C’était l’un des enjeux du premier tour des législatives du 30 juin : l’union de la gauche au sein du Nouveau front populaire allait-elle faire naître une dynamique ? Le cas de Rennes apporte un début de réponse : le « NFP » fait mieux que la Nupes en 2022 et aborde le second tour en position de favori sur la capitale bretonne. Mais il y a des ombres au tableau, notamment si l’on compare les résultats du bloc de gauche aux européennes de début juin.
Sur les quatre circonscriptions de l’agglomération rennaise (la 1, la 2, la 3 et la 8), les candidats NFP sont tous arrivés premiers. Sur la 8e, celle de Rennes centre, le député socialiste sortant Mickaël Bouloux a même été élu dès dimanche soir. En 2022, il avait dû affronter le candidat de la majorité présidentielle Florian Bachelier au second tour. L’ancien maire de Le Rheu améliore son score de sept points et totalise cette fois 52,8 % des voix. Signe que l’électorat rennais du centre gauche, passé chez les marcheurs en 2017, a rompu avec la macronie.
Du bon et du moins bon pour la gauche rennaise
Dans les trois autres circonscriptions, les champions de la gauche unie sont favoris. Tous sont arrivés premiers et concourront au second tour dans des triangulaires. Sauf désistement surprise, ils affronteront à chaque fois un candidat Ensemble et un candidat RN. La PS Claudia Rouaux, sur la 3e, et la LFI Marie Mesmeur, sur la 1re, sont bien parties pour permettre à la gauche de garder ces deux sièges. La 2e circonscription, la seule remportée par la majorité présidentielle en 2022, pourrait cette fois tomber dans l’escarcelle de la gauche. Tristan Lahais (NFP – Génération. s) est en tête devant la sortante Laurence Maillart-Méhaignerie, alors qu’il était arrivé deuxième il y a deux ans.
Pour autant, ces bons résultats cachent un bilan électoral en demi-teinte. Ces trois candidats n’améliorent le score de la gauche unie que de quelques points par rapport à 2022. Et si l’on compare aux résultats des européennes du 9 juin dernier, le bloc de gauche en perd quasiment partout. Sur la 1re circonscription, par exemple, l’insoumise Marie Mesmeur totalise 42,3 % des voix, sept de moins que le score cumulé des listes de gauche trois semaines avant. La coalition a donc vraisemblablement fait fuir une partie des électeurs de Raphaël Gluscksmann vers le candidat Ensemble Nicolas Boucher (32 %).
Surtout, la dynamique du NFP sur Rennes pâlit en comparaison de celle du Rassemblement national. Pour la première fois sur la capitale bretonne, le parti franchit le seuil du premier tour et impose ses candidats dans des triangulaires. C’est avant tout lui qui a profité de la forte hausse de la participation (+ 20 points environ). La poussée de l’extrême droite, certes moins forte qu’ailleurs en France, se vérifie aussi sur ces terres pourtant ancrées à gauche.
