Maria Malipero) dira : “Francesco est et sera toujours mon père même s’il ne peut plus parler, bouger les mains ou marcher et il est juste que je prenne soin de lui”. Et il en fut ainsi jusqu’au dernier jour.

Francesco Nuti a traversé le cinéma comme un météore brillanttoujours inclassable entre sa passion pour le billard – grande co-star de ses meilleurs films aux côtés du champion Marcello Lotti -, la musique (il s’est produit sur la scène de Sanremo et sa discographie fait contrepoint à sa mise en scène), ses amours et ses déceptions.

Il nous a laissé un héritage de 10 films et 15 titres d’acteur, une poignée de récompenses et trop de rêves encore à réaliser. Sa parabole ressemble à celle d’un autre talent malheureux comme Rino Gaetano auquel il était lié par une étrange assonance de caractère et une racine calabraise que, du côté de sa mère, Francesco plaçait à côté de l’esprit toscan du Mugello dont était issu son père. Alors pour lui aussi, ça lui donne envie de dire : Francesco, le ciel est toujours plus bleu : c’est chez toi.

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