L’impasse de Macron, entre Front Républicain et cohabitation avec la droite

L’impasse de Macron, entre Front Républicain et cohabitation avec la droite
L’impasse de Macron, entre Front Républicain et cohabitation avec la droite

Les plus froids ont commencé à sortir leurs calculatrices, les plus émotifs se sont mis à pleurer. La campagne électorale la plus courte et probablement la plus intense et incertaine de l’histoire de la république a commencé en France : trois semaines pour nier, annuler ou confirmer les résultats du vote européen de dimanche qui a porté l’extrême droite à 40 pour cent et ruiné le parti du président Macron. écrasé à 14,6 pour cent. Hier, alors qu’il tentait d’analyser devant les journalistes la décision choc de Macron de dissoudre l’Assemblée, un député du parti gouvernemental a fondu en larmes. Sans préciser pourquoi : que ce soit en raison du désarroi d’une extrême droite aux portes du gouvernement, ou en raison de l’imprudence de la décision du président de se rendre à des élections anticipées. Pris entre le roc d’un Rassemblement National visant une « plateforme » de droite pour conquérir l’Assemblée Nationale et accéder au pouvoir, et le marteau d’une gauche en quête d’un Front Populaire uni, Macron ne veut pas croire qu’il en a fini avec une impasse. C’est plutôt un bras de fer qu’il recherche : aujourd’hui au Parlement il ne peut compter que sur une majorité relative de 239 députés, l’objectif est de les confirmer (une mission qui n’est déjà pas évidente) et d’en chercher d’autres, dans la zone modérée de ​l’opposition de droite et de gauche est prête à le rejoindre pour barrer la route à la droite radicale unie. Mais les deux blocs antagonistes qui écrasent les macronistes du centre ont immédiatement entamé de grandes manœuvres pour se présenter unis dans l’épreuve. Il reste du temps jusqu’à vendredi, date à laquelle les listes doivent être présentées, pour signer des pactes et des alliances. Le Rassemblement National (qui compte actuellement 81 députés au Parlement) a mis sur la table son « plan Matignon », du nom du siège du gouvernement français. Le vice-président du parti a fait savoir qu’il ne ferait pas d'”alliances” avec d’autres partis mais qu’il proposerait une “plateforme électorale” qui “s’adresse à tous”. Le candidat au poste de Premier ministre Jordan Bardella a même lancé un appel “à l’unité nationale contre Emmanuel Macron avec l’ambition de conquérir le pouvoir”.

“C’est difficile de gagner seul – a déclaré Bardella – nous devons nous unir”. Parmi les premiers à se présenter au siège du parti pour « tendre la main » : Marion Maréchal Le Pen, neveu sécessionniste de Marine Le Pen, passé des frères rivaux souverainistes de la Reconquête de Zemmour, qui a recueilli dimanche un avis décevant mais désormais utile , cinq pour cent des voix. Pour gagner, Bardella devra dépasser ses voisins traditionnels identitaires, patriotiques ou eurosceptiques, en essayant de séduire notamment dans les rangs de la droite néo-gaulliste des Républicains. Hier soir, en direct à la télévision, c’était au tour de Marine Le Pen de lancer l’opération du front anti-Macron en invitant tous ceux qui en ont assez du président à les rejoindre : « Forger un syndicat, c’est avoir une “charte” avec une série de des points politiques sur lesquels tout le monde peut s’entendre. Nous travaillons là-dessus.” Bardella a confirmé dans la soirée la ligne de main tendue aux Républicains : «Il y a eu des discussions avec certains dirigeants des Républicains à qui je veux tendre la main». Si Bardella est la candidate officielle au poste de Premier ministre du RN, Le Pen en a déjà profité pour se dire prête à se lancer (ce serait la quatrième fois) dans la course à l’Elysée en 2027.

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COMPRÉHENSIONS À GAUCHE

Essais généraux d’alliance également à gauche, où l’on cherche un accord pour un grand Front populaire entre les radicaux de la France Insoumise, les sociaux-démocrates désormais dirigés par Raphaël Glucksmann (fraîchement sorti d’une excellente troisième place dimanche), les écologistes et les communistes. Si les radicaux de la France Insoumise pouvaient mettre de côté un Mélenchon trop divisé au profit de François Rufin, Glucksmann a précisé les conditions d’un pacte : « soutien total à la construction européenne, soutien total à la résistance ukrainienne, rejet ou abrogation de la réforme des retraites et du loi sur l’immigration, accélération de la transition écologique, refus de l’abrutissement de la vie politique.” Glucksmann a également évoqué le nom d’un éventuel candidat au poste de Premier ministre de la Gauche Unitaire : « Je pense à Laurent Berger (ancien secrétaire du syndicat modéré CFDT, ndlr) qui incarnait la bataille contre la réforme des retraites, un homme de responsabilité comme aussi grande que l’irresponsabilité de notre président actuel.” Pour commencer, la gauche a annoncé la constitution de candidats communs au premier tour des élections législatives.
Pendant ce temps, le compte à rebours pour les Jeux olympiques continue, avec la cérémonie d’ouverture deux semaines après le deuxième tour. La maire de Paris Anne Hidalgo a prévenu : “Le timing est décidément inquiétant”.

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