La musique ne suffit plus, il faut son histoire

L’expérience la plus récente est « Sei nell’anima » : un peu moins de deux heures pour raconter l’histoire de Gianna Nannini mise en scène par Cinzia TH Torrini. Mais ces dernières années, la liste des films, filmissimi, fictions et séries qui rappellent la musique du passé avec ses protagonistes est devenue très longue. En revanche, “aujourd’hui, à l’ère du streaming, faire des disques n’a plus de sens” : Claudio Baglioni le rappelait il y a quelques jours dans une interview avec Aldo Cazzullo dans le Corriere della Sera. Ainsi, entre nostalgie et besoin de promotion perpétuelle, voici la musique qui devient une histoire à elle seule. Il peut s’agir de films à succès comme “Bohemian Rhapsody”, avec des recettes élevées, voire 4 Oscars et plusieurs inexactitudes historiques, ou de confessions véridiques comme “Il survivant” avec Vasco Rossi ou le plus récent “Merci, bonne nuit” sur Bon Jovi ou encore vrai et leurs propres testaments artistiques comme celui de Tina Turner, décédée deux ans après la publication de la vidéo-vérité dans laquelle elle racontait tout : des coups d’Ike Turner aux problèmes de santé des années 2000.

Grâce également à la crise du Covid, les droits de catalogue ont également été vendus, les artistes deviennent plus faciles à conquérir pour les producteurs de télévision et de cinéma, et avec les nombreuses plateformes en activité, un produit vidéo ne peut être refusé à personne, alors Frank Zappa et Mahmood se retrouvent coexister dans le même chaudron. Mais la distance entre réalité et reconstruction demeure, et donc les documentaires où les protagonistes parlent restent toujours plus intéressants que la fiction. Et s’il est évident que chaque production est accompagnée de son disque – un lancement de nouveautés, un catalogue de reconstitutions – il est moins évident que Bon Jovi parle de ses craintes de ne plus pouvoir chanter à cause de problèmes de gorge et que Vasco Rossi révèle vos fragilités et vos erreurs.

C’est une musique qui, devenue accessoire, ne suffit plus à elle-même pour être pertinente, et doit donc trouver autre chose à laquelle résister : des featurings (qu’on appelait autrefois des duos), des vérités vidéo, des reconstitutions historiques, des spectacles de plus en plus grandiloquents surtout quand le la voix n’est plus ce qu’elle était et seule la nostalgie demeure. Parmi les prochains sur la liste se trouve Bruce Springsteen qui serait en train de négocier les droits d’un film sur le tournage de “Nebraska”, un album acoustique de 1982. C’est la chanson qui maigrit, qui dure de moins en moins même aux oreilles des auditeurs, cela devient moins inoubliable. Avec tout le respect que je dois à ceux qui ne recherchent que l’émotion et la surprise.

Ps : le nouvel album de Vampire Weekend est magnifique, un point de rencontre entre pop et indie.

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