(Re)lancer le monstre à la une

Bologne, 23 mai 2024 – Ils ressortent deux ans plus tard avec des réactions presque différentes. En 1970, « Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon » remporte l’Oscar du meilleur film étranger. Gian Maria Volonté c’est le policier capable d’étouffer, de tromper, qui se reflète devant le miroir dans le pouvoir qu’il représente au point d’en abuser. Un an avant le massacre de la Piazza Fontana. Pourtant, en 1972, Volonté – décédé il y a trente ans en décembre – était rédacteur en chef d’un journal. Il n’y a pas d’Elio Petri derrière la caméra, mais Marco Bellocchio. Le film “Jetez le monstre en première page» – qui est à nouveau proposé à Cannes dans la version restaurée par Cinémathèque de Bologne – avait au contraire une histoire nettement plus compliquée.

Dans ce cas également, les échos de Massacre de la place Fontana – les enquêtes et les premiers procès – sont toujours solides. La fille d’un baron universitaire décède et «Le journal» (c’est exactement son nom, deux ans avant la création de la véritable « Giornale » de Montanelli) n’a aucun doute : c’est un étudiant qui l’a tuée, proche de la gauche extraparlementaire. Ce qui semble presque – également pour une série d’autres aspects – le portrait de PIetro Valpreda. La musique non moins dérangeante que celle de “Indagine” (signée par Morricone) est de Nicola Piovani qui se chargera un an plus tard des arrangements et de la direction orchestrale de “Histoire d’un employé” de De André. A l’intérieur, il y a toutes les années 70, avec leurs conflits, leurs contradictions, les cortèges (dans les premières scènes tirées des films de l’époque on reconnaît le jeune Ignazio La Russa) et aussi les événements sanglants. Mais surtout la notion d’opinion publique (et comment elle se forme). Le réalisateur Volonté – qui s’appelle Bizanti – donne une leçon au jeune reporter appelé pour traiter de cette affaire et qui doit rapporter la réalité. Mais quelle est la réalité? Bellocchio (dont il y a aussi une apparition) a déclaré que c’était un film qu’il ne considérait pas comme le sien : il s’est occupé du scénario avec Goffredo Fofi, après le départ du premier scénariste Sergio Donati. L’interprétation de Volonté – il va sans dire – est magistrale.

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