France, confinement des pharmacies hier : 18 mille sur 20 mille fermés, 30 mille pharmaciens dans la rue

France, confinement des pharmacies hier : 18 mille sur 20 mille fermés, 30 mille pharmaciens dans la rue
France, confinement des pharmacies hier : 18 mille sur 20 mille fermés, 30 mille pharmaciens dans la rue

Rome, le 31 mai – Les volets ont été baissés hier pour 18 mille pharmacies sur les 20 mille ouvertes en France. Aucune mobilisation de cette catégorie n’avait jamais produit un résultat aussi massif auparavant. Et le nombre de personnes se joignant à la grève déclenchée par les syndicats (l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine, USPO, et la Fédération des syndicats pharmaceutiques français, FSPF, parlent d’un total de 30 000 professionnels qui, en plus de fermer leurs portes, sont descendus dans la rue dans tout le pays) donne une idée de la exaspération et colère des pharmaciens outre-Alpes.

À titre de comparaison, le nombre de manifestants défilant dans les rues de toutes les villes françaises est plus de six fois supérieur. à la dernière grande mobilisation de 2014. Une protestation aussi éclatante est évidemment le résultat d’un mécontentement qui vient de loin et qui a de nombreuses causes, parmi lesquelles le nombre croissant de pharmacies contraintes de fermer parce qu’elles sont devenues économiquement insoutenables, la pénurie persistante de médicaments, l’insuffisance rémunération, la disparition progressive des prescripteurs, des tarifs en constante augmentation et des risques de dérégulation de la vente en ligne. Des raisons que les pharmaciens ont voulu exprimer en fermant leurs commerces et en brandissant des pancartes de protestation défilées sur les places et dans les rues partout en France, à Paris, Lille, Lyon, Limoges, Nantes, Angers, Tours, Rennes et bien d’autres villes françaises. Des milliers de pharmaciens ont défilé dans les rues, manifestant devant les préfectures et les bureaux des CPAM (Caisses primaires d’assurance maladie) pour interpeller les pouvoirs publics sur les difficultés rencontrées par les pharmacies.

Ils scandaient des slogans comme “Fermeacides en carence, patients à l’agonieà”, « Pour continuer à traiter votre AVC, scAllons travailler”, « Pharmacies en danger, soins de santé menacés » et d’innombrables autres, comme celles criées par un pharmacien d’Arnouville (Val-d’Oise) Berthe Gokoyoprésent au cortège de la capitale : « Nous ne sommes pas là pour nos caisses, mais pour nos patients »c’est toujours « La France produit des médicaments. Que les laboratoires servent d’abord la France !.

La mobilisation a également été forte en province. Il y a un mois, une autre pharmacie fermait à Limoges. Nous avons atteint un point de non-retour, la situation de la profession est tout simplement dramatique” il prétend Marion Lemairecoprésident du syndicat des pharmaciens de Haute-Vienne, qui a défilé avec environ 400 personnes à Limoges.

Isabelle Paillerqui exerce son métier à Bellac (Haute-Vienne) depuis 30 ans, a déclaré à l’agence AFP ça perd « Une énergie folle chaque jour pour essayer de trouver des médicaments » qui manquent à ses patients. « Nous devons arrêter de traiter les diabétiques parce que nous manquons de produits injectables, Vérité. Nous passons une heure et demie à deux heures par jour, avec mon équipe, à appeler les médecins, le CHU, les laboratoires !

Dans la Bocche dle Rodannée, 650 pharmacies sont restées fermées, dont 330 rien qu’à Marseille, soit 95% des commerces selon le président de l’ordre des pharmaciens du département, Stéphane Pichon. Parmi les milliers de pharmaciens rassemblés sur le parvis de la préfecture des Bouches-du-Rhône à Marseille, Laurence Reignier il prétend être épuisé par la lutte quotidienne « procurer des médicaments aux patients », avec “l’impression d’être un marchand de tapis”.

La manifestation a rassemblé tous les représentants de la profession : syndicats, associations de pharmaciens, étudiants. Les pharmacies ont été sommées par décision préfectorale de garantir une disponibilité pharmaceutique obligatoire. La plupart des pharmacies ont informé leurs clients via des e-mails, des écrans ou des affiches affichées dans leurs vitrines. Les syndicats réclament une augmentation des salaires à partir de 2025, invoquant l’inflation qui pèse sur les coûts.

Les dernières propositionsLes apports de l’assurance maladie, dans le cadre des négociations conventionnelles entamées fin 2023, sont jugés totalement insuffisants. Les représentants des pharmaciens – il l’a fait savoir Philippe Bessetprésident de la Fspf (sur la photo) – sera convoqué leLe 5 juin pour un «réunion finale” avec une assurance maladie.

Outre l’aspect financier, ce qui inquiète la profession, comme en 2014, c’est aussi la possible volonté de libéraliser la vente en ligne de médicaments sans ordonnance. “Il y a tous les éléments pour tuer le réseau des pharmacies”, qui emploient au total 130 000 personnes, prévient-il Pierre-Olivier Variotprésident de l’USPO.

Du monde politique, il y a des invitations au calme et à la réflexion, comme toujours déclaré à l’APF par Marc Ferracciéconomiste et membre de Renaissance, le parti du président français Emmanuel Macron. Ferracci rappelle que Une réflexion est en cours pour assouplir ou non les règles de vente en ligne de médicaments sans ordonnance, mais elle n’est en aucun cas remise en question. « le principe du monopole » des pharmaciens. “Il ne s’agit pas d’ouvrir quoi que ce soit à la grande distribution ou de mettre des médicaments sur Amazon, cela n’a pas de sens”assure Ferracci, pour qui il faut mettre fin aux rumeurs à ce sujet – qu’il définit « spéculations » – qui ont fait la une de la presse spécialisée ces dernières semaines.

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