« Ici, tout a changé ces trois derniers mois »

C’est la place de Florence : les beaux bâtiments de la fin du XIXe siècle, les grands platanes et micocouliers, les parterres de fleurs bien entretenus. Mais lundi, sur la Piazza D’Azeglio, un jeune d’une vingtaine d’années a été poignardé en plein jour, parmi des enfants jouant au football ou à vélo et des adolescents jouant au basket-ball.

Ainsi, les habitants et les mères qui accompagnent leurs enfants pour passer les après-midi sur la place maintenant ils demandent l’intervention de la police.

Ces jardins changent au fil des heures : la tranquillité du déjeuner, interrompue seulement par la joie des étudiants qui sortent de Michelangiolo et Castelnuovo, la foule des jeunes et des familles l’après-midi, le magasin au crépuscule. «À part les sans-abri, que certains n’aiment pas mais qui ne posent pas de problème, depuis deux ou trois mois, les choses ont changé ici le soir. Et devant les toilettes, il y a de mauvaises personnes et il y a un dangereux réseau de drogue» dit une femme qui fréquente la Piazza D’Azeglio.

Beaucoup indiquent le début des problèmes dans le fait que ce Vespasien, fermé depuis quelque temps, a été rouvert il y a quelques mois: «Les lycéens y vont tous ensemble pour fumer ou peut-être pire – disent-ils – et, évidemment, s’il y a ceux qui consomment, il y a aussi ceux qui vendent”. Un témoin explique qu’il y a un mois il a dû appeler la police parce que un jeune homme menaçait une seconde avec un couteau: «Je n’étais pas là lundi, mais il y a un précédent».

Un groupe de mères, si bien informées que l’une d’elles était surnommée la “maire” de la Piazza D’Azeglio, raconte que récemment, la nuit, un groupe de personnes excitées dansaient sur des voitures garées, les endommageant. Ils indiquent les quartiers : « D’un côté les sans-abris, d’un côté les gamins qui fument de la marijuana, au milieu les dealers de drogue. Mais heureusement, ils ne s’approchent pas de l’aire de jeux pour enfants.”

Mercredi, la situation était calme, après le coup de couteau, c’était la paix, peut-être par peur des contrôles de la police. Donc pas de sentiment d’insécurité.

Il y a un SDF qui dort profondément sur un banc, peut-être dicté par la bouteille de vin à moitié vide à côté de lui, et une seconde faisant ses affaires derrière une haie. Mais le souci est là : pas tellement pour des adolescents qui passent devant un joint à la vue de tous à six heures de l’après-midi (même si cela ne laisse personne indifférent que l’un d’entre eux n’arrive pas à atteindre les 15 ans), mais aussi parce que tout le monde est convaincu que les trafiquants de drogue vont bientôt revenir : La Piazza D’Azeglio n’est pas la Cascine, ni la Forteressemais “si on laisse le phénomène s’installer, qu’on le laisse s’enraciner, alors il devient difficile de revenir en arrière”.

Les adultes, tous, demandent des contrôles, se plaignent qu’on ne voit jamais les policiers. Alors, en l’absence des vrais, Des enfants de huit ans deviennent détectives: pour eux c’est une aventure, ils font le tour de la place avec leurs vélos et voient tout, du vélo dont la roue a été volée, aux détritus qui viennent d’être jetés entre les haies.

Les faits se mêlent aux histoires de mystère : leur épouvantail est une femme menaçante, disparue pendant des mois et « réapparue par hasard le jour même de l’assassinat ».

Ils l’appellent ainsi, pour redonner involontairement la signification d’époque à l’événement, le lundi de l’attaque au couteau.

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