Le Monza Resegone 2024 vu, vécu et couru de l’intérieur

Avez-vous déjà entendu parler de récits de labeur, de légendes et de héros ? Non, ce n’est pas la mythologie grecque. C’est l’histoire de la Monza Resegone, une grande classique parmi les courses à pied lombardes, née il y a un siècle et qui, le soir du 22 juin 2024, a soufflé 100 bougies (bien qu’il ait été “seulement” à la 62e édition).

Un marathon d’environ 42 kilomètres avec 1100 mètres de dénivelé positif majoritairement concentrés dans les 10 derniers kilomètres, une compétition caractérisée par le départ de l’Arengario, en plein centre de Monza, de une longue route droite et enfin une montée raide qui mène à la Capanna Alpinisti Monzesi, entre les pentes du Mont Resegone.

Monza Resegone, un voyage inoubliable

La particularité qui le rend unique et encore plus convaincant ? La course dans sa version “classique” doit être courue entièrement par des équipes composées de 3 coureurs courageux (et, avouons-le, aussi un peu sans scrupules).

Une nouveauté absolue cette année qui a rencontré un grand succès auprès de la participation a été la version « relais » (relais 3 voies)dans lequel le parcours était divisé en 3 sections parcourues individuellement par un coureur.

Monza Resegone, tout est prêt

Il est 20 heures et à l’Arengario de Monza tout est prêt pour le départ échelonné des relayeurs, qui repartent aux dernières lueurs du jour. Pendant ce temps, la ville se remplit de supporters et de badauds prêts à acclamer et applaudir les athlètes.

La nuit tombe, le ciel commence à se couvrir : le moment tant attendu approche. Oui, car à partir de 21 heures toutes les 20 secondes partent également les premiers trios entièrement féminins, puis les mixtes et enfin les masculins.

Du départ au kilomètre 10 : tapis rouge, au-delà du silence, à l’intérieur du bruit

Echelle, « rideau à franges » et nous voici sur la scène rouge installée devant l’Arengario, devant nous une foule compacte et pressée. La photo habituelle, une petite présentation et c’est parti.

Combien de monde et quels encouragements ! C’est difficile d’y aller doucement et il faut rester concentré pour ne pas se laisser emporter par l’enthousiasme qu’on respire. Après environ un kilomètre, vous quittez le centre-ville, rejoignez votre accompagnateur vélo (chaque équipe peut être suivie et assistée par un accompagnateur) plein d’espoir et d’énergie. Le rythme devient régulier au fur et à mesure que vous longez les murs silencieux du parc de Monza.

Le bruit augmente encore à Villasanta, le public nous acclame et nous “excite” puis nous nous dirigeons vers Arcore et Usmate… les kilomètres passent vite, nous alternons les coins pleins de monde avec des enfants prêts à vous “high five” dans les endroits sombres et les déserts. Avec le premier virage du parcours à droite après une série de ronds-points et les premières montées et descentes, se termine peut-être la partie la moins excitante de la course.

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@photo de courtoisie

Kilomètres 11-19 : Grimpez et applaudissez… le Marathon de New York en Brianza

Ce tronçon de course est caractérisé par une déviation vers la droite et deux passages souterrains qui brisent le rythme dans un tronçon encore plat avant de déboucher à Osnago où la route commence à monter doucement mais régulièrement.

Rien à signaler jusqu’au km 17, sans doute le plus beau de toute la course. Pouquoi? Tous ceux qui ont couru dessus le savent… vous êtes soudain plongé dans la version new-yorkaise de Cernusco Lombardone. Ici, deux ailes de la foule attendent le passage des tractopelles. Les acclamations sont littéralement assourdissantes. Vos jambes avancent toutes seules et, sans vous en rendre compte, en un instant vous accélérez et tout devient plus léger.

Bière, bière, bière ! Une fois sorti de la ville, tourner à gauche et continuer la montée jusqu’à Merate où au kilomètre 19 un ravitaillement marque la fin de l’ascension. Malheureusement, le trafic ici est assez intense, peut-être l’aspect négatif de cette course historique (avec un approvisionnement pas vraiment riche en variété).

