Critique de Rotting Christ Pro Xristou


Christ pourri, Anno Domini 2024, carnet de bord : le voyage dure maintenant depuis trente-six ans, une exploration continue et interminable vers de nouvelles expressions artistiques, pleines de pathétique et de noirceur. Un chemin qui a conduit le groupe d’Athènes à inventer, réinventer et révolutionner son son, à plusieurs reprises. Une croissance perpétuelle, qui a fait que le combo dirigé par les frères Tolis la référence, le nom le plus retentissant de la scène noire méditerranéenne.

Nous nous sommes séparés en 2019, avec “The Heretics”, un disque que nous avons défini comme transitionnel, qui semblait né pour être le ciment entre le Christ pourri du chef-d’œuvre « Rituels » et ceux du futur. Un album qui, même s’il n’atteint pas les sommets auxquels le groupe grec nous a habitués, est capable de fournir plus qu’une petite satisfaction. On se retrouve en 2024 avec «Pro Xristou», curieux de savoir où les frères Tolis ont décidé de nous guider, quelle dimension explorer. Je pense qu’il est inutile de cacher que les attentes sont très élevées, tout comme l’adrénaline de pouvoir enfin écouter le nouveau travail d’un designer. Christ pourri.

Comme tradition à la maison Christ pourriafin de bien comprendre “Pro Xristou« Il faut partir du concept derrière l’album. “Pro Xristou» – littéralement Avant Jésus-Christ – est un album fortement lié à l’histoire grecque et, en parallèle, à la philosophie noire méditerranéenne. Le dernier effort de Sakis et compagnons est un authentique hommage aux derniers rois païens, qui résistèrent à l’avancée du christianisme. Un chemin qui, idéalement, relie l’Europe du Sud à l’Europe du Nord, les deux principales cultures détruites par la montée de la religion christique. Un voyage qui donneL’Apostat‘, dans lequel la figure de Flavius ​​​​Claudius Julianus est explorée en profondeur, nous emmène dans les terres du Nord, avec ‘Yggdrasil‘, au point d’aborder la tradition irlandaise, et la figure d’Amergin, avec ‘Saoirse‘. Un chemin hypothétique dans lequel nous rencontrerons uniquement et exclusivement des civilisations, des cultures et des penseurs détruits par l’action tergiversante mise en œuvre par le christianisme. Une histoire bien représentée sur la couverture de «Pro Xristou», dans laquelle on retrouve l’œuvre « Destruction » – issue du cycle « Le Cours de l’Empire » – du peintre Thomas Cole.

Et d’un point de vue musical ? “Pro Xristou» représente l’évolution envisagée par un album de transition comme « The Heretics » ? Bon, disons oui, mais avec des réserves. Essayons de mieux nous expliquer : «Pro Xristou», est à toutes fins utiles une évolution par rapport au passé récent du groupe, mais ce n’est pas une véritable révolution artistique. Pas comme nous l’avions imaginé, du moins. “Pro Xristou», en fait, est un album très proche du parcours solo de Sakis Tolis, notamment avec “Parmi les Feux de l’Enfer”. Le nouvel album se présente comme une œuvre capable d’unir deux des âmes les plus fascinantes de la formation hellénique : la plus sombre et la plus évocatrice – qui fait référence au parcours récent du groupe – à la plus décadente, qui s’inspire des partitions et des mélodies. qui rappellent le Christ pourri de la seconde moitié des années quatre-vingt-dix. Dans “Pro Xristou“, de plus, je Christ pourri ils lèvent le pied de l’accélérateur et se concentrent sur le côté le plus évocateur de leur vision artistique. Ambiances, mélodies, chœurs et lignes vocales poussent précisément dans cette direction, créant un authentique hommage aux glorieuses civilisations du passé, détruites au nom d’une religion qui professe la paix et la fraternité. Écoute “Pro Xristou», au fil de son déroulement et de sa narration, on a alors la sensation d’être en présence d’une épopée homérique : majestueuse, épique, pleine de pathétique. Les sons eux-mêmes, avec une attention portée à chaque détail, conduisent à souligner cet aspect, réussissant à amplifier la capacité de l’album à transmettre des visions, de l’adrénaline et des sensations. Une œuvre avec une forte profondeur émotionnelle, capable de traduire en musique les événements racontés dans les paroles.

Mais tout ce qui brille est-il de l’or ? Eh, il faut dire que «Pro Xristou“, comme le précédent “The Heretics”, apparaît légèrement en demi-teinte par rapport au niveau d’excellence auquel nous étions habitués Christ pourri. Soyons clairs : l’album fonctionne, il est vraiment bien structuré et soigné dans les compositions, mais il manque ce quelque chose pour pouvoir faire la différence, pour pouvoir rivaliser avec le passé stellaire des frères. Tolis. D’ailleurs, jusqu’en 2016, l’équipe hellénique enchaînait les joyaux les uns après les autres, c’est normal d’être prétentieux. Il faut alors dire que “Pro Xristou», après un début pas vraiment brillant, prend effectivement de l’ampleur dans la deuxième partie, à partir de «L’adieu‘ sur. C’est exactement là que je Christ pourri ils parviennent à centrer cette expressivité qui nous a amené à comparer “Pro Xristou» à une sorte d’épopée homérique. Un autre aspect sur lequel nous nous concentrons est le choix de créer un produit clairement influencé par la carrière solo de Sakis. Un album de ce type, aux échos de “The Heretics” et Rotting Christ de la seconde moitié des années 90, auquel s’ajoutent des chorales d’opéra, empreintes d’épopée et de majesté, aurait été publié sous le nom Sakis Tolis cela aurait eu un autre sens. Au nom Christ pourri, au contraire, propose des solutions déjà explorées par le groupe athénien. Et même si les compositions sont soignées, notamment dans la deuxième partie, elles sont à certains égards prévisibles : l’auditeur comprend immédiatement dans quelle direction il se dirige. Et on retrouve cette prévisibilité notamment dans la première partie de l’album. En voulant être minutieux, le choix de la couverture elle-même ne reflète pas ce qui a été exprimé par “Pro Xristou». A l’écoute de l’album, on n’est pas envahi par une vision combative et guerrière, mais plutôt par une atmosphère décadente, hommage à un passé glorieux aujourd’hui disparu, raconté avec un net sentiment de nostalgie. Un récit qui trouve de plus grands points de contact avec le tableau “Désolation”, la dernière œuvre du cycle “Le Cours de l’Empire” de Cole.

Et alors? Comment interpréter »Pro Xristou» ? Comme une œuvre raffinée et élégante, mais prévisible dans certaines solutions. Un album précieux, qui souffre cependant de la comparaison avec le passé des Christ pourri, jusqu’en 2016, au moins. Nous terminons par une dernière réflexion : cela provoque une certaine sensation de faire douter face à un record qui vaut la peine “Pro Xristou» mais, comme souligné à plusieurs reprises, la qualité offerte par Christ pourri elle a toujours été grande. Il suffit de baisser un peu la barre pour déstabiliser l’auditeur. Un ouvrage de cette qualité, publié sous un autre nom, aurait certainement reçu un plus grand succès. C’est malheureusement la malédiction qui s’abat sur les plus talentueux. Un détail qui j’imagine sera accueilli avec le sourire par Sakis Et Thémis.

Marco Donè

NEXT Le trio Il Volo, les excellents résultats obtenus malgré les critiques