La transition démocratique attendue au Tchad pourrait ne pas avoir lieu

La transition démocratique attendue au Tchad pourrait ne pas avoir lieu
La transition démocratique attendue au Tchad pourrait ne pas avoir lieu

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Aujourd’hui, au Tchad, pays d’Afrique centrale actuellement gouverné par une junte militaire, plus de huit millions de personnes voteront pour élire un nouveau président. Selon les annonces faites par les militaires, les élections étaient censées achever un processus de transition vers un système démocratique, mais il y a de grands doutes quant à ce que ce soit finalement le cas. Avant le vote, les militaires avaient en effet violemment réprimé l’opposition et avaient exclu leurs principaux candidats des listes électorales. Les deux hommes politiques qui se disputeront la présidence sont le général Mahamat Idriss Déby, chef de la junte militaire qui voudrait désormais légitimer le pouvoir acquis de manière anticonstitutionnelle en 2021, et son premier ministre Succès Masra.

Si aucun candidat n’est élu au premier tour dont les résultats seront officiellement annoncés le 21 mai, un second tour aura lieu le 22 juin.

Le général Mahamat Idriss Déby est le fils d’Idriss Déby Itno, l’ancien président du pays tué en avril 2021 dans des circonstances floues au lendemain d’une élection présidentielle qui l’a confirmé une énième fois à la tête du Tchad avec près de 80 % des voix. . Son fils, qui avait pris sa place grâce au soutien de l’armée et ignorant la ligne de succession indiquée par la Constitution tchadienne, avait dissous le Parlement, suspendu la Constitution et promis de diriger un gouvernement de transition pendant 18 mois, jusqu’à de nouvelles élections. Depuis, il a toutefois adopté une série de mesures visant à reporter le vote à 2024, ainsi que certaines mesures lui permettant de se présenter.

Quelques mois après l’investiture de Mahamat Idriss Déby, de vastes manifestations ont eu lieu dans tout le Tchad et entre 73 et 300 manifestants, selon les chiffres communiqués par la junte militaire et certaines organisations non gouvernementales internationales, ont été tués par les forces de sécurité.

Manifestations contre la junte militaire, N’Djamena, Tchad, 20 octobre 2022 (AP Photo)

Au fil du temps, et avec le report des élections, les arrestations, les intimidations et les menaces contre les opposants et les manifestants n’ont pas cessé. Le 28 février 2024, Yaya Dillo, l’un des principaux leaders de l’opposition et cousin de Mahamat Idriss Déby, a été tué avec 12 autres personnes lors d’une attaque de l’armée contre le siège de son parti. Quelques jours plus tard, Mahamat Idriss Déby annonçait sa candidature à l’élection présidentielle.

Durant la campagne électorale, Mahamat Idriss Déby a déclaré à plusieurs reprises qu’il avait sauvé le Tchad du chaos en prenant le pouvoir en 2021 et qu’il avait œuvré au rétablissement de la paix et de la stabilité. Officiellement, il est le candidat d’une coalition de plus de 200 partis, mais c’est une seule force politique qui fixe la ligne à suivre, le Mouvement nationaliste et de droite pour le salut patriotique (MPS), dont il fait partie et qui a été fondé par mon père dans les années 90.

Le principal rival du président de transition est le Premier ministre Succès Masra. Autrefois dans l’opposition et revenu au Tchad le 3 novembre 2023 après un an d’exil, il est nommé le 1er janvier 2024 chef du gouvernement à la suite d’un accord politique conclu avec la junte militaire et très critiqué par ses anciens alliés et partisans.

Deux théories opposées circulent concernant la candidature de Masra : l’opposition et une partie de la société civile le considèrent comme un faux candidat pour donner l’illusion que les élections présidentielles, qui devraient être remportées par Mahamat Idriss Déby, seront plus compétitives, mais surtout démocratiques. . Rakhis Ahmat Saleh, candidat de l’opposition exclu des élections présidentielles par le Conseil constitutionnel tchadien, a déclaré à l’agence de presse française AFP que Masra est un partisan de Mahamat Idriss Déby et qu’il fait monter les enchères “simplement pour assurer sa place après l’élection de Déby”.

Selon d’autres, la fausse présence de Masra s’est plutôt transformée au fil du temps en une véritable candidature : galvanisé par les foules qui se sont rassemblées pour assister à ses meetings électoraux, notamment dans le sud du pays, à un certain moment de la campagne électorale, Masra a en fait pris une beaucoup plus décidé contre Mahamat Idriss Déby, multipliant les attaques et les critiques à son encontre.

Masra a promis à ses partisans une victoire au premier tour, mais les a également invités à surveiller le vote, laissant entendre que des fraudes pourraient survenir lors du dépouillement. A leur tour, et à trois jours du scrutin, certaines associations tchadiennes œuvrant pour la promotion des droits de l’homme se sont déclarées inquiètes d’un scrutin qui ne semble « ni crédible, ni libre, ni démocratique ». L’Agence nationale électorale (Ange) a réagi à ces accusations en publiant de nombreux communiqués de presse et en avertissant ceux qui prendraient des photos des procès-verbaux du scrutin de conserver toute preuve des résultats qu’ils pourraient être sanctionnés.

Parmi les autres candidats, dix au total, il convient de citer l’ancien premier ministre Albert Pahimi Padacké, arrivé deuxième à l’élection présidentielle de 2021 avec plus de 10 % des voix : il pourrait donc être décisif en cas de second tour. .

On ne sait pas exactement ce qui se passera une fois les résultats du premier tour annoncés, mais on craint que de nouvelles manifestations ne commencent et n’entraînent une violente répression. Comme il l’a écrit par exemple Le Monde, on ne sait pas exactement ce que fera Masra si les résultats ne correspondent pas à ses attentes : s’il incitera à de nouvelles violences ou favorisera la paix. Masra s’est dit certain que l’armée, qui depuis l’indépendance du pays n’a jamais hésité à prendre le pouvoir en période d’incertitude politique, “sera du côté du vainqueur”.

Le Tchad est considéré comme un allié de l’Occident, notamment de la France – dont il a obtenu son indépendance en 1960 – et des États-Unis, et a contribué dans de nombreuses circonstances aux actions antiterroristes dans la région du Sahel et au Nigeria contre le groupe islamiste Boko. Haram.

– Lire aussi : Les ambitions déçues de la France en Afrique de l’Ouest

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