Lors du scrutin français, 175 personnes se sont déjà retirées pour freiner les partisans de Lepen. Mais les électeurs sont tièdes

Lors du scrutin français, 175 personnes se sont déjà retirées pour freiner les partisans de Lepen. Mais les électeurs sont tièdes
Lors du scrutin français, 175 personnes se sont déjà retirées pour freiner les partisans de Lepen. Mais les électeurs sont tièdes

Jusqu’à ce soir, la politique française sera dictée par les calculatrices. Il s’agit d’une tradition consolidée, dans un système basé sur des élections uninominales à double tour : « Au premier tour vous choisissez, au second vous éliminez » affirme le manuel Cencelli d’Oltralpe. Mais trop d’inconnues, trop de nouveautés, et aussi trop de tensions, régissent cette élection, pour pouvoir se fier aux enseignements du passé. Un « barrage républicain » sera-t-il dressé contre le Rassemblement National ? Les pactes de désistement entre la coalition Macron « Ensemble » et le Front Populaire fonctionneront-ils ? Les électeurs modérés accepteront-ils de voter pour un candidat d’extrême gauche (et vice versa) pour faire perdre celui d’extrême droite ? Hier soir, en croisant tous les sondages, enquêtes d’opinion et analyses de stratèges, la réponse a été : 50 pour cent de chances d’une majorité absolue à l’extrême droite dimanche prochain et 50 pour cent de possibilité d’un parlement sans majorité possible et ingouvernable, capable d’exprimer, tout au plus, un gouvernement technique inédit (pour la France).

MANŒUVRES
Les grandes manœuvres dureront jusqu’à ce soir, date limite pour que les candidats des 577 circonscriptions confirment ou non leur présence aux scrutins de dimanche prochain. Pour le Rassemblement national de Jordan Bardella, il s’agit de confirmer le succès du premier tour (33,1 % des voix chez les alliés néo-gaullistes d’Eric Ciotti) et de le traduire en sièges. L’objectif est de dépasser le seuil fatidique des 289, majorité absolue à l’Assemblée nationale, qui permettrait la formation d’un gouvernement unique bleu foncé et obligerait Emmanuel Macron à coexister avec l’extrême droite lépéniste qu’il avait promis de réduire à un rang de coalition. minimum en atteignant ‘Élisée. La liste Ensemble de la majorité présidentielle sortante a obtenu 20 %. Le résultat de Bardella dimanche est extraordinairement similaire à celui obtenu par Macron lors des élections qui ont suivi son élection à la présidence en 2017 : le second tour lui a alors donné une majorité absolue péremptoire de 351 sièges.

LES NOMBRES
Les chiffres dictent désormais les stratégies. Soixante-seize candidats ont déjà été élus au premier tour, dont 39 pour le Rassemblement National, 32 pour le Front Populaire (27,9%). Le taux de participation très élevé a facilité le passage au deuxième tour (il faut obtenir 12,5 pour cent des inscrits pour voter) : dans 306 circonscriptions trois candidats se sont qualifiés, dans cinq circonscriptions même 4, dans 190 au lieu de cela il y aura un duel classique défis. Les duels « triangulaires » opposent dans la grande majorité des cas les représentants des trois blocs. C’est ici que se joueront les jeux, c’est là que les pactes de désistement visant à bloquer le chemin de l’extrême droite peuvent fonctionner – ou non.

LA RÉUNION
Hier, Macron a réuni son peuple, une équipe d’anciens loyalistes qui lui pardonneront difficilement d’avoir voulu dissoudre l’assemblée après la défaite des élections européennes il y a trois semaines et qui ne veulent plus suivre sa volonté d’homme seul. «Pas une seule voix ne doit aller à l’extrême droite – a déclaré Macron – On se souvient qu’en 2017 et 2022 (quand il s’est retrouvé au deuxième tour de l’élection présidentielle devant Marine Le Pen, ndlr), c’est la gauche qui a lancé cet appel, sans lequel ni vous ni moi ne serions là. » Cependant, Macron n’a pas clairement préconisé un désistement systématique dans toutes les circonscriptions dans lesquelles les candidats d’Ensemble sont arrivés en troisième position.

LES RISQUES
Le facteur Mélenchon pèse lourd. Pour de nombreux modérés, les candidats d’extrême gauche France Insoumise sont tout aussi invotables, tout aussi incompatibles avec les valeurs républicaines, que les candidats du Rassemblement National. C’est la position, entre autres, du ministre de l’Economie Bruno Le Maire et de l’ancien Premier ministre Edouard Philippe, favorables au désistement au “cas par cas”, uniquement en faveur des candidats de la gauche sociale-démocrate, des Verts, des socialistes, à la plupart des communistes. Une phrase qui a fait crier hier en direct à la radio la secrétaire des Verts Marine Tondelier, conseillère municipale à Hénin-Beaumont depuis dix ans, partisane électorale de Marine Le Pen : «Je suis dévastée, je suis indignée, je suis choquée, parce que je vis depuis 10 ans dans une commune dirigée par le Rassemblement National – a déclaré Tondelier d’une voix brisée à France Inter – ce que fait Bruno Le Maire, c’est le comportement lâche des privilégiés. C’est choisir le déshonneur. Ils connaîtront le déshonneur et la défaite. »

LA LIGNE
Le Front Populaire a immédiatement indiqué la ligne, par la bouche de Jean Luc Mélenchon : désistement systématique des candidats de gauche arrivés en troisième position pour canaliser les voix vers le candidat (quel qu’il soit, macronien, gaulliste, indépendant) en position plus favorable. battre l’extrême droite. Hier soir, il y a eu 175 retraits dans autant de circonscriptions : 122 cas de désistement de candidats de gauche, 52 de candidats d’Ensemble et un retrait de candidat néo-gaulliste. Cela ne veut pas dire que ces 175 collèges seront automatiquement retirés de Bardella. En fait, le comportement des électeurs pèse lourd. En fait, environ la moitié des électeurs d’Ensemble et du Front Populaire ne seraient pas disposés à se boucher le nez et à voter pour un candidat qu’ils n’aiment pas afin de faire perdre le candidat du Rassemblement National. La tentation serait alors de s’abstenir. Le taux de participation sera donc l’un des facteurs clés du scrutin. Bardella affirme également que, contrairement à ses prédécesseurs Le Pen, il dispose encore de réserves de voix. Avec 6,5 millions d’électeurs gagnés en deux ans, le Rassemblement sort désormais du cadre étroit du vote contestataire. Son entourage mise sur une récolte de 300 sièges dimanche prochain. Si le Front républicain devait faire plus de dégâts que prévu, Bardella affirme qu’il peut désormais former un gouvernement même avec une majorité relative et qu’il peut compter sur au moins “une trentaine de députés extérieurs” prêts à venir le soutenir au Parlement. Selon les projections de la revue “Bleu” citées par le Grand Continent, Bardella pourrait atteindre 275 sièges avec un désistement seulement, ou surtout, de la gauche et 261 sièges en cas de défaite généralisée.

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