Au passage de Kerem Shalom, au milieu de l’aide et des plaintes des proches des otages

Au passage de Kerem Shalom, au milieu de l’aide et des plaintes des proches des otages
Au passage de Kerem Shalom, au milieu de l’aide et des plaintes des proches des otages

Kerem Shalom, de notre correspondant. Le terminal de Kerem Shalom est assez fréquenté pour un endroit au milieu de nulle part qui touche l’Égypte et la bande de Gaza. La majeure partie de l’aide humanitaire destinée aux Palestiniens passe par ici, elle a la forme d’une bouche ouverte. Rafah est à proximité, on entend de temps en temps son bruit, les camions pleins d’aide arrivent, se garent, repartent, se dirigent vers la bande de Gaza. Le premier effort pour approvisionner Gaza en nourriture commence ici. Jusqu’à quatre cents camions passent chaque jour, certains sont de l’aide humanitaire, d’autres sont des produits vendus à l’intérieur de la bande de Gaza et les chauffeurs de camion, lorsqu’ils doivent choisir quoi apporter, qu’il s’agisse d’aide ou de marchandises à vendre, choisissent ces dernières : des entreprises privées. payer au moins le triple pour le transport et, quelle que soit la manière dont Israël décide d’exploiter le passage, ce qu’il faut livrer est à la discrétion de ceux qui possèdent les camions.

Selon les Nations Unies, depuis le début de l’opération dans le sud de la bande de Gaza et la prise de contrôle par Israël de la partie palestinienne du passage de Rafah, les livraisons de marchandises ont diminué des deux tiers, deuxième Simon Friedman, porte-parole de Cogat, l’unité qui s’occupe de la coordination du passage, le problème est au-delà, au moment où Kerem Shalom cesse d’être une affaire israélienne et devient une affaire de l’UNRWA, tous les efforts sont perdus, le temps passe, les marchandises restent vides. La pointe israélienne du passage est gardée par des soldats qui contrôlent les camions avec des hommes de sécurité qui répondent au ministère de la Défense, ils n’ont pas d’insignes, ils ne parlent pas, l’un d’eux pointe : “Là, là, le tzir de Philadelphie y a-t-il “. Il détourne le regard attentif à la fumée de Gaza et montre l’Égypte et le couloir qui avance le long de la frontière avec Israël sous lequel tout ce qui n’est pas dit circule entre le Caire et Jérusalem : les tunnels creusés par le Hamas qui arrivent dans la Bande. Kerem Shalom, c’est le choc entre trois mondes qui ont tenté de se rapprocher, le point de contact obligé entre trois voisins qui ont renoncé à se comprendre, tout au plus se sont-ils rapprochés par commodité, ont parlé par nécessité.

Mais Kerem Shalom entre ses hauts murs en béton armé, sous un soleil impitoyable, parmi les roquettes du Hamas qui volent et traversent, parmi les attaques de Tsahal à Rafah, c’est le lieu où Israël sait que se mesure son engagement à nourrir Gaza, ici l’isolement international est remis en question, ici il est montré qu’Israël est occupé à envoyer de la nourriture, du carburant et des médicaments vers la bande de Gaza. Pendant que les camions passent les uns derrière les autres, en rugissant, en grinçant sous le poids de leurs cartons, il y a des bagarres là-bas, il y a Rafah, la ville est considérée comme le dernier avant-poste de quatre bataillons du Hamas. Certains des otages sont là, à quelques kilomètres de là, et c’est pour cela que la famille de l’un d’entre eux n’est arrivée à ce point nulle part. Ils ont apporté un gâteau bleu, comme s’il s’agissait d’une fête d’enfant, avec deux bougies dessus : 2 et 4, Eitan Mor, pris en otage le 7 octobre, fête son anniversaire. Lorsque le Hamas a attaqué Israël, Eitan a travaillé comme garde au Nova Festival est originaire de Kiryat Harba, une colonie près d’Hébron, de l’autre côté d’Israël par rapport à Kerem Shalom. Ses proches viennent au passage presque tous les jours. La famille est nombreuse, ils ont apporté des drapeaux israéliens, ils les agitent et chantent : ils tiennent le portrait d’Eitan, ils s’approchent de la porte du col, pendant que les soldats tentent de le fermer. Le père porte un fusil et un panier contenant un pot de Nutella, du dentifrice, une brosse à dents, une pomme, un sachet de café, du papier toilette : “Nous envoyons de l’aide aux Palestiniens, mon fils n’a rien, c’est ce qu’il devrait avoir. Je ne suis pas là pour arrêter les camions, certainement pas aujourd’hui, aujourd’hui il y a le gâteau, il y a le souvenir, de temps en temps ils crient “Eitan!”, avec un “a” plaintif, allongé pour l’envoyer jusqu’au bout à travers le col.

Ils ne sont pas là pour revoir le garçon, ils n’espèrent presque même pas le revoir, ils ne nous parlent même pas avec les familles qui demandent au gouvernement de ramener les otages chez eux, ils demandent le contraire : tout faire sans penser aux otages, sans penser à leur fils. « Il faut éliminer le Hamas, un accord ? – demande le père abasourdi – nous ne pouvons pas parler aux terroristes, nous devons les vaincre. Toute cette barbarie vous touchera aussi, elle touchera aussi d’autres pays si nous ne l’arrêtons pas ici. » Il ne cède pas, il regarde droit dans les yeux en le disant et derrière ses propos il veut expliquer qu’il a déjà choisi entre l’avenir de son fils et celui de son pays et il est tellement sûr d’avoir raison qu’il sent que son fils pense comme lui aussi. Sa femme a également choisi entre Eitan et la campagne. Pourtant, cet Eitaaaan de lamentation qu’on entend de temps en temps est le sien, il regarde Gaza et crie « Mazal tov, Eitan, Mazel tov ». Ses frères la suivent, son mari la suit : « Eitaaan, mazel tov ». Lever le gâteau pour l’anniversaire d’un enfant, il a les mêmes couleurs que le drapeau d’Israël : ils ont choisi, dit-on.

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