Chypre et Egypte, comment fonctionne l’alliance gazière

Le lien entre énergie et guerre est (malheureusement) solide : Gaza a provoqué la fermeture de la plateforme gazière Tamar, qui produit environ 10 milliards de mètres cubes de gaz, tandis que la production de gaz en Israël a chuté de près de 50 % en raison des répercussions de la guerre. Les deux îles heureuses, Le Caire et Nicosie, ont donc une belle opportunité devant elles

04/06/2024

D’un côté la guerre à Gaza qui a contraint Israël à revoir ses chiffres dans le secteur énergétique, de l’autre des pays comme Chypre et l’Egypte étaient déjà occupés depuis un certain temps à renforcer leur position globale dans le dossier énergétique (où un sujet très controversé calibre opère dans le monde entier comme Eni) à la lumière des énormes gisements découverts en Méditerranée orientale. Aujourd’hui, ils misent encore plus sur le gaz, en attendant de comprendre si le projet de gazoduc EastMed est définitivement abandonné et si le mini-gazoduc Chypre-Israël verra le jour en cas de trêve. En arrière-plan, le plan Mattei, qui, précisément dans le domaine énergétique, présente des lignes directrices précises.

Chypre ici

Chypre pourrait produire du gaz naturel dès 2026 : selon les propos du ministre de l’Énergie de Nicosie, Georges Papanastasiou, sont utiles pour comprendre comment l’île de l’extrême est de la Méditerranée augmente progressivement son poids spécifique dans le secteur énergétique. La première découverte de gaz offshore remonte à 2011 tandis que la dernière date de 2022, grâce au partenariat entre l’italien Eni et le français TotalEnergies. Depuis 2007, le pays a attribué aux plus grandes entités spécialisées mondiales une série de licences d’exploration pour 13 blocs d’exploration offshore. Le résultat global parle d’un marché avec un potentiel considérable et des répercussions géopolitiques tout aussi importantes, car il augmente considérablement les options d’approvisionnement pour l’Europe.

La référence du ministre est celle de Kronos, un champ contenant environ 2,5 billions de pieds cubes (tcf) de gaz : lorsqu’il sera disponible, le gaz sera probablement envoyé vers les usines d’Eni à Zohr, en Égypte, situées à environ 70 kilomètres de là. Et c’est précisément à la lumière des distances loin d’être prohibitives entre les champs et les pays concernés qu’a été imaginé un projet d’infrastructure (EastMed) associant Chypre, la Grèce, l’Italie et Israël : les doutes d’avant-guerre sur les coûts et le manque de volonté politique l’accord d’ingérence turque n’a jamais défini les contours de l’opération.

C’est l’Egypte

Depuis cinq ans maintenant, l’Égypte est parvenue à l’autosuffisance en matière de production de gaz pour répondre à la demande intérieure, et a également importé environ six milliards de mètres cubes de gaz en 2022 d’Israël, en convertissant une partie en gaz naturel liquéfié puis en l’exportant vers l’Europe. Au total, il contribue à 5 % des besoins en gaz naturel de l’Europe. Depuis 2020, Israël a fourni la quasi-totalité de l’approvisionnement en gaz naturel de la Jordanie et entre 5 et 10 % de celui de l’Égypte, selon les données publiées par S&P Commodity Insights.

Les perspectives pour l’Égypte sont très encourageantes, car Energean augmente ses ressources en gaz dans l’offshore égyptien d’Abu Qir, le dernier forage dans le delta du Nil occidental s’étant avéré contenir plus de gaz que prévu.

Par ailleurs, selon ce qui a été annoncé lors du forum Invest in African Energy (IAE) à Paris par Mohamed Fouad, PDG d’Egypt Oil & Gas, secrétaire général de l’Association égyptienne du gaz, le Caire devrait fusionner les ministères du pétrole et des énergies renouvelables, créant ainsi un ministère de l’Énergie intégré pour rationaliser les opérations et les réglementations du secteur. Le choix est commun à plusieurs pays d’Afrique du Nord qui ont cerclé en rouge un nouvel objectif à un niveau stratégique : se concentrer sur un mix énergétique intégré, qui inclut un équilibre entre hydrocarbures et ressources énergétiques renouvelables.

Nœud de Gaza

Pour le moment, le seul problème est la guerre à Gaza, qui, selon Standard & Poor’s, pourrait être un facteur de pénurie à long terme de l’approvisionnement en gaz. L’agence observe dans un document ad hoc que “la guerre se limitera en grande partie à Israël et à Gaza et ne durera pas plus de trois à six mois”, mais en cas d’escalade possible au-delà des frontières israéliennes, les exportations de gaz israélien pourraient s’arrêter. complètement. Et nous ne pensons pas que de nombreux producteurs du Conseil de coopération du Golfe (CCG) pourraient combler cette lacune, car la majeure partie de leur production de gaz est déjà sous contrat. »

Le raisonnement de Standard & Poor’s est que si la guerre reste concentrée à Gaza, elle aura peu d’impact sur les voisins d’Israël, « mais si elle s’étend aux principaux canaux de distribution, à notre avis l’Egypte – qui rationne déjà son gaz – pourrait avoir des difficultés à moyen terme. “. L’agence a abaissé la note souveraine à long terme de l’Égypte en devises étrangères et en monnaie locale de « B » à « B- » le 20 octobre, mais les perspectives restent stables.

La guerre a également provoqué la fermeture de la plateforme gazière Tamar, qui produit environ 10 milliards de mètres cubes de gaz, dont environ 85 % sont utilisés pour le marché intérieur israélien, et environ 15 % du reste est exporté vers la Jordanie pour produire de l’électricité et L’Egypte pour le liquéfier et l’exporter vers l’Europe. La production de gaz en Israël a chuté de près de 50 % en raison des répercussions de la guerre.

Autres joueurs

Parmi les acteurs régionaux actifs, le Maroc est également impliqué dans la construction du gazoduc avec le Nigeria, une avancée infrastructurelle pour relier les gisements de gaz du Nigeria aux marchés internationaux à travers le Maroc, traversant 11 pays d’Afrique de l’Ouest. Le travail vise à démontrer le succès de la collaboration transfrontalière et du développement des infrastructures en Afrique.

Tout le monde s’accorde à dire que l’Afrique se trouve dans une phase cruciale de son développement énergétique, puisqu’elle vise d’une part à accroître ses approvisionnements énergétiques pour atteindre les objectifs d’électrification et d’industrialisation, et d’autre part à structurer une plus grande entente avec les partenaires internationaux pour une opération gagnant-gagnant. C’est-à-dire l’idée programmatique contenue dans le Plan Mattei, afin d’obtenir un mix énergétique et politique le plus équilibré possible.

@FDepalo

PREV A Quiet Place – Critique du film Jour 1 de Michael Sarnoski
NEXT faire la queue malgré la chaleur