![Devons-nous réduire les chiffres ? EN ITALIE, LE « TOURNAGE À DROITE » N’ÉTAIT PAS HIER, MAIS IL Y A 5 ANS – Brescia Anticapitalista](https://fr.italy24.press/temp/resized/medium_2024-06-11-1acafc5573.jpg)
En effet, dans un certain sens, certains symptômes vont à contre-courant de la tendance.
Il est de moins en moins logique de commenter les résultats électoraux : lorsque 95 % des personnes ayant le droit de vote ont voté (à l’époque de la soi-disant « Première République », alors qu’un système électoral démocratique était en vigueur, mais avec de nombreuses limites) on pouvait vraiment « prendre le pouls » de l’orientation politique (et idéologique) du peuple. Même après 1994, avec les divers systèmes d’escroquerie conçus par des politiciens bien payés pour entraver la participation populaire, pendant quelques années, bien que diminuant, la majorité des gens sont allés voter. Nous avons désormais dépassé la barre fatidique des 50 % d’abstention : alors que nous étions probablement le pays le plus politisé d’Europe (années 1970), nous sommes tombés plus ou moins à la dernière place. Mais ce n’est pas le moment de remettre en question les racines politico-sociales de la catastrophe italienne. Je préfère laisser les chiffres parler d’eux-mêmes.
correspondre | Votes 24 (x 1000) | %24 | Votes 22 (x 1000) | %22 | Différence 24/22 | Votes 19 (x 1000) | % 19 | Différence 24/19 |
FdI | 6704 | 28,7 | 7301 | 26 | -597 | 1726 | 6.5 | 4978 |
FI+Nous modérons | 2238 | 9.6 | 2534 | 9.0 | -296 | 2352 | 8.8 | -114 |
Ligue | 2095 | 9.0 | 2470 | 8.8 | -375 | 9175 | 34.3 | -7080 |
D’autres ont raison | 0 | 0 | 201 | 0,7 | -201 | 240 | 0,9 | -240 |
DROIT | 11037 | 47.3 | 12506 | 44,5 | -1469 | 13493 | 50,5 | -2456 |
PD | 5604 | 24.1 | 5349 | 19,0 | 255 | 6089 | 22,7 | -485 |
M5S | 2325 | 10,0 | 4335 | 15.4 | -2010 | 4569 | 17.1 | -2244 |
AVS* | 1566 | 6.7 | 1022 | 3.6 | 544 | 621 | 2,3 | 945 |
LARGE CHAMP (CS) | 9495 | 40,8 | 10706 | 38,0 | -1211 | 11279 | 42.1 | -1784 |
Paix, Terre, Dignité | 513 | 2.2 | **403 | 1.4 | 110 | **470 | 1.8 | 43 |
États-Unis d’Europe | 876 | 3.8 | ***833 | 3.1 | 44 | |||
Nous sommes européens | 779 | 3.1 | 779 | |||||
“CENTRE” | 1655 | 6.9 | ***2983 | 10.6 | -1328 | 833 | 3.1 | 825 |
*En 2019, seuls les Verts, car la gauche italienne s’est présentée avec le PRC
**En 2022 Union Populaire. En 2019 La Gauche (RPC + SI)
***En 2022 Action, plus d’Italia Viva, et Più Europa (allié cependant au PD). En 2019, le seul Plus d’Europe
Comme on peut facilement le constater, par rapport aux politiques de 1922, les seuls à avoir gagné des voix (malgré la baisse du nombre d’électeurs) sont ceux de l’Alleanza Verdi et de Sinistra (qui ont presque doublé en pourcentage). Le PD gagne aussi un peu, ainsi que la “Liste Santoro” (que j’ai arbitrairement comparée aux résultats de l’Unione Popolare, compte tenu du poids de Rifondazione Comunista dans les deux listes). La droite perd, y compris les présumés « gagnants » méloniens, avec une baisse d’un million et demi de voix, qui devient 2 millions et demi par rapport à 2019. Le « grand champ » de centre-gauche perd en raison de l’effondrement des Cinq. Star Movement, tandis que les deux autres “partenaires”, comme je l’ai dit plus haut, peuvent revendiquer la victoire (celui qui est satisfait profite, comme le chante Ligabue), même par rapport aux précédents européens. Le « centre » libéral perd aussi (Calendiens, Renziens, anciens radicaux, etc.) qui rivalise avec les « grillini » pour la primauté des vaincus. En fin de compte, le virage à droite ne me semble pas aussi clair qu’il le paraît aux médias du régime. Ou plutôt, le tournant réactionnaire apparu lors des urnes il y a 5 ans se consolide, avec le passage de relais, déjà intervenu en 2022, de la Ligue Salvini aux postfascistes meloniens. Une droite qui est non seulement minoritaire dans le pays (les petits frères d’Italie représentent environ 13% des ayants droit de vote), mais même pas majoritaire parmi ceux qui veulent encore se rendre aux urnes, contrairement à il y a 5 ans. Les craquements du groupe réactionnaire qui gouverne illégalement l’Italie se font sentir, indépendamment de ce que disent le nouveau souriant Meloni, l’ineffable Tajani ou le triste Salvini. Nous verrons si quelqu’un pourra profiter de ces craquements.
Vittorio Sergi