“Appel à la paix et à l’humanité à l’ère de l’intelligence artificielle”

Les débuts du pape François au G7 dans les belles Pouilles sont prévus vendredi. La Première ministre Giorgia Meloni fera les honneurs. Au cours du forum, le Pontife exprimera son opinion sur certains sujets tels que les guerres actuelles, la Méditerranée, l’Afrique, les relations avec Pecchino et les défis de l’Intelligence Artificielle. La partecipazione di Papa Francesco all’evento, senza precedenti, sembra mandare un segnale molto chiaro a tutto il mondo: “Parleremo di intelligenza artificiale e anche di pace. Avrò incontri bilaterali, ci sono richieste da parte di sette capi di stato. Li incontrerò tous”. La présence du Pape est importante, précisément en tant qu’autorité morale qui appelle les gouvernements à prendre à cœur la nécessité d’exiger de la part des entreprises innovantes une approche plus respectueuse de l’humain.

Nous nous sommes rencontrés Jean le Trident professeur de l’Université pontificale de la Sainte Croix et auteur du livre Âme numérique. L’Église à l’épreuve de l’Intelligence Artificielle.

Jean le Trident

Jean le Trident

L’IA n’est pas une affaire d’avenir lointain, elle est déjà parmi nous. Qu’est-ce que l’intelligence artificielle ?

Il existe différentes définitions. Il s’agit d’un système complexe qui influence de nombreux domaines, de la communication aux soins de santé, en passant par les sciences et les technologies. Si nous voulions trouver une définition quelque peu univoque, nous pourrions dire qu’il s’agit d’une discipline de l’informatique qui s’occupe du développement d’algorithmes et de logiciels permettant aux machines d’effectuer des activités qui imitent l’intelligence humaine. En pensant par exemple à l’IA générative, nous disposons d’artefacts capables de comprendre le langage naturel, de reconnaître des images et des sons et, dans certains cas, de prendre des décisions sur des problèmes dits complexes. Mais ils sont toujours liés au calcul mathématique et probabiliste.

A l’ordre du jour de la présidence italienne du G7, à laquelle participera le Saint-Père, nous parlerons de l’IA. Quelles opportunités et défis dans le domaine de la communication ?

En matière de communication, je dis que le défi important est d’apprendre comment fonctionnent ces machines. Le communicateur doit savoir utiliser et explorer correctement cette technologie. En même temps, il a pour tâche de bien expliquer au public l’utilisation de la technologie, en présentant les avantages dont les gens peuvent bénéficier pour améliorer leur vie. Certes, les problèmes, les effets et les risques seront exposés mais il ne faut pas occulter les opportunités qui découlent de l’utilisation de ces machines. Il y a certainement un avantage.

Le pape François a soulevé quelques réflexions sur le changement culturel actuel : la technologie et les guerres. Y a-t-il un risque que l’être humain et le bien commun ne soient pas mis au centre ?

Le risque fondamental est certainement lié à trop pencher et à consacrer trop d’énergie au profit exclusif. Les grandes entreprises de développement technologique, qui sont actuellement peu nombreuses, mais qui collectent tous les investissements du secteur, agissent évidemment en répondant aux critères qu’elles jugent les plus appropriés. Cependant, si ces critères se concentrent exclusivement sur la génération de profits, il sera difficile de donner la priorité à tous les citoyens et d’assurer l’équité sociale, en particulier envers les populations qui luttent le plus pour se développer.

Pensez-vous que la présence du pape François au G7 est prévue justement pour donner une vision plus humaine à cette réalité ?

Le souci du Pape est de faire en sorte que ce développement non seulement soit lié aux entreprises technologiques, mais qu’il entre avec force dans le monde entier de la recherche, donc dans les lieux où les gens pensent et raisonnent. En plus évidemment du système de gouvernements et des citoyens individuels, qui doivent être capables de dire quel type de technologie et quelle utilisation ils souhaitent pour leur propre bien. On risque d’oublier le bien exclusif de la personne et de privilégier les intérêts de quelques-uns, qui sont essentiellement des intérêts économiques aux mains de quelques entreprises.

POIGNÉE

Rencontre entre Giorgia Meloni et le pape François

En quels termes l’Église souhaite-t-elle que soit respectée la centralité de l’être humain ?

Il le dit par exemple dans l’Appel de Rome pour l’éthique de l’IA. Ce document, signé en 2020, contient 7 principes fondamentaux qui sont ceux de transparence, d’inclusion, de responsabilité, d’impartialité, de fiabilité et de sécurité. C’est pourquoi l’Église demande que tous les systèmes technologiques avancés soient développés et suivent ces principes, en fournissant des systèmes ouverts, exempts de préjugés et de prévoyance envers les crimes contre la vie privée. Ce sont autant de questions que ceux qui se concentrent uniquement sur le profit pourraient très bien passer sous silence.

L’Église a consacré des journées entières à l’IA. Le gouvernement actuel a créé une commission sur le sujet. Existe-t-il une alliance, une diplomatie numérique inédite entre l’État et l’Église ?

Le fait que le pape François ait été invité par le gouvernement à être présent au G7 démontre qu’il existe un intérêt à écouter la voix de l’Église sur les principes fondamentaux qui doivent accompagner le développement éthique de ces technologies. L’alliance sera créée lorsque cette rencontre ne restera pas une simple question de courtoisie diplomatique. Le développement de l’IA est complexe et touche de nombreux domaines et secteurs ; les gouvernements eux-mêmes éprouvent de nombreuses difficultés à la réglementer. D’un côté, il est utile de favoriser la concurrence et l’innovation technologique, mais de l’autre, les droits des citoyens doivent être préservés.

Y a-t-il un risque pour le monde de la communication, notamment pour le journalisme, de se retrouver sans travail ?

Le risque de remplacer les types et les méthodes de travail journalistique et de communication est non seulement concevable, mais concret. Pensons à la possibilité de créer des scénarios, de synthétiser des textes, d’écrire des histoires à partir de zéro, de créer un article avec une écriture fluide et rapide, sans erreurs, en saisissant seulement quelques données. Nous devons reconvertir le rôle du journalisme vers ce qu’il a toujours été depuis le début : une bonne documentation, de bonnes sources, un contrôle final sur les produits semi-finis qui fabriqueront les machines. Ceux qui imaginent une profession statique et peu habituée aux fluctuations continues devront donc surmonter cette approche.

L’Église a commencé à parler de l’utilisation des technologies dans la communication à partir de saint Paul VI. Pourquoi la présence du Pape au G7 est-elle importante ?

La présence du Pape au G7 est importante, précisément en tant qu’autorité morale qui appelle les institutions à prendre à cœur la nécessité d’exiger une approche plus respectueuse de l’humain de la part de tous les acteurs impliqués dans le domaine de l’innovation. Il faut donc aussi demander aux gouvernements de réglementer ces systèmes toujours en vue de favoriser le plus grand bien des personnes, dans un équilibre qui ne se fasse pas au détriment du développement technologique et de l’économie du pays.

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