Dmytro, un photographe de 31 ans originaire de Kharkiv, la deuxième ville d’Ukraine, s’est terré dans son appartement et ne sort que rarement pour éviter d’être enrôlé dans l’armée. «Je veux quitter le pays. Mon esprit ne peut plus supporter d’être piégé ici », a-t-il déclaré au Guardian.
Depuis le début de la guerre, des milliers d’Ukrainiens ont traversé illégalement la frontière pour éviter le service militaire.malgré l’interdiction nationale faite aux hommes âgés de 18 à 60 ans de quitter le pays. Les tentatives de fuite du pays devraient se multiplier après que l’Ukraine a récemment adopté de nouvelles mesures de mobilisation de grande envergure.qui permettent à l’armée d’appeler davantage de soldats et d’imposer des sanctions plus sévères en cas de refus d’enrôlement.
«Je n’avais jamais pensé à partir avant l’introduction des lois de mobilisation. Mais je ne peux pas rester éternellement dans mon appartement”, explique Dmytro au journaliste du Guardian, Pjotr Sauer. Grâce à des amis déjà en fuite, l’homme de 31 ans a obtenu des contacts et s’est tourné vers des internautes qui lui ont promis de faciliter son évasion en échange d’au moins 8 000 euros.. «Je ne suis pas fait pour la guerre. Je ne peux pas tuer des gens, même s’ils sont russes. Je ne tiendrai pas longtemps sur le front… Je veux fonder une famille et voir le monde. Je ne suis pas prêt de mourir”, dit le photographe qui se retrouve désormais sans espoir et sans autre issue que de compter sur ceux qui lui ont promis la liberté au prix fort.
Les forces armées ukrainiennes manquent cruellement de soldats. Depuis le début de la guerre, des centaines de milliers d’Ukrainiens ordinaires se sont portés volontaires pour servir au front, contribuant ainsi à maintenir l’indépendance du pays et à repousser l’attaque initiale. Beaucoup de ces soldats sont morts, blessés ou simplement épuisés, laissant à l’armée le soin de recruter les plus réticents. En avril, Zelensky a signé une loi abaissant l’âge de mobilisation de 27 à 25 ans et imposant des sanctions plus sévères à ceux qui évitent la conscription.: de la perte de votre permis de conduire au gel de vos comptes bancaires et à la saisie de vos biens.
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Plus de deux ans après le début de la guerre déclenchée par Poutine, on estime que plus de 20 000 hommes ont fui l’Ukraine pour éviter de se retrouver au front.. Certains, tentant de traverser la frontière ukrainienne vers la Roumanie, ont nagé dans la Tisza et se sont noyés. D’autres sont morts de froid dans la zone montagneuse qui sépare les deux pays. Ce sont des chiffres à la baisse. En avril, Andriy Demchenko, chef du service ukrainien des gardes-frontières, a documenté la mort d’au moins 30 hommes lors de la tentative d’évasion. au-delà de la frontière. Le chiffre réel est probablement beaucoup plus élevé. De nombreux corps ne seront jamais retrouvés.
L’Ukraine a intensifié ses efforts pour empêcher les gens de fuir les frontières et d’échapper à la conscription. Zelensky a licencié tous les chefs régionaux du recrutement militaire en avril suite à des informations faisant état de pots-de-vin versés par ceux qui ne voulaient pas porter l’uniforme. Malgré la volonté du président ukrainien d’éradiquer la corruption, il semble difficile d’avancer.
Andréï, un informaticien de 23 ans d’Odessa a partagé avec le Guardian un message qu’il a reçu fin mai d’un officier de conscription contenant des informations sur la façon de quitter le pays. Les instructions détaillées présentaient à Andrei deux choix : traverser la frontière moldave avec un faux passeport ou être enregistré comme artiste, une catégorie qui peut occasionnellement quitter le pays. Mais les deux solutions avaient un coût : environ 8 000 euros à verser dans la poche du policier.
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L’été dernier, le jeune homme de 23 ans avait déjà tenté de passer la frontière moldave en utilisant un faux certificat médical certifiant son incapacité de service.. La tentative a échoué lorsque la police des frontières a mis en doute l’authenticité du certificat. Conduit dans un bureau de conscription, il a été libéré après avoir payé un pot-de-vin. « Les déplacements deviennent de plus en plus difficiles et les agents frontaliers sont moins disposés à se laisser corrompre. Je ne pense pas que j’aurai autant de chance une deuxième fois si les choses tournent mal”, a-t-il déclaré.
Andrei a déclaré qu’il était encore en train d’évaluer l’offre du chef du bureau de recrutement, expliquant qu’il annulerait ainsi les sacrifices et les économies de sa vie: «Pour l’instant, je suis assigné à résidence. Je ne sors jamais de mon appartement.” Certains de ses amis ont déjà été enrôlés et tués. Des événements qui ont causé des dommages à sa santé mentale.
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À ce jour, il n’existe pas de données précises sur le nombre d’hommes qui se cachent ou envisagent de partir, mais des chaînes Telegram comptant des milliers de membres ont vu le jour dans les grandes villes, où les utilisateurs rapportent avoir aperçu des agents pour aider les autres à les éviter..
Beaucoup ont exprimé leur crainte de mourir dans une bataille marquée par d’horribles combats de tranchées et un taux de mortalité brutal. D’autres ont parlé de leur résistance à la conscription en raison de ce qu’ils percevaient comme une formation inadéquate avant d’être envoyés au front. Certains ont choisi d’éviter la mobilisation pour des raisons familiales complexes.
Bien que le soutien général aux troupes ukrainiennes reste élevé et que les sondages montrent qu’un nombre considérable d’hommes sont encore prêts à être mobilisés, la campagne de conscription risque de diviser la société dans ce pays déjà las de la guerre. De nombreux soldats ukrainiens au front, ou ceux qui sont revenus après avoir été blessés, critiquent ceux qui ont fui la conscription, arguant que cela affaiblit l’effort de guerre alors que les forces russes avancent sur plusieurs fronts.
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