Mères et épouses de prisonniers ukrainiens du Pape « Qu’ils nous reviennent de Russie »

Mères et épouses de prisonniers ukrainiens du Pape « Qu’ils nous reviennent de Russie »
Mères et épouses de prisonniers ukrainiens du Pape « Qu’ils nous reviennent de Russie »

Le pape François rencontre quatre mères, épouses et amies de prisonniers de guerre ukrainiens détenus par les Russes – Vatican Media

«Le Pape est notre dernière chance». Tetyana Vyshniak, une mère ukrainienne énergique, sait qu’elle risque de ne plus jamais revoir son fils Artem. Vingt-trois ans, major du bataillon Azov qui s’était sacrifié à Marioupol pour stopper l’avancée de Moscou au début de l’invasion, est “prisonnier de guerre en Russie depuis trois ans”, explique-t-il. Et depuis mars dernier, une peine de 22 ans de prison rédigée par des magistrats « ennemis » pèse sur lui. “Un verdict illégal et contraire à la Convention de Genève”, clame la femme.

Même sort pour Le sergent Oleksiy, capturé en mai 2022 lorsque Marioupol, ville martyre d’Ukraine, tombait aux mains du Kremlin. «L’automne dernier, les juges russes lui ont infligé 24 ans de prison ; et le 12 avril, le décompte est passé à 28 ans”, dit-il Alla Didenko, petite amie de 29 ans. ««La prison à vie», c’est ce qu’un tribunal de la République séparatiste autoproclamée de Donetsk a prononcé contre mon mari», dit-elle. Vialietta Shovkova, épouse du sergent Oleksiy Bura-Shovkovy, faisait également partie du bataillon Azov au moment de son enlèvement. Et il a également été condamné à la réclusion à perpétuité Le partenaire de Tamara Koryagina, le soldat expérimenté Serhiy Mykhaylenko, qui «selon les dernières informations se trouve en Sibérie, dans la colonie pénitentiaire «Severnyj Volk», l’une des plus dures, où Alexeï Navalny a également été détenu».

Tetyana Vyshniak avec son fils Artem, le jeune soldat qui est aux mains des Russes depuis trois ans – Association des défenseurs d’Azovstal

Ces condamnations excluent leurs noms des listes d’échange de prisonniers qui ont permis à l’Ukraine et à la Russie de rapatrier des milliers d’hommes (et de femmes) capturés par les deux armées. «Il y a 101 soldats d’Azov déclarés coupables de manière arbitraire par les tribunaux de Poutine. C’est pourquoi nous nous sommes tournés vers le Pape. Nous aimerions qu’il demande au président russe de libérer nos proches, même s’il faudra d’abord leur accorder une amnistie ou une grâce”, confie la mère d’Artem.

Depuis trois ans, Tetyana se bat pour libérer son petit ami. Et hier, il a rencontré Francis à la fin de l’audience générale avec Vialietta, Tamara et Alla. Des mères, des épouses et des amies qui, depuis l’Ukraine, ont introduit le drame dans le drame de leurs proches devant le Pape : prisonniers de guerre et condamnés, donc sans possibilité de rapatriement. «C’est du moins ce que la Russie a établi. Il est donc nécessaire d’intervenir auprès des autorités du Kremlin. Et Francesco peut le faire”, affirme Vialietta. Avec le Pape, les femmes pleuraient. Et ils lui ont donné un dessin sur les conditions des prisonniers ukrainiens et une statuette avec les deux mains liées par une corde que François tenait dans ses mains.

Tamara Koryagina avec son partenaire Serhiy, détenues en Russie dans le camp de prisonniers où Navalny était également emprisonné – Association des défenseurs d’Azovstal

Celle des prisonniers de guerre est actuellement la seule voie de « négociation » ouverte entre Kiev et Moscou. Malgré les hauts et les bas, malgré les accusations mutuelles d’obstructionnisme, ils ont été 53 échanges en deux ans de conflit. La dernière en date mardi dernier : 90 compatriotes sont rentrés en Ukraine en plus des 3 210 libérés précédemment. Squelettique, malade, torturé, prévient Kiev. Un canal de négociations également alimenté par le Saint-Siège. Commençant par appels continus du Pape. Comme celui de Pâques que François avait espéré «un échange général de tous les prisonniers : tous pour tous». Proposition acceptée et relancée par le président Zelensky qui a inscrit la nécessité de “libérer tous les prisonniers par l’échange” dans la “Formule de paix” issue du sommet en Suisse.

Alla Didenko avec son petit ami Oleksiy, un soldat capturé il y a deux ans après la chute de Marioupol aux mains des Russes – Association des défenseurs d’Azovstal

Une question qui gagne également du terrain en Russie, notamment auprès des mères de soldats envoyés au combat. Et le Pape a voulu que ce thème soit l’un des points centraux du mission de paix du cardinal Matteo Zuppi. Convaincu que la « médiation humanitaire » peut jeter les bases d’un dialogue plus large. Selon le gouvernement de Kiev, 3 741 soldats ukrainiens sont retenus en otages par le Kremlin et 763 civils. Mais début juin, Poutine a avancé d’autres chiffres : «6.465 soldats ukrainiens sont détenus et 1.348 sont des soldats russes du côté ukrainien».

Vialietta Shovkova, 23 ans, avec son mari Oleksiy, capturé par les Russes et atteint d’un cancer – Association des défenseurs d’Azovstal

«Mon Oleksiy a une tumeur à la tête, bien qu’elle soit bénigne», explique Vialietta. A 23 ans, elle n’a plus rien : ni la maison occupée à Marioupol, ni son mari. Elle s’est mariée en ligne alors qu’il se trouvait déjà dans l’aciérie barricadée de la ville. “Nous n’avons jamais eu une vie normale.” Après sa capture, il l’a revu sur les chaînes russes Telegram. « Son apparence était terrible : il avait perdu au moins quinze kilos. Il ne bénéficie d’aucun soin médical. Personne ne peut tester le stade de la tumeur. Même la Croix-Rouge internationale ne fait rien. » Tamara ajoute : « Quand j’ai appris la condamnation de mon mari, j’ai pleuré pendant trois jours. J’espérais un échange…”. Une pause. «Cependant, je sais que ma douleur est aussi celle de beaucoup, trop de femmes. Nous devons nous soutenir les uns les autres. Et nous avons besoin que le monde nous aide. »

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