un joli retour à l’horreur des années 70

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Rome, 5 mai – Rome, 1971 : Marguerite, orpheline timide et belle novice, arrive à Rome pour devenir religieuse ; Le cardinal Lawrence, figure paternelle de la jeune fille, la confie à sœur Silva, abbesse d’un orphelinat. Ici, Margaret se lie d’amitié avec Luz, une jolie sœur qui ne dédaigne pas les joies du monde ; il rencontre l’inquiétante sœur Anjelica et se prend d’affection pour Carlita, une enfant souvent enfermée par les religieuses parce qu’elle est « mauvaise ». Dans une Rome choquée par les révoltes étudiantes, un complot maléfique resserre ses liens autour du novice.

Pas n’importe quelle horreur

Les vétérans (dans des rôles d’horreur inédits) Sonia Braga et Bill Nighy (avec une apparition, dans le prologue, de Charles Dance) dirigent un casting de presque débutants : Maria Caballero, Ishtar Currie-Wilson et la protagoniste Nell Tiger Free. Large catalogue de citations : Rosemary’s Baby (l’étreinte pour engendrer le fils de l’Antéchrist, et l’apparition des pattes du “père”), Smile (le sourire terrifiant sur le visage de la belle Margaret), Possession (le délire, avec beaucoup de convulsions et de sécrétions, avant la naissance monstrueuse), et le Présage lui-même (suicide précédé d’une déclaration de dévotion). Pardonnant quelques maladresses dans l’intrigue (outre la bêtise de la confrontation finale entre Margaret et le Père Brennan, et l’exagération des détails “obstétriciens”), Omen est un film d’horreur de premier ordre, un spectacle qui montre la banalité du “saut”. scare” préfère une inquiétude profonde, la récupération des ambiances des “films B” des années 70 : en fait il s’enfonce dans une Rome très noire, glauque, venimeuse, mauvaise, invivable ; cette même antichambre infernale déjà évoquée dans la meilleure séquence de 007 – Spectre.

Un prequel pur-sang

Premier long métrage réalisé par Arkasha Stevenson, ancien photojournaliste du Los Angeles Times, Omen est le préquel de The Omen (Richard Donner, 1976), pas exactement le meilleur des trois films les plus réussis du genre satanique (à bien d’autres niveaux, notamment L’Exorciste – William Friedkin, 1973 ; et surtout Rosemary’s Baby – Roman Polanski, 1968). Donner (dont le meilleur film reste Ladyhawke ; son premier Superman fut un désastre fascinant, et les quatre films Lethal Weapon sont un vilain festival de violence) contrairement à Friedkin et plus encore que Polanski, il n’était pas un grand cinéaste, mais un bon artisan ; Il n’a pas été aidé par le protagoniste, le charmant et imposant mais hébété Gregory Peck, plus désorienté que d’habitude dans la seule horreur (à moins que l’on considère aussi I Will Save You, les deux Cape Fears et The Boys from Brazil comme tels) de son très filmographie prestigieuse. Basé sur deux gimmicks bon marché (que l’Antéchrist soit né à six heures le 6 juin est un non-sens, et le choix de son nom, Damien, en raison de son assonance avec “démon”, n’est même pas drôle), The Omen avait quand même de gros avantages. : le charme de Lee Remick et Billie Whitelaw (élève de Samuel Beckett), l’habileté de Leo McKern et de l’imprésentable David Warner, le choix d’effrayer avec des allusions et des rebondissements au lieu de recourir à la boucherie basse, l’idée géniale (qui a créé un précédent ) pour situer le volet central dans les recoins les plus sombres de la campagne du Latium, trois scènes qui ont marqué l’histoire du cinéma d’horreur (le suicide de la nounou, la chute de Kathie et la fameuse décapitation du photographe) et une fin glaçante ; des qualités qui lui ont valu un grand succès auprès du public, et la renommée de “frère cadet” de L’Exorciste.

« L’origine du présage » : le film de la rédemption

La fin (non, ce qui suit n’est pas un “spoiler”) d’Omen laisse la porte ouverte à une suite : de manière ambiguë, car celle-ci peut être identifiée à la fois avec le film de Donner et avec un préquel-encore. Opération risquée : car le film de Stevenson, bien que précieux, laisse entendre, par son recours continu aux citations, que les idées sont déjà terminées. Il ne faut jamais dire jamais : le noble précédent de Conjuring – une “franchise” qui a bien commencé et qui s’est encore mieux poursuivie – fait naître l’espoir, et cet Omen a le ton, les références et l’inspiration de ces films. Pour l’heure, il a le mérite d’avoir racheté une saga qui n’avait pas bien continué (Damien’s Curse), qui avait mal continué (The Last Stand) et qui avait été honteusement rappelée (le remake de 2006 Omen – The Omen).

Thomas de Brabant

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