Lire rend libre – la République

Ces derniers jours, comme chaque année, je suis allé à la Foire du livre de Turin et j’ai encore une fois remarqué le nombre énorme de grandes et petites maisons d’édition, réelles et spécieuses. Ayant assisté pendant des années à la Foire du livre de Paris et à celle de Francfort, où le nombre de maisons d’édition est beaucoup plus restreint, je me demande pourquoi le nombre de lecteurs en Italie est si faible par rapport à celui des citoyens du reste de l’Europe occidentale. Beaucoup de maisons d’édition, peu de lecteurs, tel est le paradoxe. Pouquoi? La réponse est simple : en Italie, l’éducation à la lecture ne se pratique ni en famille ni à l’école et si cette initiation fait défaut dès l’enfance, il sera difficile d’insérer un temps de lecture dans le rythme de la journée. Mais la qualité de vie et la coexistence des gens dépendent de la lecture de livres car le livre est l’allié de la liberté, la lecture est un acte de connaissance de soi et du monde. Les personnes qui ne savent pas ou ne savent pas lire ne savent même pas s’exprimer, non seulement elles sont incapables de construire leur liberté intérieure mais elles ne sont même pas capables de s’exprimer publiquement et de manière critique. C’est précisément pour cette raison que les régimes antilibéraux, qui n’aiment pas le développement de la démocratie dans la société, se méfient des livres et donc des écrivains. La leçon d’Ovide, exilé par l’empereur Auguste à Tomi, l’actuelle Constance, reste toujours valable : l’expulsion non seulement de sa personne mais aussi de ses livres des bibliothèques publiques de Rome lui permettra d’affirmer une relation vitale entre le livre et – liber et liber-free, liberté ! Le livre est signe et porteur de liberté ! Lorsque la démocratie s’affaiblit et que le pouvoir politique devient antilibéral, naît alors l’hostilité envers le livre, qui est la peur du pluralisme, de la diversité des interprétations, de la manifestation de critiques. C’est pourquoi ceux qui lisent affirment leur liberté et la signalent à ceux qui ne lisent pas. Pour ces raisons, la lecture de livres doit être certifiée et reconnue et un effort concret est nécessaire pour éduquer à la lecture dès l’enfance : inculquer le goût de la lecture, encourager des intérêts différents, aider les enfants à trouver du temps dans leur journée pour être avec eux-mêmes et lire. À l’heure de la surestimation des informations « lues sur les réseaux sociaux », informations réduites à une simple accumulation quantitative de données dont on reste prisonnier, seule la lecture de textes riches de la sagesse humaine permet de donner du sens, d’ordonner l’information, de la discipliner. à l’heure. Lire un livre – et il existe des livres pour tous les âges – est le meilleur antidote contre l’idolâtrie de l’information. Le livre, si nous savons le choisir et le lire, nous apporte le bonheur, un bonheur plus profond, comme le disait Jorge Luis Borges. Parce que la lecture nous aide à vivre, elle nous révèle la vie authentique, cette vie que nous n’avons pas et que nous ne pourrions pas connaître par nous-mêmes. Il faut certainement se demander : « Qu’est-ce que je lis ? Comment puis-je lire ? voir à quel point la lecture nous humanise, mais surtout avoir le courage de s’adonner à la lecture avec persévérance. Dans la sage tradition monastique, qui remonte aux premiers siècles après Jésus-Christ, le commandement formulé comme primordial était : Ora, lege et labora, « priez, lisez et travaillez » ! Lire une heure par jour faisait partie de la journée car il ne suffit pas de prier ou de travailler, mais il faut enflammer les sens avec la lecture. En fait, la lecture est comme la multiplication des pains, comme le disait Grégoire le Grand au VIe siècle : « Ce qui est écrit grandit avec celui qui le lit ! », et dans cet élargissement le lecteur voit plus loin parce que son horizon s’élargit et voit ce que il auparavant, cela lui était invisible. Le lecteur devient lecteur de lui-même et le livre prétexte à une lecture infinie.

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