Le conseil d’administration de la Rai, le manuel Cencelli et la Florence de Dante

Le conseil d’administration de la Rai, le manuel Cencelli et la Florence de Dante
Le conseil d’administration de la Rai, le manuel Cencelli et la Florence de Dante

Combien de places chez Meloni et combien chez PD ? Nous sommes en plein renouvellement du Conseil d’administration de la RAI, selon la procédure légale (art. 63, alinéa 16, du décret législatif du 8 novembre 2021, n. 208, pour les amateurs de précision). Comme on le sait, le Conseil d’administration est composé de sept membres : deux sont élus par la Chambre et deux par le Sénat ; deux autres sont désignés par le ministère de l’Économie et nommés par le Conseil des ministres (qui seront alors directeur général et président, après avoir obtenu l’approbation des deux tiers de la Commission parlementaire de contrôle) ; le septième est élu par les salariés.

Comme toujours, les controverses et les appels font déjà rage, cachant l’éternel problème habituel : comment « distribuer » les sièges en fonction de l’approbation politique ? Combien dans la majorité et combien dans l’opposition ? 5 et 2 ? 4 et 3 ? 6 et 1 ? Et comment répartir les postes entre les forces gouvernementales majoritaires ?

Eternelle question, que l’on se pose dans tous les cas de nominations, du CSM à la Cour constitutionnelle, des postes de ministre à ceux d’un conseil régional. Et chaque fois que nous invoquons le Manuel Cencelli.

Manuel qui n’a jamais été écrit, bien qu’il ait une base scientifique. Massimiliano Cencelli, un jeune responsable de DC qui a travaillé avec le ministre Sarti, l’a bien expliqué dans une interview d’il y a quelques années : « En 1967, Sarti, avec Cossiga et Taviani, fonda au congrès de Milan le courant des ‘ouvriers des ponts’, appelé car il devait servir de pont entre la majorité et la gauche. Nous avons obtenu 12% et il a fallu décider des postes de direction. J’ai donc proposé : si nous avons 12%, tout comme dans le conseil d’administration d’une entreprise les postes sont répartis en fonction des actions détenues, il faut qu’il en soit de même pour les postes au sein des partis et du gouvernement sur la base des cartes de membre. Sarti m’a dit d’y travailler. De cette manière, Taviani s’occupait de l’Intérieur, Gaspari était sous-secrétaire aux Postes, Cossiga de la Défense, Sarti du Tourisme et du divertissement. L’affaire est devenue publique parce que lors des crises gouvernementales, Sarti, qui aimait plaisanter, répondait toujours aux journalistes qui voulaient des avant-premières : demandez à Cencelli.

Ici, le Manuel est le critère pour comprendre comment transformer les votes en positions dans l’appareil de pouvoir. Un critère certainement ingénieux pour respecter le pluralisme dans une démocratie parlementaire, qui est appliqué depuis des années dans des gouvernements de toutes couleurs et de toutes compositions. Mais est-ce une invention de Cencelli ? En vérité non, car le Manuel Cencelli existe depuis des siècles, à tel point qu’on en retrouve des traces précises dans la Florence de Dante.

Dino Compagni est ce marchand florentin de la fin du XIIIe siècle qui est encore connu aujourd’hui pour nous avoir laissé la « Chronique des choses qui se sont produites à son époque », avec laquelle il raconte son expérience de gouvernement de la ville. Ce furent les années de grands conflits entre les Guelfes Blancs et les Guelfes Noirs, entre les familles Cerchi et Donati et il n’était pas possible de gouverner la ville. Après diverses vicissitudes au début de décembre 1301, c’est-à-dire dans les mois de l’exil de Dante, un accord fut trouvé pour une « seigneurie mixte », c’est-à-dire divisée entre les Blancs et les Noirs. Le problème était que le gouvernement de la ville était composé de 7 personnes, dont 6 prieurs plus le Gonfalonier de Justice. Comment répartir sept sièges entre deux camps ? Voici la réponse de Dino : « Nous avons accepté et nous avons élu six citoyens ordinaires, trois Noirs et trois Blancs. Le septième, qui ne pouvait être divisé, nous l’avons choisi de si peu de valeur que personne n’en a douté » (deuxième livre, 12).

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