Giro d’Italia, le cannibale Pogacar conquiert tout le monde

Le nœud à bras ouverts sur le maillot rose est la synthèse de son Giro. Le Giro dominé, ou plutôt illuminé par Cannibale Gentile. Tadej Pogacar s’affirme comme le doyen des champions modernes. Il a le sens de l’histoire et une propension au spectacle. Il attaque pour gagner, il court pour convaincre. Il ne fait pas de calculs avec la balance. Roulez avec le sourire et recevez des sourires. Pogacar a également pilonné la scène de Monte Grappa avec ses coups de pédale. Ce qui était censé être le dernier obstacle, avant le défilé de Rome, s’est transformé en une énième piste de décollage pour le garçon avec la touffe qui dépasse de son casque, qui ébouriffe son image et se fait aimer.

le domaine

C’était un spectacle annoncé, tout comme sur le Monte Sante Marie aux Strade Bianche, comme sur la Redoute à Liège-Bastogne-Liège, comme à Oropa dans ce Giro d’Italia… Pogacar est déjà un géant de son sport car il déclare ses objectifs et surtout il les atteint avec une supériorité dévastatrice. Nous le savions, nous nous y attendions, mais au cours de ces trois semaines de courses roses, Tadej nous a conquis et a également conquis les fans qui ne suivent le cyclisme que pendant le Giro, l’événement sportif le plus identitaire et le plus engageant de notre pays. Tout le monde aime Pogacar parce qu’il gagne, bien sûr, mais aussi ou surtout pour la façon dont il gagne. Il est le champion numéro un du « gaming ».

pas de calculs

L’un des grands « performants » d’Indurain hier se serait limité à contrôler ses adversaires directs, il aurait économisé son énergie en pensant au Tour de France (comme le lui conseillaient certains pauvres d’esprit) qui l’attend et il n’aurait rien donné. pédale supplémentaire pour gagner l’étape. Pogacar non, il appartient au clan Cannibale. Il est le fils de Bernard Hinault et petit-fils d’Eddy Merckx. Il court toujours devant et salue tout le monde dès qu’il le peut et s’en va. Tout comme Eddy et Bernard, comme Marco Pantani. C’est pourquoi nous pensons tous qu’il pourrait être le premier après Pantani à remporter à nouveau le Giro et le Tour au cours de la même saison. Et la comparaison avec Eddy Merckx, le Cannibale par excellence, ne doit pas faire peur. Grâce à la façon dont il remporte les Classiques et les Grands Tours avec une (apparente) facilité et à son attitude intrépide, il est le champion qui se rapproche le plus de lui. Et on le disait déjà avant que ce Giro ne confirme tout.

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le triomphe à Rome

C’est ainsi qu’aujourd’hui à Rome, avec le Colisée en toile de fond de son maillot rose, Pogacar remporte un Giro qui entre dans l’histoire. En attendant les chiffres records. Le Slovène a conquis 6 étapes, dont 5 sous le maillot rose, comme seul Merckx avait réussi dans le cyclisme moderne (il y aurait aussi Girardengo, Binda et Guerra mais à l’époque des pionniers). Sur le podium, on retrouvera à ses côtés Dani Martinez (deuxième à 9’56”) et Geraint Thomas (troisième à 10’24), deux compagnons de voyage dignes mais impuissants. Pour trouver un écart plus grand, il faut remonter 59 ans en arrière ! Il faut remonter au triomphe de Vittorio Adorni en 1965. Ce jour-là, à la Une de la Gazzetta, l’article de Bruno Raschi s’intitulait ainsi : “Adorni, le plus beau rose après celui de Coppi”. Ici, le rose de Pogacar est au moins aussi beau. Ses rivaux le reconnaissent, à commencer par Thomas qui considère comme “un honneur d’avoir affronté celui qui pourrait devenir l’un des plus grands champions de tous les temps”. Mais cela est aussi reconnu par les passionnés qui sont retournés dans les rues du Giro pour applaudir un phénomène. Après tout, comment ne pas l’aimer ? L’autre jour, Tadej a offert à bébé Pellizzari qui lui avait demandé des lunettes après avoir été battu, son maillot rose et un câlin doré. Et hier, l’avez-vous vu sur Grappa quand il a ralenti pour la première fois pour donner un « high five » à un enfant qui l’applaudissait et peu de temps après, il a pris la bouteille d’eau de son masseur et l’a passée directement à un enfant qui le poursuivait ? C’est aussi par ces détails qu’un coureur est jugé… C’est aussi par ces détails qu’encourager devient amour. Vous comprenez maintenant pourquoi ce nœud rose, sur la ligne d’arrivée qui clôture formellement les jeux, est la synthèse élégante du Giro. Tadej n’a pas seulement répondu aux attentes. Il est allé beaucoup plus loin et a commencé à écrire une nouvelle histoire de lui-même. Aujourd’hui, Rome peut étendre ses anciennes armes pour accueillir avec gratitude le nouveau Gentil Cannibale.

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