“La Sicile risque de perdre des ressources et des emplois”

“La Sicile risque de perdre des ressources et des emplois”
“La Sicile risque de perdre des ressources et des emplois”

Alfio Mannino, secrétaire général de la CGIL en Sicile, dans quel secteur, selon vous, l’autonomie différenciée causera-t-elle le plus de dégâts à la Sicile ?

« Les plus gros dégâts seront causés éducation et santé, mais aussi sur les infrastructures et les services. En ce qui concerne les écoles, il y aura moins de ressources, ce qui affectera les processus et les structures d’innovation, rendant impossibles les interventions nécessaires dans la construction, par exemple. L’autonomie sera également d’ordre pédagogique et organisationnel avec la création d’un décalage culturel et pédagogique avec les autres régions du pays. L’école de Sicile a besoin d’investissements et nous allons dans la direction opposée. Aussi, si les contrats du personnel scolaire ne sont pas les mêmes dans tout le pays, il existe également un risque que de nombreux enseignants décident de ne pas retourner en Sicile, conduisant à la pauvreté également du point de vue des professionnels qui doivent réaliser des projets d’éducation et de formation. C’est facile à dire à propos des soins de santé : il y a de nombreux problèmes dans le secteur, le droit à la santé n’est pas garanti et avec une autonomie différenciée, il y aura encore moins de ressources, donc l’écart avec le Centre et le Nord en termes de qualité de service va se creuser. Nous avons calculé que la Sicile connaîtra immédiatement une réduction des ressources disponibles de 1,3 milliard et que cela affectera toutes les infrastructures et la qualité de tous les services”.

Ne pensez-vous pas que la désaffection pour la politique avec le fort abstentionnisme lors des dernières élections européennes pourrait confiner le sujet dans des limbes sans grand intérêt ?

« Il y a un risque mais nous espérons un élan de dignité et de prise de conscience de l’opinion publique. Cette désaffection est due au fait que, n’ayant pas de réponses politiques, beaucoup en sont venus à penser que la participation démocratique n’est pas l’outil nécessaire pour changer leurs conditions de vie. Au lieu de cela, c’est l’outil dont nous disposons. Il faut précisément partir de la prise de conscience du décalage entre le débat politique, les choix institutionnels et les réels besoins de relance, une réaction qui nous fait sentir avec force que cette situation ne passera pas inaperçue. Un exemple : le Président de Région dans ses récents entretiens ne fait que parler du remaniement et de la qualité de ses conseillers. Il a remarqué leurgence déchets, de l’urgence de sécheresse et tous les autres ? Seul le vote démocratique peut redonner un sens à la réalité d’une Sicile et d’un pays qui veut des réponses et qui n’est pas disposé à renoncer aux droits et aux perspectives de sa propre terre et des générations futures. Il est nécessaire que la bataille contre l’autonomie différenciée, une mesure à laquelle Schifani a paradoxalement accepté et pour de simples raisons politiques, devienne une bataille de masse, partagée par le plus grand nombre de personnes”.

Selon certains, l’autonomie différenciée est une arme de distraction massive. Quels arguments convaincants peuvent être utilisés pour démontrer que ce n’est pas le cas ?

« Je ne pense pas que ce soit une arme de distraction massive. Il s’agit d’une mesure destinée à avoir un impact négatif sur les perspectives de développement de notre région, en aggravant les conditions de vie de la population. Ce n’est pas un thème abstrait. Nous avons besoin de plus de ressources et de projets de développement et nous n’aurons ni l’un ni l’autre de ces choses. Si ouiau niveau national nous verrons une “confusion”déterminé par les chevauchements qui se créeront lorsque chaque région décidera de son propre domaine d’autonomie, sur le plan plus strictement régional, nous devons nous demander ce qu’il adviendra de l’autonomie spéciale”.

La Sicile, toujours une valise à la main, est une terre dépeuplée où les attentes trouvent souvent citoyenneté ailleurs. Pensez-vous pouvoir faire une promesse pour donner la parole aux services internes et à ceux qui risquent de nouvelles sanctions ?

«Ce qui nous inquiète, c’est la qualité du dépeuplement. Les jeunes partent, la partie la plus dynamique de la société, celui à partir duquel une initiative de rédemption peut démarrer. Ce qui nous réconforte est le fait que c’est précisément dans cette gamme que grandissent les ferments de planification et d’initiative de nombreux jeunes qui n’entendent pas subir des choix destinés à avoir un impact aussi profond sur leur vie et qui demandent autre chose. En tant que CGIL, nous sommes engagés depuis un an dans un voyage avec des associations de jeunesse qui prétendent pouvoir rester chez elles et y revenir, avoir des perspectives ici et nulle part ailleurs. Nous continuerons à les soutenir, à être aux côtés de ces jeunes qui ne veulent pas voir leurs terres sombrer et qui comprennent clairement la valeur de la participation démocratique. Être de leur côté, c’est dire un non fort à l’autonomie différenciée, qui peut s’entendre partout où il est possible de s’exprimer, à commencer par les urnes. Non aussi à la dérive antidémocratique qui risque de nous submerger, entraînant avec elle les droits fondamentaux acquis grâce à la lutte et au sacrifice de nombreuses personnes”.

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