La culture a besoin d’avoir le courage de parler de Tarente après Ilva

La culture a besoin d’avoir le courage de parler de Tarente après Ilva
La culture a besoin d’avoir le courage de parler de Tarente après Ilva

Un ami de Pistoia nous écrivait hier : « L’inondation a endommagé les archives Roberto Marini. Nous essayons de sauver les cartes de l’eau. J’ai trouvé une coupure de presse qui parle de Tarente.” Le « clipping » est une enquête extraordinaire de l’écrivain, essayiste, journaliste et homme politique Ugo Baduel parue sur L’unité du 12 septembre 1969. Tarente semble sortir d’une inondation, à des latitudes inattendues. Ou peut-être pas, étant donné que Tarente était et reste une question italienne.

Baduel, dans son article, examine sans pitié le travail précaire. Devine où? Chez Italsider, évidemment. Juste un fait : à Tarente, dans le secteur industriel, entre 1963 et 1969, il y a eu plus de 44 000 accidents, avec 165 morts. Sans parler de l’exposition aux poisons. Et nous ne parlons que des débuts de la grande usine. Au fil du temps, l’apocalypse à libération lente. Cela nous est parvenu.

Qu’ont à voir Pistoia, Baduel, les morts « blanches » avec l’ouverture d’une nouvelle librairie à Tarente et avec le débat sur le destin magnifique et progressiste de la ville ? Dans l’éditorial paru dimanche dans Journal, Mimmo Mazza a expliqué avec raison les raisons pour lesquelles “l’usine n’est plus au centre du village”. L’ancien Italsider, ancien Ilva, le plus grand hub sidérurgique d’Europe, ne convient plus à personne. Presque. « Il meurt lentement », pour citer la poète Martha Medeiros.

Tarente a certainement besoin d’un avenir différent, plein de beauté et de justice (une autre priorité, mais non marginale). Mais avant les richesses naturelles (à défendre car elles ne sont pas inépuisables), avant les mers d’une beauté incomparable, avant tous les potentiels inexprimés, il y a la culture. Ce qui est bien plus qu’une librairie de plus, quoique précieuse, très précieuse, au cœur de la ville.

Parce qu’un livre sert à tourner la page, mais derrière lui, il doit y avoir des pages et des pages d’une histoire avec une intrigue solide et robuste. Quel est? L'”histoire glorieuse et millénaire”, citée par notre réalisateur.

L’imbrication ne réussit que si – réitérons une idée développée depuis quelques temps – la mémoire collective des citoyens, mémoire civile essentielle mobilisée au service du changement, agit comme un ciment indispensable à la culture et à l’histoire.

L’« histoire glorieuse et millénaire » doit contenir tout et tout le monde : depuis les Spartiates jusqu’aux morts de l’usine ; des croisés aux victimes de la pollution, des Taranto Golds aux cheminées industrielles. Les citoyens de Tarente ne doivent pas espérer que la politique nationale viendra rapidement à leur secours. Lorsqu’elle s’occupe de la ville des Pouilles, elle semble souffrir de la maladie d’Alzheimer.

Une possibilité de changement peut cependant affecter la politique locale si la poussée part du bas et vise à reconnaître l’identité de l’histoire millénaire, son inaliénabilité, la fierté d’appartenance même dans les moments de malheur (d’ailleurs, combien d’hommes politiques de Tarente , avant le film de Riondino, ils savaient ce que Bâtiment Lafle premier grand exemple de harcèlement moral généralisé dans l’histoire italienne ?).

L’espoir – souvent vain, comme l’enseignent les vers de Gozzano, mais partageable – repose et s’anime dans la culture.

Un jeune auteur, Stefano Modeo, collectionnant de nombreuses instances, a récemment réalisé un “exploit” en mettant en lumière les vers de deux géants tarentins de la poésie contemporaine : Raffaele Carrieri et Pasquale Pinto (le poète ouvrier). Qui sait si, par la lecture, petits et grands ne pousseront pas un jour les institutions locales à entreprendre un combat pour que la ville qui possède le plus beau musée de la Grande Grèce de la Méditerranée (après Naples) impose son point de vue, le transforme en autant de musées, de civilisation industrielle, de l’Arsenal et de l’ancien Ilva.

Un réseau qui relie l’histoire et la mémoire des anciens et magiques orfèvres de Tarente aux ingénieux ouvriers de la construction navale et de l’acier du XXe siècle. Si les éliminations le permettent (mais cela dépendra de la compétence des politiciens locaux).

D’ailleurs, il ne reste malheureusement que le souvenir d’Alessandro Leogrande, qui écrira un jour sur la cession de la grande usine, comme l’a fait Ermanno Rea avec Ilva di Bagnoli ?

La culture a besoin de courage.

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