Ligue Europa, de Parme à l’Atalante : quand l’Europe devient provinciale 25 ans après

Ligue Europa, de Parme à l’Atalante : quand l’Europe devient provinciale 25 ans après
Ligue Europa, de Parme à l’Atalante : quand l’Europe devient provinciale 25 ans après

Il faut feuilleter longuement les almanachs et remonter au siècle dernier pour profiter de l’image joyeuse d’une équipe italienne soulevant la Coupe UEFA.

De Luca Masotto,

23 mai 2024

Quand l’Europe devient une province. Il faut feuilleter longuement les almanachs et remonter au siècle dernier pour savourer l’image joyeuse d’une équipe italienne soulevant la Coupe UEFA, aujourd’hui la Ligue Europa. Puis c’était Parme d’Alberto Malesani à triompher le soir de Moscou, le 12 mai 1999, lorsqu’au stade Luzniki, ils ont battu l’Olympique de Marseille du capitaine Laurent Blanc 3-0 grâce à des buts de Vanoli, Crespo et Enrico Chiesa. Depuis cette édition « historique » (la saison suivante, la Coupe des vainqueurs de coupe fut supprimée, regroupant toutes les équipes classées immédiatement derrière celles ayant droit à la Ligue des champions dans un seul tournoi avant le nouveau format de l’actuelle EL depuis 2009), beaucoup ont tenté de récupérer le sceptre sans grands résultats.

Depuis au moins deux décennies, les grandes entreprises italiennes snobent la concurrence (ce qui produit également plusieurs mauvaises impressions) mais au cours des cinq dernières années, l’intérêt (et par conséquent la compétitivité) a augmenté. Il y a deux facteurs déclencheurs : des raisons financières car au-delà des droits TYV un peu de revenu supplémentaire ne fait jamais de mal, mais aussi la possibilité de faire vivre un rêve. L’Inter d’Antonio Conte est passé tout près, finissant par s’incliner à Cologne face à Séville en août 2002 (3-2), en finale post-Covid, et la saison dernière, c’est la Roma de Josè Mourinho qui a caressé le rêve, toujours contre le club espagnol à Budapest le pénalités. Une équipe provinciale comme l’Atalanta a donc une nouvelle fois pensé à ramener les couleurs nationales au sommet. Les analogies qui suscitent plus d’une réflexion sont nombreuses : une compagnie solide et organisée et une équipe avec un jeu bâti sur le talent de ses interprètes qui vise à obtenir des résultats par le spectacle. Dans ce Parme, qui a également remporté la Coupe d’Italie et la Supercoupe d’Italie au cours de cette saison magique, il y avait de futurs champions du monde comme Buffon et Cannavaro et des champions comme Crespo, Balbo, Asprilla et Veron.

Cette Déesse donnait la même joie, de la même manière. Parme a éliminé l’Atletico en s’imposant devant 60 000 au Calderon (sans oublier les six buts contre Bordeaux), l’Atalanta a battu Liverpool à deux reprises à Anfield Road. Ce sont des parcours et des récurrences historiques. Il était donc destiné que l’ancienne Coupe UEFA revienne aux mains d’une équipe provinciale (dans cette édition, le protagoniste était aussi le Bologne de Carletto Mazzone, nouveau vainqueur de l’Intertoto, qui s’est arrêté en quarts de finale). En cet été 1998, Parme ne se cachait pas, ils visaient le Scudetto et la direction avait inclus dans le contrat Malesani, créateur d’un jeu offensif qui avait peu de références à l’école tactique italienne, s’inspirant plutôt du 3 de van Gaal. -4-3, soit un bonus de 1,5 milliard s’il termine aux deux premières positions. Il est désormais temps pour Gasperini, après huit ans à l’Atalanta, de récolter ce qu’il a semé et de remporter son premier trophée européen. Pour Malesani, celui contre Parme a été le seul qu’il a gagné. Gasp, maintenant qu’il a dissipé un tabou, espère recommencer bientôt.

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