La longue nuit du colonialisme, rencontre avec Christophe Boltanski

Les racines du monde dans lequel nous vivons aujourd’hui se trouvent dans les territoires de Histoire de l’homme, plus ou moins récent, plus ou moins lumineux. Malheureusement, ce sont souvent des lieux peu exploités, voire complètement oubliés, supprimés avec le débat sur les causes de certaines incohérences contemporaines. Cependant, ce qu’on ne peut vraiment pas faire avec certaines zones sombres qui rassemblent la mémoire des malheurs de l’humanité, c’est pardonner. Aucune amnistie, par exemple, ni aucune grâce ne pourront jamais sauver l’histoire coloniale européenne effrénée qui a détruit des générations d’hommes et d’environnements, et avec eux les meilleures possibilités de développement et de croissance socio-économique en Afrique et au Proche-Orient, c’est-à-dire les zones les plus critiques de la planète en ce troisième millénaire. Et notamment lors de la rencontre à Lecce avec Christophe Boltanski nous parlerons du massacre commis au Congo par le féroce roi Léopold II de Belgique et le roi Kasaï, le plus bel éléphant de tous les temps, embaumé comme un trophée de la défaite de l’humanité. Pour approfondir ces questions, la rencontre avec « Roi Kasaï Une nuit coloniale au cœur de l’Europe » (Ajouter éditeur ; 132 pages ; 18 euros) le nouveau livre de l’écrivain et journaliste français Boltanski convient : ce sera à 19 heures. au Cloître des Augustins de Lecce. « Roi Kasaï » commence par une nuit passée par Boltanski à l’intérieur du Musée de l’Afrique, anciennement Musée Royal de l’Afrique Centrale, une structure grandiose qui n’est pourtant pas située sur le continent africain, mais dans la région de Tervuren en Belgique (le volume peut être retracé retour à la série « Ma nuit au musée » créée par les éditions françaises Stock qui invite les écrivains à passer une nuit dans un musée).

C’est un lieu majestueux, né lors de l’exposition universelle de 1897 comme temple célébrant la grandeur de l’entreprise coloniale de l’empire belge menée avec avidité et surtout destruction incontrôlée par Léopold II, régnant en Belgique de 1865 à 1909. En réalité, c’était une entreprise très personnelle que celle de ce roi qui, comme le dictateur de Chaplin, le globe à la main, pointait du doigt un seul point « blanc » laissé libre en Afrique, c’est-à-dire « une fissure au sein d’un continent encore mystérieux ». » écrit Boltanski. C’était le Congo et il décida qu’il deviendrait “sa” part du gâteau dans la course à la conquête des colonies, alors que les Belges n’en avaient ni besoin ni envie. L’histoire racontée dans les pages du livre démontrera la cruauté inimaginable à laquelle fut soumise la population locale, dont le martyre impliquait des chiffres tels que 10 millions de morts et le même nombre de millions d’esclaves (y compris beaucoup privés d’une main lorsqu’ils ne satisfaisaient pas la quantité de caoutchouc demandé par le roi) et viols systématiques. « Il y a ceux qui exposent au public des ours ou des singes dressés – écrit Boltanski – le deuxième roi des Belges exhibait des êtres humains. Dans son monde de démesure, tout frise la caricature : l’épaisse barbe rasée, la taille du géant (un mètre quatre-vingt-quinze), la dolichocéphalie, le nez saillant “qui déforme son visage”, répète inconsolable la reine mère, la cupidité ( il était capable d’avaler deux pintades dans le même repas) et le fruit d’une faim insatiable et des ambitions qui l’animent : son empire. Dès son plus jeune âge, il aspire aux grands espaces. Il trouve son royaume de poche étouffant et cherche un moyen de s’affranchir d’une Constitution qui le condamne à un rôle purement cosmétique. Il souhaite conquérir de nouveaux territoires non pas au nom de la Belgique, qui n’en veut pas, mais à titre personnel. Il rêve de richesses et plus encore d’un pouvoir qu’il ne possède pas. Il commence alors à enquêter, à interroger ses correspondants. Il n’a pas l’âme d’un explorateur, mais celle d’un flibustier. S’il en avait l’occasion, il conquérirait n’importe quoi, même une autre planète. » L’histoire de Boltanski se concentre ensuite dans les sous-sols de ce musée africain que les Belges ont entre-temps tenté de redresser du mieux qu’ils pouvaient, en le “décolonisant”, en évitant de se souvenir du massacre et des défigurations racistes de leur ancien roi odieux et détesté Léopold II. . C’est là, dans les zones les plus éloignées, que l’écrivain trouve les reliques et les stéréotypes du massacre racial sculptés dans le marbre et le bronze, puis dans les galeries il découvre des vitrines avec du butin comme des oiseaux, des poissons, des reptiles, des primates : il y a aussi l’homme léopard de Tintin. Et puis, parmi ces vitrines, surgit le roi Kasaï. C’est un géant de 5 mètres de haut, 7 mètres de long, avec deux énormes oreilles comme les ailes d’un voilier et une centaine de kilos de défenses d’ivoire. Boltanski reconstitue ensuite la grande expédition de chasse à l’éléphant de 1956, pour ne pas oublier les terribles péchés de l’Occident et les vents de dévastation qu’a entraîné sa prétendue croissance. Le volume est traduit en Italie par Sara Prencipe. Christophe Boltanski était correspondant de la guerre du Golfe, de Jérusalem et de Londres, travaillant pour « Libération », « Le Nouvel Observateur », « Revue XXI ». Avec le roman “La Cachette” (Sellerio 2017) qui a remporté le Prix Fémina, l’histoire est celle du grand-père juif qui s’est caché pendant deux ans pour échapper à la déportation.

© TOUS DROITS RÉSERVÉS

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Journal des Pouilles

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