La réaction à laquelle on ne s’attend pas de la part des marchés. Qu’est-ce qui fait monter le spread ?

La réaction à laquelle on ne s’attend pas de la part des marchés. Qu’est-ce qui fait monter le spread ?
La réaction à laquelle on ne s’attend pas de la part des marchés. Qu’est-ce qui fait monter le spread ?

Ce qui ressort des sondages est une Italie politiquement plus forte, bien sûr, mais aussi une Europe plus « extrême » et probablement moins encline à se montrer patiente avec ceux qui ferment la marche. Il y a ces deux forces opposées dans les scénarios dessinés (et valorisés) hier par les marchés financiers, immédiatement après le vote européen : celui qui en a payé le prix, c’est d’abord l’euro, qui a chuté face au dollar, mais aussi les obligations d’État avec spreads associés. Les marchés n’ont pas toujours raison, mais les raisonnements un peu brutaux auxquels ils sont habitués, notamment à l’ère des algorithmes, peuvent inspirer des réflexions qui dépassent le cadre financier. Depuis hier, compte tenu du choc électoral, toute l’Europe est considérée comme un peu moins fiable que la semaine dernière, et sur la base de cette considération, toutes les principales obligations d’État du continent ont vu leurs taux d’intérêt augmenter. Mais certains ont souffert plus que d’autres : la France, au centre du séisme politique le plus marqué, mais aussi l’Italie. En effet, l’écart entre le rendement du BTP à 10 ans et celui du Bund allemand, indicateur par définition de notre risque, est monté à 140 points (maximum depuis fin 2023) et le taux s’est consolidé au-dessus de 4%.

Qu’est-ce qui pousse les investisseurs à être sceptiques face à un pays qui, pour une fois, a donné des signaux sans équivoque et fondés sur la stabilité ? Le problème n’est pas l’Italie, mais le contexte dans lequel elle devra composer. Une Union européenne certes plus incertaine, où la majorité Ursula semble capable de tenir mais avec des dirigeants affaiblis, qui ne peuvent manquer de mieux prendre en compte les pressions centrifuges de la montée de la droite et le manque d’enthousiasme pour des options clés comme la dette commune. . Moralité : le risque d’une Europe moins disposée à faire des rabais, ou moins tolérante envers ceux qui apportent avec elles les pires fondamentaux économiques. À commencer par l’Italie elle-même avec son ratio dette/PIB de 137,3%, juste derrière celui de la Grèce (qui peut elle aussi compter sur un spread plus faible depuis un certain temps).

Aussi parce que, raisonnent les marchés, il y a plus à faire. Jusqu’à présent, l’Italie, comme le reste de l’Europe et au-delà, a bénéficié d’un climat de marché d’une surprenante stabilité, dans lequel la croissance économique, bien que ralentissant (on parlait hier d’un possible +1% du PIB en 2024), était jugée plus que suffisant pour dissiper toute crainte de soutenabilité des finances publiques à moyen et long terme : la confirmation se trouve dans les notations, intactes depuis deux ans, et dans un spread proche des plus bas historiques jusqu’à avant-hier. Pourtant, une musique vouée à changer pour plusieurs raisons. A côté des inconnues politiques des prochains mois, lorsque seront définis les rapports de force et l’équilibre politique au sein de la future Commission, d’autres variables destinées à peser sur le BTP, à commencer par la réduction continue du programme d’achat par la BCE. et le possible désalignement des politiques monétaires avec celles de la Fed.

Une Italie plus tonique sera alors très probablement confrontée à une épreuve de plus en plus exigeante sur les marchés. Un test de résistance, pour évaluer la stabilité politique mais aussi et surtout financière, treize ans après la crise de la dette souveraine et douze ans après le “quoi qu’il en coûte” de Mario Draghi, qui – avec le discours le plus politique jamais vu de la part d’un banquier central – a fait il est clair que le processus d’intégration européenne basé sur l’euro n’est pas menacé. Le vote du week-end remet tout en question, y compris les certitudes granitiques sur lesquelles les marchés ont bâti leur confiance ces dernières années. Et qui devra désormais être réargumenté, au niveau communautaire mais aussi national. Disposer d’un leadership fort pourrait s’avérer d’une grande aide, mais entre-temps, un premier petit signal est arrivé des marchés.

PREV Boffi|DePadova, Compasso d’Oro pour l’ensemble de sa carrière à Gavazzi
NEXT Israël-Hamas, 260e jour de guerre : l’actualité en direct