Kilomètres 20-32 : Rouler vers Calolziocorte

Ici, il est essentiel d’avoir bien géré son énergie : en effet sur ce tronçon il faut arriver le plus frais possible car on descend (et pas mal) sur une dizaine de km. La route est très douceparfois sombre et les trios les plus rapides commencent à s’emparer de ces jeux en premier.

Un seul problème dans cette édition : le vent contraire qui jusqu’ici maintenait les températures plutôt fraîches devient de plus en plus fort au fil des kilomètres. Au loin, les éclairs et le tonnerre ne présagent rien de bon, d’autant plus qu’ils viennent de Lecco. Espérons qu’il ne pleuve pas trop, ou du moins le plus tard possible.

Calco, Beverate et Airuno : peu d’acclamations mais aussi moins de voitures qu’avant. Une route toujours droite qui mène à Olginate où un virage qui tourne vers le centre ville brise la monotonie. Trentième km, Il est minuit passé et pourtant le centre est plein de gens en fête, certains chantent même des chorales. Une ambiance festive qui laisse place au silence du pont qui relie Calolziocorte où les tractopelles se préparent avant le début de la montée vers Erve. Sur une note positive : les routes ici sont mouillées mais la tempête est passée peu avant notre arrivée, tout va bien !

Kilomètres 32 à 37 : asphalte, marches et virages en épingle à cheveux

C’est le moment, un virage à gauche puis à droite et la partie la plus difficile du MO-RE se dévoile. 5 km de montée sur une route encore praticable (ou du moins facilement praticable à pied) caractérisé par une alternance constante d’asphalte, de marches muletières et de virages en épingle à cheveux alors que la lumière sur la chaussée est absente.

La lampe frontale est indispensable et les coureurs le savent bien et l’utilisent dans cette partie de la course. Le vent tombe, nous arrivons à Erve, dernière porte de la course, ravitaillement et départ sur le chemin.

monza resegonePinterest
monzaresegone.it

Kilomètres 37-42 : l’entreprise à travers la boue, les pierres et le rocher

La section asphaltée se termine pour laisser place au chemin de terre qui est d’abord facilement praticable, puis plus difficile. Courir devient marcher, marcher devient grimper. Oui, car les 3 derniers kilomètres ont une pente raide (l’avant-dernier a environ 250 mètres de dénivelé) et dans certains tronçons il faut s’aider des mains pour avoir plus de stabilité dans la montée qui devient de plus en plus rocheuse.

Il commence à pleuvoir, et l’adhérence des semelles des chaussures est de moins en moins adhérente et il faut y faire encore plus attention. Il est essentiel de donner un coup de main aux camarades les plus en difficulté dans cette phase pour puiser dans les dernières énergies et motivations qui leur restent. Une fois passé le Pra di Ratt, la montée s’aplanit un peu, il reste 1 km à parcourir.

On entend les cris des organisateurs qui attendent les finishers et vous pouvez apercevoir les lumières de la Capanna Degli Alpinisti Monzesi. C’est fait!!! Derniers mètres, grand sourire pour la photo et câlin avec mes coéquipiers, fatigués mais satisfaits d’y être parvenus.

l'arrivée du Monza resegone au refuge de MonzaPinterest
archives de la Société des Alpinistes de Monzesi

Monza Resegone, quel voyage

Lorsqu’ils demandent “pourquoi dirigez-vous le Monza-Resegone ?”, il suffirait de simplement répondre “pourquoi ne l’avez-vous pas encore dirigé ?”. Vous respirez l’histoire, vous vivez des émotions uniques que vous partagez avec deux autres compagnons de voyage qui, comme vous, souffrent et profitent de la joie que procure cette compétition. Vous sentez l’exploit couler dans vos veines et une fois arrivé au sommet vous ressentez la satisfaction d’y être parvenu.

UN Un grand merci à la splendide organisation, aux bénévoles et aux personnes présentes avec enthousiasme et participation. concours. Personnellement, je remercie mes deux fidèles écuyers Lorenzo et Stefano qui ont tout donné ainsi qu’à notre supporter Vincenzo.

Enfin, une pensée particulière va à ceux qui, hélas, n’ont pas pu le terminer, mais ne vous découragez pas et réessayez. Mais surtout au bénévole et au cycliste percuté pendant la course par une voiture pirate à qui je adresse mes meilleurs vœux de prompt rétablissement.

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