L’amour ouf. La critique du film de Gilles Lellouche

Un bombardement de couleurs, de sons, de mots, d’images, au bord de la dépression nerveuse. Ça crie trop, mais il a la générosité impétueuse d’un cinéma qu’on ne voudrait plus arrêter. CANNES77. Concours.

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INTELLIGENCE ARTIFICIELLE POUR LA POSTPRODUCTION, COURS EN LIGNE À PARTIR DU 17 JUIN

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Dans une boîte à objets se trouve une cassette. Il n’y a que les initiales, J & C. Ce sont Jacke et Clotaire. Il y a déjà une compilation de leur vie là-bas. Toutes les chansons, les souvenirs, l’amour sont restés là. Il a le ton d’un teen movie américain et déraille vers un cinéma policier avec des flammes en fond. Bordel de Martin Scorsese, Il ne recule devant rien Gilles Lellouche, l’acteur français de son quatrième film (mais le deuxième réalisé seul) qui avait positivement surpris avec le précédent 7 hommes trempant. Et, comme dans ce film, aussi dans L’amour ouf il choisit de rester uniquement derrière la caméra car il veut se consacrer corps et âme aux acteurs, ou plutôt jouer avec eux sans jamais être cadré.

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Toute l’histoire peut commencer – ou recommencer – à partir d’un seul objet. Aller et retour. Sans couture. Jackie et Clotaire ont grandi ensemble adolescents dans un petit village de France dans les années 1980. Puis le destin les a divisés. Jackie a une nouvelle vie et semble heureuse. Clotaire vient de sortir de prison. Mais même des années plus tard, ils ne peuvent plus se passer l’un de l’autre. Alors leurs chemins se croisent à nouveau.

L’amour ouf c’est un film au bord de la crise de nerfs, un bombardement de couleurs, de sons, de mots à partir des images de la fumée d’usine en fond, de la grève des dockers contre la privatisation (un Jacques Demy sans musique) et des agissements criminels de une vengeance impitoyable du protagoniste anticipée dans un autre aperçu de Scorsese dans l’église avec Clotaire méprisant le patron joué par Benoît Poelvoorde, si humain dans une caricature comme « la tragédie d’un homme ridicule ».

Lellouche recherche un style toujours inapproprié par rapport à ce qu’il veut montrer. Conscient de cette limite, il la modifie au vol, accélère pour ne pas perdre toute la passion qu’il a mis dans le scénario écrit avec Ahmed Hamidi (avec qui il avait déjà collaboré dans 7 hommes trempant) et Audrey Diwan. Dans sa course folle, il trébuche et se relève et retrouve dans la scène de la rencontre entre Jackie et Jeffrey, joué par Vincent Lacoste, son futur mari, une séquence vertigineuse qui a débuté dans une agence de location de voitures et s’est poursuivie sous la pluie avec lui. l’invitant à monter dans sa voiture après l’avoir renvoyée. Les destins croisés sont aussi lourds, forcés mais authentiques, spontanés, pleins de vie. Adèle Exarchopoulos est bouleversante. Dans chaque plan, devant le miroir, au premier plan pendant que son mari prend une douche, dans une étreinte avec son père incarné par l’excellent Alain Chabat, elle raconte à chaque fois toute sa vie. François Civil, c’est le physique et la colère à l’état pur. Il voudrait tout détruire, inconscient des risques de gâcher le film, dans son allure de justicier mais aussi à la recherche d’un simple et bref moment de réconfort qu’il retrouve chez la mère modeste mais pleine de lumière comme Élodie Bouchez. Le travail sur les comédiens – et avec les comédiens – est impressionnant. Au cours de deux décennies, il existe une continuité absolument crédible dans les corps de Jackie et Clotaire et, à cet égard, la performance convaincante de Mallory Wanecque et Malik Frikah est également frappante. L’amour ouf il brûle tout devant lui, il peut même risquer de se brûler, mais il s’en fiche. Il y a la folie et l’insouciance (le mot « ouf » dans le titre peut aussi être recomposé en « fou ») d’un débutant ou d’un cinéaste qui décide de faire faillite. Des gifles, des coups de poing, des coups de poing au visage mais aussi un pin’s The Cure sur la veste et les tentations d’une comédie musicale avec l’illusion d’une danse collective derrière les deux protagonistes. De plus, les lieux du destin reviennent : une cabine téléphonique où il y a trop de lumière. Si vous enlevez vos lunettes de soleil, vous risquez d’être ébloui comme dans les scènes d’éclipse solaire. Oui, on peut se brûler, mais c’est un film tellement délabré et plein de vie qui séduit, repousse mais ensuite fait retomber amoureux des 166 minutes qui défilent, brûlé aussi par un film qui a une grande envie de raconter, en hurlant même trop, mais il a une telle générosité qu’il ne voudrait plus s’arrêter.

Le classement du film Sentieri Selvaggi

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#SENTIERISELVAGGI21ST N.17 : Couverture Story L’OURS
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