Un jour de victoire toujours sans Occidentaux

Les célébrations du 9 mai, anniversaire de la victoire dans ce qu’on appelle en Russie la Grande Guerre patriotique, se déroulent à Moscou depuis dix ans maintenant sans la participation occidentale. Depuis le changement de régime à Kiev en 2014, suivi de l’annexion de la Crimée et du début de la première guerre dans le Donbass, la fracture entre la Russie d’un côté et l’Europe et les Etats-Unis de l’autre s’est progressivement creusée et le la victoire sur le nazi-fascisme de 1945, soviétique et allié, est célébrée séparément. Pour la troisième fois, l’anniversaire tombe avec la guerre en cours en Ukraine, décrite par Vladimir Poutine à l’instar de celle du siècle dernier, comme une sorte de bataille existentielle de Moscou contre son pire ennemi, représenté cette fois par la coalition occidentale soutenant Kiev. .

Les commémorations sur la Place Rouge, bien que limitées par rapport au passé pour des raisons allant de la sécurité intérieure à la situation internationale, restent une opportunité pour le Kremlin de démontrer d’une part sa force militaire, d’autre part le fait que la Russie, bien qu’isolée dans l’Occident, il reste l’« acteur » majeur de l’espace post-soviétique. De ce point de vue, il est pertinent que tous les dirigeants des cinq républiques de l’ex-URSS d’Asie centrale soient présents à Moscou : Qasym-Zhomart Toqaev (Kazakhstan), Shavkat Mirziyoev (Ouzbékistan), Emomali Rahmon (Tadjikistan), Sadyr Japarov ( Kirghizistan) et Serdar Berdymukhammedov (Turkménistan).

Le 9 mai n’a pas seulement une valeur symbolique pour le passé commun, avec la victoire soviétique d’il y a 79 ans qui a toujours laissé un lourd héritage dans tous les pays de l’ex-URSS en raison de l’énorme tribut payé en vies humaines (environ 20 millions de morts entre 1941 et 1945), mais aussi pour le présent : le projet de reconstruction d’une nouvelle alliance construite sur les cendres de l’Union soviétique effondrée en 1991 a été et est l’un de ceux que Poutine a tenté de mettre en œuvre pendant près de cinq décennies en le Kremlin.

La création de l’Union eurasienne il y a dix ans, avec la participation de la Russie, du Kazakhstan, du Kirghizistan, de la Biélorussie et de l’Arménie, aurait dû marquer le début d’une plus grande intégration, avant tout économique, également avec les autres pays d’Asie centrale et du Caucase, mais elle est restée au point mort. en raison de la crise ukrainienne, qui, d’une part, a ralenti le plan russe et, d’autre part, a modifié les priorités des pays respectifs. Si Moscou, même après le début du conflit à grande échelle avec Kiev, a détourné son regard du Caucase, son regard sur les « Stans » s’est au contraire intensifié.

Les cinq républiques d’Asie centrale entretiennent de bonnes relations avec la Russie et, trop éloignées de l’Europe pour être cooptées par les différentes alliances occidentales, sont restées aux côtés de Moscou, tant au travers de relations bilatérales solides qu’au sein des différentes organisations post-soviétiques, comme l’Union soviétique. CEI (Communauté des États indépendants), CSTO (Organisation du Traité de sécurité collective), SCO (Organisation de coopération de Shanghai). Surtout, cette dernière, portée par Moscou et Pékin, fondée dans les années 1990 à l’époque de Boris Eltsine et Jang Zemin dans le but de dépasser l’unipolarité américaine de l’après-guerre froide, représente le lien entre la Russie post-soviétique et la Chine. dans la perspective d’un bloc eurasien par opposition à celui occidental.

Aux côtés d’acteurs majeurs comme la Chine, l’Inde ou la Turquie, cette dernière membre de l’OTAN, qui n’a pas adhéré aux sanctions contre Moscou de l’Union européenne et des États-Unis, les pays d’Asie centrale ont également assumé un rôle fondamental pour l’économie. russes, devenant ainsi les centres de tri des marchandises arrivant et sortant de Russie. Et ce n’est pas tout : même les républiques du Caucase qui ont vu ces dernières années leurs relations politiques se détériorer avec Moscou, comme l’Arménie et la Géorgie, ont participé au niveau économique et commercial au jeu du contournement des mesures restrictives occidentales, ce qui a néanmoins influencé positivement leur économies respectives. Au final, l’influence du Kremlin reste très forte, notamment dans les « Stans », où il subit cependant la concurrence de Pékin. Mais dans l’ensemble, après le choc initial de l’invasion de l’Ukraine, les liens entre la Russie et les pays d’Asie centrale semblent s’être resserrés au nom du pragmatisme.

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