Voix, par Yukiko Mishima. L’article

Pour Yukiko Mishima, seuls comptent les micro-drames quotidiens de la vie, les inflexions (émotionnelles, existentielles, voire narratives) qui prennent forme dans les mailles d’une routine apparemment immobile et placide, où la progression statique du temps et de l’espace se superpose à l’émotion. univers de personnages complètement absorbés par leur fragilité. Presque comme s’ils étaient coincés dans un boucles traumatique perpétuel, qui ne laisse place à aucun fantasme de vitalité, précisément parce qu’il ne semble pas présenter – du moins à première vue – une conclusion ni une résolution possible. Et dans le cas d’un film comme Voixcaractérisé par trois segments uniquement thématiquement (et donc non narrativement) interconnectés, l’avènement du deuil intervient pour filtrer ces questions : et la nécessité, de la part des personnages qui le vivent, de ne pas céder au poids de celui-ci. une souffrance qui risque, inexorablement, de les écraser.

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N.17 : Couverture Story L’OURS

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Même si les trois histoires qui composent ce triptyque n’ont aucune figure en commun, encore moins l’intrigue, le sentiment d’unité et de cohésion sur lequel Voix construit son propre plan est donné par le partage d’un même thème, mais surtout par le naturel avec lequel ces segments véhiculent les thèmes de référence selon la même stratégie dramaturgique. Même si les trois protagonistes apparaissent séparés par d’évidentes différences, à la fois personnelles et purement identitaires, ce qui les met en continuité les uns avec les autres est justement le caractère « homologue » des conflits qu’ils traversent, et la direction univoque vers laquelle le cinéaste les oriente. leurs processus de résolution traumatique. De ce point de vue, le père transsexuel (Maki Carrousel) incapable de métaboliser la perte de son premier-né, le pasteur d’âge moyen (l’emblématique Shō Aikawa) déterminé à réparer sa relation avec sa fille, et la jeune femme étouffée par les conséquences des abus. enfantin (joué par l’extraordinaire Atsuko Maeda de Jusqu’au bout du monde) sont tous dans la même condition existentielle, malgré leurs histoires – tant vécues que « narratives » – qui suivent des chemins singuliers et exclusifs.

Voici donc Mishima, pour éviter de coincer Voix dans les incohérences (aussi présentes soient-elles) dans lesquelles risquent habituellement de sombrer les films épisodiques, il part d’un partage de la matrice traumatique, pour offrir une connotation matérielle au conflit, qui revêt ainsi non seulement les traits physiques et « tactiles » avec lesquels le les personnages (et les spectateurs) peuvent s’interfacer, mais il apparaît aussi répété dans le temps, de manière à se croiser de manière contiguë, comme un dénominateur commun, les trois segments qui composent le récit. C’est ainsi que dans les deux premières parties du film, la mer devient le symbole du traumatisme, l’élément scénographique – et symbolique – qui rappelle aux protagonistes la nature de leur douleur, leur permettant, grâce à son caractère statique et présence immanente (visualisée dans le champ dans le segment initial, et déclinée dans l’horizon sonore dans l’épisode suivant) pour traiter de la matérialisation même de la souffrance qui les afflige. Et d’offrir, en même temps, un élément physique qui permet à l’histoire de montrer un choc radical des forces ; et pour ceux qui nous regardent, s’investir émotionnellement dans un conflit qui semble de plus en plus crédible et cohérent.

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Une stratégie, celle-ci vient d’être esquissée, qui revient dans l’acte final – le plus vaste et le plus brillant des Voix – sous forme d’image dessinée, avec le portrait du visage de la jeune Reiko qui met en lumière, dans le regard de la femme, la matrice même de son désaccord : c’est-à-dire la difficulté de percevoir la « paternité » de son corps. Et bien que les deux premiers segments semblent nettement plus plats et moins évocateurs que la fraction finale, Mishima canalise tous les meilleurs exemples de son cinéma dans le troisième épisode : jusqu’à ce qu’il trouve dans la complicité entre deux personnes émotionnellement distantes, la recette pour éviscérer l’intimité. d’âmes si impitoyablement solitaires.

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