La fête du sacrifice qui se répète à La Mecque

Les plus d’un millier de pèlerins morts à La Mecque sont dus à trois facteurs : le climat particulièrement torride, qui atteint 51,8 degrés, mais qui existait en réalité aussi dans le passé ; la désorganisation chronique des autorités saoudiennes, incapables de gérer environ deux millions de pèlerins « réguliers », auxquels s’ajoutent des dizaines, voire des centaines de milliers de pèlerins « clandestins » ; le fanatisme religieux inhérent au rituel du pèlerinage au principal sanctuaire de l’Islam, que tout musulman valide est tenu d’entreprendre au moins une fois dans sa vie.

La présence d’« immigrés illégaux » a un poids non négligeable dans cette dernière tragédie. Il suffit de rappeler que, selon l’AFP, sur plus d’un millier de morts, 658 sont des Egyptiens et parmi eux, 630, soit près de 96%, sont des immigrés illégaux. Pour participer au pèlerinage en tant que personne ordinaire, il est nécessaire d’acquérir un permis officiel très coûteux. Et c’est ainsi que des immigrés illégaux, n’en ayant pas les moyens, se faufilent et se cachent dans la marée humaine des habitués. Malheureusement, les immigrants illégaux sont plus susceptibles de subir les conséquences de la chaleur torride, à la fois parce qu’ils doivent fuir chaque fois qu’ils aperçoivent la police saoudienne pour ne pas être arrêtés ; et parce qu’ils ne peuvent pas accéder aux espaces climatisés.

La Mecque est située dans la vallée la plus basse, la plus suffocante de la terre, il n’y a pas d’arbres mais seulement des pierres sèches, les montagnes rocheuses entourent la ville la privant d’air, il n’y a pas de cours d’eau, le soleil brûle la peau du pèlerin comme le feu de l’enfer. Même avant Mahomet (570 632), les tribus arabes avaient l’habitude de faire le pèlerinage à La Mecque, où se trouvait le plus important sanctuaire païen où étaient vénérées 360 idoles dont Allah, afin de démontrer leur foi par la souffrance. Ce n’est qu’en souffrant des conditions climatiques difficiles qu’ils ont acquis les mérites de leurs dieux. Le pèlerinage à La Mecque est un rite païen hérité de l’Islam. Selon le Coran, Sarah, la femme d’Abraham, était jalouse de son esclave Agar. Puis Abraham emmena Agar et leur fils Ismaël à La Mecque où il les abandonna. Ismaël avait soif et Agar gravit la colline de Safa en priant Allah de l’aider. Elle a couru vers Marwa Hill, priant à nouveau Allah de l’aider. Après avoir parcouru sept fois le trajet entre Safa et Marwa, distants d’environ 400 mètres, Allah envoya l’Archange Gabriel qui tapa du pied sur le sol et fit couler l’eau de la source de Zamzam.

Quand Ismaël grandit, Allah apparut à Abraham dans un rêve lui disant qu’il devait donner son fils en sacrifice. Abraham prit Ismaël pour l’égorger et l’offrir à Allah. Satan lui apparut à la « jamra », une stèle ou colonne de pierre, à al-Aqaba, une ville proche de Mina en direction de La Mecque. Il courut après lui mais Abraham courut plus vite. L’archange Gabriel conduisit Abraham vers deux autres tiges et Satan lui apparut. Sur chaque stèle, Abraham jeta sept pierres et s’en alla. Depuis lors, les pèlerins accomplissent le rituel de lapidation de Satan en jetant sept pierres contre trois murs séparés pour commémorer la triple victoire d’Abraham sur Satan. L’ardeur avec laquelle les pèlerins se précipitent pour lapider les trois stèles de Satan est si incontrôlable qu’en raison de la surpopulation, des milliers de pèlerins ont été massacrés à plusieurs reprises et ont été piétinés. Alors qu’Abraham s’apprêtait à trancher la gorge d’Ismaël, la lame glissa sur son cou sans le blesser. Allah lui envoya à sa place un bélier de 40 ans qu’Abraham égorgea à Mina. Et c’est ainsi que la « Fête du Sacrifice » ou « Fête de l’Abattage » conclut le rite du pèlerinage.

Et c’est dans ça

contexte, que les musulmans, même s’ils pleurent les morts du pèlerinage à la Mecque, se consolent avec la certitude qu’être morts et enterrés dans la plus sainte des terres de l’Islam les élèvera directement au Paradis d’Allah.

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