Un livre précieux dans lequel se manifeste une sagesse ouverte, claire et sereine, orientée sur une réalité historique ou sur des temps encore proches de notre présent, comme sur des figures pertinentes de la littérature ou sur la langue changeante. Paolo Di Stefano (qui est également responsable de la postface) a eu le mérite de rassembler une série d’articles de Cesare Segre (1928-2014) publiés entre 1988 et 2013 dans un livre, au juste titre de Journal civil. Un livre qui donc. dépasse le domaine de la critique littéraire pour lequel l’importance de Segre est à juste titre connue. Nous voici donc aux références historiques, aux affrontements entre l’Islam et le monde chrétien, à l’époque de la chute de Mussolini vécue par le jeune auteur, à la rencontre entre le pape Wojtyla et le rabbin Toaff, à la Shoah, en référence à l’histoire personnelle histoire de l’auteur lui-même, comme dans le dernier et splendide chapitre.
Sur un autre plan, nous voici confrontés à la modification et même à la dégradation de notre langue, à l’attention portée aux dialectes même dans la poésie, à la présence de plus en plus massive de l’anglais américain en italien. Et puis le discours de Segre sur l’éducation scolaire et la baisse de préparation des jeunes est toujours d’actualité. Il est important de comprendre l’acuité critique du regard et l’intelligence toujours active et réactive qu’un grand intellectuel comme lui a su offrir même dans d’autres domaines que ceux de son
nature et de son activité spécifique de philologue, critique et théoricien de la littérature qui nous manque tant.
Maurizio Cucchi
