S’il n’y a pas d’eau, ce sont les robinets qui sont en cause : changez-les

S’il n’y a pas d’eau, ce sont les robinets qui sont en cause : changez-les
S’il n’y a pas d’eau, ce sont les robinets qui sont en cause : changez-les

La crise de l’eau qui, ces dernières semaines, a causé de graves désagréments à des milliers de familles lucaniennes et à des dizaines d’entreprises agricoles devrait être surmontée sous peu. C’est ce que dit l’unique administrateur d’Acquedotto Lucano. Sans aucun doute, il faut le surmonter, à Dieu ne plaise. Le fait est que cette situation d’urgence, ainsi que d’autres qui se sont produites dans le passé, notamment en matière environnementale, ont leurs causes dans une longue histoire de responsabilités politiques. Normalement, les citoyens ne concentrent pas leur attention sur ces responsabilités mais sur le robinet de leur foyer. Ils ne songent pas à s’organiser à travers leurs partis et leurs associations, ni à se regrouper pour l’occasion, dans le but d’objectiver politiquement la question et d’en problématiser les effets. Ils ne se mobilisent pas. Non, ils pensent au robinet : si l’eau ne sort pas, ils s’indignent, surtout sur les réseaux sociaux, si l’eau recommence à couler, tout s’en va, les gémissements s’éteignent peu à peu. Entre-temps, sans solutions radicales, l’urgence resurgira dès que possible. Laissons de côté l’indifférence absolue face au problème de ceux qui n’ont pas subi les inconvénients, c’est une autre histoire. Restons sur la pièce qui nous intéresse : pourquoi ne se mobilise-t-on pas sur les sujets les plus brûlants ? Pourquoi les organisations politiques et syndicales ne mobilisent-elles pas les citoyens ? Parce que nous avons une population dépolitisée. Et nous avons une politique dépolitisée, qui ne peut être stimulée par une société dépolitisée.

Si l’indifférence et l’égoïsme conquièrent d’autres espaces, si la distance entre les citoyens et la politique devient de plus en plus grande, la Basilicate finira définitivement entre les mains de ceux qui, ces dernières années, l’ont déjà poussée vers un régime gouverné par une oligarchie d’intérêts. Toute forme de conflit, d’opposition, de lutte pour les droits et la justice sociale disparaîtra. Les espaces d’action civique et collective se rétréciront et la concurrence individuelle et égoïste prévaudra encore plus. Les gens s’appuieront de plus en plus sur la proposition hégémonique du système de pouvoir politico-économique qui prendra des décisions sans aucun contrôle démocratique. C’est ce qui arrive lorsqu’il y a peu de demande de démocratie en raison de l’indifférence à l’égard des outils permettant de l’exercer. Les quelques espaces de manœuvre démocratique des citoyens libres disparaîtront complètement. Plus que ce qui se passe déjà aujourd’hui, des groupes puissants se feront concurrence et prendront à tour de rôle le commandement de la région et prendront des décisions clés. Dans un avenir pas trop lointain, quelqu’un devra également s’occuper de politique et si des citoyens libres ne le font pas, ils le feront en toute autocratie. Cependant, on constate un déclin vers une dépolitisation complète des relations sociales et de l’approche des ressources publiques et du bien commun.

Et revenons à l’eau. Ici, nous découvrons et expérimentons de première main ce que signifie la dépolitisation de la société lucanienne. La crise de l’eau de ces dernières semaines et la menace de sécheresse qui affecte la production agricole provoquent un aveuglement dans les stratégies de développement (inexistantes) de la région de la Basilicate. L’eau est l’une des ressources fondamentales de notre région, le pétrole appartient aux multinationales, quels que soient les discours. Il faut éviter de disperser davantage l’or bleu en le donnant aux compagnies pétrolières et aux multinationales d’embouteillage. Nous devons de toute urgence prendre des mesures sérieuses pour moderniser le réseau d’eau. Sérieusement, pourquoi ? Car après des années d’utilisation d’énormes ressources, la dispersion de l’eau et l’âge du système de distribution restent un problème critique très sérieux. Et cela fait partie du jeu de la volonté de privatiser l’eau. La caravane de l’aqueduc lucanien est elle-même une passoire. Pourtant, nous rémunérons l’administrateur unique et ses dirigeants. Bien sûr, mais nous payons aussi les politiciens.

Voici la conclusion : ni les citoyens ni les politiques ne pensent dans cette perspective. Les citoyens continuent de surveiller les robinets de leurs maisons, les politiques continuent d’exploiter les inconvénients sans apporter les solutions qui auraient dû être mises en place au cours des 30 dernières années. Alors à qui la faute ? De l’aqueduc lucanien. Bien sûr, mais ce n’est pas ainsi que les problèmes sont résolus. Nous nous reverrons lors de la prochaine urgence, quelle qu’elle soit : le coupable qui a été insulté sur les réseaux sociaux ou exploité en milieu institutionnel est toujours trouvé, mais le responsable n’est jamais, jamais retrouvé.

PREV Juin 2024 : Ligurie Argent n.18.
NEXT Le Casino de Sanremo, un moteur qui contribue au renforcement de l’économie locale – Sanremonews.it