Terraferma», d’Alliegro, une autre Basilicate de connaissance et de rédemption

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Les pages du professeur Enzo Vinicio Alliegro, « Terraferma » publiées par Rubbettino, racontent une autre Basilicate, peu racontée, peut-être peu mémorisée. En plus de deux cents pages, on trouve une description précise et minutieuse d’une Lucanie qui a toujours été décrite comme immobile, une Terraferma, dépourvue de ce changement nécessaire, composée d’hommes fatalistes et parfois, souvent, familistes. Un livre qui apparaît comme l’occasion de voir de près un continent plein de ténacité d’être là qui permet de saisir mieux qu’ailleurs ces dispositifs culturels avec lesquels les hommes construisent des relations empathiques et intimes avec les lieux. Neuf chapitres dans lesquels on comprend très bien que Terraferma ne signifie pas l’inertie, mais la stabilité, pas l’impasse mais le but, pas l’inactivité et l’indolence, mais comme le précise l’auteur dans la préface, l’atterrissage. Précisément la deuxième partie « Musiciens, migrants, pèlerins. La « Basilicate en mouvement » signifie que se déplacer dans l’espace n’est pas un abandon et ne coïncide pas avec le fait de tourner le dos à son lieu d’origine, mais plutôt le départ qui renforce les liens avec sa ville natale. Ce que tous les Lucaniens portent dans leur âme s’appelle la nostalgie du retour : nous partons et puis revenons. L’abandon n’est que pour l’apparence ou si nous le voulons par nécessité vitale. Bref, dans toutes les pages de cette histoire intéressante, la Lucanie apparaît comme une terre avec un taux d’investissement identitaire et émotionnel très élevé dans laquelle la population défend sa communauté. Il y a l’histoire précisément décrite de la taxe de fabrique du 7 juillet 1868 et des premières émeutes qui commencèrent à Armento le matin du 6 janvier 1869, alors que la loi n’était en vigueur que depuis quelques années. Les événements de Corleto Perticara en 1920, mieux dit l’émeute et le massacre que peu de gens connaissent, beaucoup restent silencieux, pour beaucoup d’autres laissés dans le trou noir de la mémoire. La sentence du Tribunal ordinaire de Potenza du 14 août 1921 avec un procès impliquant plus de 17 avocats du forum lucanien tel que documenté par l’auteur. Grève sur la Piazza Prefettura à Potenza le 29 avril 1947 : la police tire, laissant quatorze manifestants au sol. Il y a aussi des histoires liées à l’ascension au Mont Sacré de Viggiano et à la dernière de la renaissance : la construction du grand aqueduc Agri. Les travaux débutèrent le 31 juillet 1928. Un aqueduc qui devait initialement desservir douze communes devint vingt-neuf. Une œuvre initialement peu comprise de la population, avec de nombreux mécontentements, qui devint plus tard la grandeur de la Lucanie. Tout à la fois pour dire : Capturer et conserver, canaliser et distribuer dans tous ces pays. Après « Le totem noir. Pétrole, développement et conflits en Basilicate», de 2012, ce énième voyage entre la terre et le peuple de Lucanie du professeur Alliegro nous permet, avides de notre identité lucanienne, de mieux éduquer notre mémoire et notre pensée pour continuer à être des hommes et des femmes au caractère indomptable, non complaisants, avec un tempérament combatif et non soumis. Fiers d’être lucaniens car nous connaissons bien le temps passé, vécu est celui d’une aube nouvelle. Il y a un bon message dans ces pages que le professeur Alliegro laisse au lecteur, bien meilleur au lucanien qui veut continuer à l’être et à se sentir tel. C’est de l’argent bien dépensé.

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