La grande fortune d’Olivia Manning : la critique du livre

La grande fortune d’Olivia Manning : la critique du livre
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Entre eux, avant tout. Une union immature, grattable, non fortifiée par les années. Un couple qui, au lieu de s’exciter, s’énerve face au comportement inattendu de l’autre, prenant la surprise pour une trahison.
Tout peut arriver même en Roumanie où, même si l’avancée de l’occupation nazie est devenue de plus en plus concrèteil y a encore un air de flou trompeur.
Olivia Manning qui, comme Harriet, accompagna son mari à Bucarest en 1939 pour une série de conférences, il ne décrit pas la guerre en détail. Cela nous épargne des bombes, du sang et des soldats.
Ce qu’il fait, c’est nous suggérer le sien présence inquiétante. Comme un tapis musical à volume minimum mais constant.
Ni l’un ni l’autre Le domaine d’intérêt De Jonathan Glazerparmi les films ayant remporté les derniers Oscars, on suit les événements familiaux de Rudolf Höß, commandant du camp de concentration d’Auschwitz. Le génie singulier du film est de ne jamais voir les horreurs du camp de concentrationqui devient le co-protagoniste, affirmant sa présence seulement grâce au montage sonore accompagnant, presque pour créer une entité surnaturelle qui vit dans le film.

Olivia Manning en adopte une similaire dans ce roman stratagème. La scénographie principale est intégrée salons de Bucarest, entre caviar, partis lascifs et slogans communistes jetés au vent. UN mondanité vivante ce qui est bien adapté pour repousser les menaces de guerre au placard.
Au centre de la scène on retrouve Guy et Harriet. Leurs tentatives prudentes pour apprendre à se connaître et l’énergie tangible avec laquelle ils se rapportent à de nouvelles connaissances. UN danse de cour qui voit Guy au premier rang, confiant grâce à sa créativité et à l’éloquence polyvalente avec laquelle il jongle entre les discours politiques et littéraires. Harriet, de son côté, doit faire face au spectre du partage. Surtout quand son mari apparaît revigoré dans l’échange continu avec ses collègues anglais et la noblesse roumaine, contrairement à lui, récalcitrante à la popularité.

La guerre est dans l’avant-scène, pas au centre de la scène, mais pour faire saillie vers la pièce. En contact plus étroit avec le public. En fait, ce qui apparaît évident, c’est la position avantageuse du lecteur, déjà préparé aux coups de la suite.

En parlant de théâtre, Guy décide à un moment donné d’improviser un atelier de théâtre, en mettant en place Troïlus et Cressida par Shakespeare. Un choix apparemment non aléatoire. Le drame fait partie de ceux qui se définissent jeux à problèmes, un croisement entre le comique et le tragique; une serre de personnages qui semblent représenter métonymiquement la partie de quelque chose de plus grand. Une attitude sociale. Ici non Bonne chanceidentifiable comme snobisme. Une assurance qui rend la réalité perçue comme sourde, presque risible. Une série de personnages hauts en couleur, menés par le prince Yakimov, contribuent à ce portrait. Noble pourri, le parasite typique cher à la tradition de la comédie classique. Yaki, comme il se fait appeler, passe ses journées à se voir proposer de délicieux repas et à se faufiler dans des soirées exclusives. Que la guerre et la luxure les dévorent tous ! Pour citer Shakespeare.

Manning démontre l’une des hypothèses les plus incontestables. Plus la menace est grande et clairement définie, moins elle est perçue.

«Une grande peur peut vaincre l’amour.» » s’exclame un ami conseiller de Guy, dans l’un de leurs interminables colloques. Et ici, l’auteur se contredit délibérément. En fait, ce qui semble finalement survivre, c’est le mariage entre Harriet et Guy. Ils apprennent continuellement à se connaître et à se remodeler, créant le portrait d’un amour reconnaissable précisément parce qu’il est réel.

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