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La persévérance est sans doute l’une des principales qualités de Horned Almighty, un de ces groupes qui, tout bien considéré, représentent la véritable classe ouvrière du circuit black metal européen. Existant maintenant depuis plus de vingt ans (plus encore si l’on prend en considération les débuts sous le nom de Mareridt), les Danois perdent parfois leurs traces, mais finissent toujours par revenir, d’ailleurs avec des œuvres de plus en plus denses et raffinées.
« Contagion Zero » représente, sans surprise, un autre chapitre dans l’évolution du style du groupe. Ayant en partie abandonné les racines old school qui les distinguaient dans leurs premiers morceaux, fortement influencés par Hellhammer et Celtic Frost, le groupe explore depuis quelques temps des territoires plus nuancés et complexes, témoignant d’une envie d’expérimenter et de se tester.
Ce nouvel ouvrage marque donc un pas de plus vers des textures sonores plus sulfureuses et vaguement dissonantes, qui finissent par dominer plusieurs épisodes. La robustesse et la grossière méconnaissance des riffs du passé sont en partie mises de côté au profit d’une recherche sonore plus raffinée et structurée. En bref, il est clair que Horned Almighty essaie de se mettre à jour et de rester pertinent dans une scène black metal contemporaine de plus en plus peuplée et compétitive ; la démonstration arrive immédiatement avec l’ouverture “The Messiah Scourge”, un morceau enveloppant qui fait pleinement ressortir l’ambiance frontière décadente et nocturne que veut nous raconter le quatuor. Cependant, une chanson comme “Vermin on the Mount” se démarque avant tout dans la tracklist : ici les différents courants explorés par Horned Almighty au cours de sa carrière se mélangent harmonieusement, créant un mélange au goût d’ancien et de nouveau à la fois. La pièce, qui se déroule à travers divers changements de tempo, parvient à maintenir un équilibre intéressant entre groove et complexité, offrant une expérience qui captive et implique du début à la fin. “Darken the World” est également particulièrement valable, dans lequel le minimalisme et l’essentialité presque monolithiques, souvent typiques du son du groupe, sont dilués dans une structure nouvellement articulée qui ne descend jamais dans le prétentieux.
Même s’il manque somme toute le trait de génie qui pourrait élever l’album à un niveau supérieur, les « nouveaux » Horned Almighty se révèlent plutôt enclins à rechercher une ligne mélodique dans leurs compositions, ainsi qu’à avoir des moments où la fureur s’apaise pour laisser place à de douloureux moments de suspension. Même sur des disques partiellement inédits, les Danois s’affirment donc comme une équipe fiable et conséquente, qui sait prendre quelques risques, s’affranchissant des vieilles comparaisons avec Carpathian Forest et Khold, mais en restant en même temps fidèle à sa propre identité.
