Qu’arrivera-t-il aux ordinateurs équipés de Snapdragon X Elite ? Que la nouvelle solution informatique de Qualcomm soit un succès ou non, c’est un tribunal qui décidera de son sort. L’histoire est bien connue : ARM avait demandé à Qualcomm d’annuler tous les projets liés à Snapdragon Qualcomm a déposé une contre-plainte visant ARM tandis qu’ARM, c a demandé que tous les ordinateurs équipés de processeurs Snapdragon X Elite soient détruits.
Retraçons brièvement les étapes et voyons pourquoi on en est arrivé là : Nuvia, une startup composée d’anciens ingénieurs d’Apple, a acheté en 2019 une licence ARM pour le développement d’un cœur destiné aux centres de données. Cette licence a donné à Nuvia la permission de développer son noyau en utilisant le jeu d’instructions ARM, ainsi qu’une variété d’outils de test et de support d’ARM lui-même.
Qualcomm a acquis Nuvia et a décidé d’utiliser le noyau conçu par Nuvia pour créer Snapdragon X Elite maintenant et à l’avenir pour l’inclure dans tous ses produits, des smartphones aux wearables. Selon Qualcomm, ayant acquis Nuvia et étant en possession d’une licence ARM (la société de San Diego est le deuxième meilleur client pour ARM), tous les projets de Nuvia pourraient lui être transmis sans aucun problèmealors que selon ARM non, la licence Qualcomm préexistante a dû être renégociée et n’était absolument pas transférable.
De plus : les conditions de licence acceptées par Nuvia ont été facilitées par le fait qu’il s’agissait d’une startup, et Nuvia a transféré les projets et la licence à Qualcomm. aurait violé ces termes, à tel point qu’ARM a été contraint de révoquer la licence. Avec la révocation de la licence, le « noyau Oryon » développé sous cette licence devient un produit illégal et doit être détruit.
Cette affaire, sur laquelle un tribunal va désormais devoir se prononcer, présente plusieurs facettes. Qualcomm a toujours été l’un des meilleurs clients d’ARM et a acheté ces dernières années des conceptions finies pour ses processeurs à ARM : Qualcomm créait autrefois ses propres cœurs Krait, il utilise désormais le Cortex d’ARM. Qualcomm a toujours payé beaucoup d’argent à ARM pour avoir des conceptions terminéesmais maintenant grâce à Oryon, qui se retrouvera sur chaque produit Qualcomm, la société de San Diego n’aura plus besoin de Cortex.
Ceci, pour ARM, est un problème. Qualcomm voudrait payer uniquement pour la licence ALA, celle qui lui permet d’utiliser exclusivement le jeu d’instructions, mais ARM demande que l’on passe à un nouveau modèle économique qui implique de payer une redevance pour chaque processeur vendu : s’il perd d’un côté, il doit gagner de l’autre.
Qualcomm, fin avril, a contre-attaqué ARM : dans les documents envoyés au tribunal on lit que “ARM a tenté d’entraver les avancées technologiques de Qualcomm dans la conception de processeurs en refusant intentionnellement les outils et la documentation payés par Qualcomm dans le cadre de l’accord de licence d’architecture ARM (« ALA ») et, selon Qualcomm, ARM a également falsifié l’existence de ces matériaux lorsque Qualcomm a également menacé d’y mettre fin. Les licences de Qualcomm (en plus des licences Nuvia déjà résiliées) si elle tentait de faire valoir son droit contractuel d’obtenir les matériaux en question.» Les matériaux en question seraient les outils de vérification et de conception que Qualcomm aurait dû développer de toutes pièces car ARM ne voulait pas fournir ceux qu’il aurait dû fournir de toute façon aux termes de l’accord existant.
C’est un véritable gâchis, et c’est peut-être pour cela que Microsoft s’est tourné vers Mediatek pour l’avenir : Mediatek est l’incarnation d’ARM côté produit, il utilise uniquement les conceptions d’ARM et sera le premier à utiliser les cœurs de calcul ARM récemment annoncés.
Si le tribunal devait se prononcer en faveur d’ARM, Qualcomm serait contraint d’arrêter de développer les cœurs Nuvia et aucun ordinateur équipé de Snapdragon X ne pourrait plus être vendu, mais cela pourrait prendre des années pour parvenir à un verdict. Évidemment, quiconque achète un ordinateur aujourd’hui ne risque rien.
