Sinner-Moutet à Roland-Garros | La nouvelle : Jannik démarre mal puis renverse la situation et s’impose en quatre sets 2-6, 6-3, 6-2, 6-1

Il coule d’abord puis refait surface : après la confusion du début de match, Sinner éteint le spectacle de Moutet et s’envole vers les quarts de finale

(Gaïa Piccardi) Régressé jusqu’à la puberté ou peut-être somnolent pour être resté éveillé jusqu’à l’aube pour voir le spectacle proposé par Djokovic et Musetti, Jannik Sinner est le garçon en confusion mentale qui se livre pour un set le tennis acrobatique et improvisé de Corentin Moutet, le lutin sorti des riches banlieues parisiennes avec les atouts en poche pour compenser le manque de physique du rôle (et parfois, comme le déplore son entraîneur serbe, de motivation : le Français a aussi une disqualification pour conduite antisportive à son palmarès) . Étourdi par les caries et sans la première balle, dommage pour être vrai, le rouge coule mené trois breaks consécutifs (5-0 Moutet), annule trois balles de set, se rend 6-1 en 41′. L’incipit le plus choquant depuis Sinner est Sinner.

Mais justement parce que Sinner est Sinner, c’est-à-dire le numéro 2 mondial impliqué dans l’opération de dépassement du roi Djokovic (qui revient sur le terrain dans l’après-midi contre l’Argentin Francisco Cerundolo), le voilà qui sort du sommeil de la raison et reprendre lentement le contrôle des opérations précédemment déléguées à Moutet, soutenu par l’habituel public parisien chauvin, mais pas aveugle au point de ne pas voir la différence de valeurs sur le terrain. Avec la capacité de persuasion qu’on lui réserverait un chaton persuadé un soir qu’il était un tigreJannik s’attaque à un casse-tête appelé Corentino, récupère immédiatement le break accordé au début du deuxième set, brise l’équilibre au sixième jeu (4-2) retrouvant un semblant de tirs et la capacité de ramener le jeu très personnel de Moutet arsenal – son clapot revient, son service par le bas, mais aussi la générosité de chasser chaque coin aigu, concave et convexe d’un brevilineo très rapide – à ce que c’est : le tennis du monde n°79.

L’affaire a été ramenée au nul (6-3), sans jamais s’éloigner le masque de imperturbabilité (mais après avoir jeté quelques regards désespérés vers la tribune où sont assis les deux entraîneurs, Vagnozzi et Cahill), Sinner retrouve à la fois son rythme et une vitesse de croisière suffisante pour annexer un quatrième tour auquel il ne s’attendait pas, car on vous dira peut-être que Moutet est imprévisible, mais se retrouver face à la cacophonie d’un tennis aussi syncopé peut être assourdissant au début. Dès que Jannik retrouve une profondeur de jeu acceptable, le Français se replie sur les toiles, laissant le terrain à son rival, plus fort, plus puissant, plus tout : le troisième set (6-2) est italien et le quatrième s’ouvre sur un break favorisé par l’habitude de Moutet d’être incassable à certains niveaux, tandis que Sinner marque le cinquième as d’une soirée pas vraiment brillante au service. Mais cela suffit (6-1) pour sortir de la pression française et passer une nouvelle épreuve au vu de moments certainement pires (à l’horizon se profile la tempête attendue en demi-finale : ce Sinner-Alcaraz, revanche sur terre battue du récent match à Indian Wells, les billets seront donc inestimables).

En quarts de finale de Roland Garros, le baron rouge fait appel à une autre vieille connaissance du swing américain à succès : le Bulgare. Grigor Dimitrov, battu sans appel en finale du Master 1000 à Miami (3-1 pour Jannik les précédents), doué pour dompter le Polonais Hurkacz dans une semaine interrompue par le mauvais temps, qui a rendu tout le monde un peu nerveux. «Je ne peux que m’améliorer», dit honnêtement Sinner alors qu’il refait surface des profondeurs, retrouver enfin cette sensation du ballon que Moutet avait brisée. Le sens du tennis de Jannik : il en aura besoin, comme du pain.

PREV GIUNTOLI A PRESQUE COLLECTÉ 20 MILLIONS EN DEUX ÉTAPES, VOICI COMMENT…
NEXT Rugby, les Bersaglieri Sanniti touchent l’accès à la finale nationale à Calvisano (Bs)