Migrants expulsés, alliés abandonnés, ennemis punis : le programme d’interviews de Donald Trump

LAS VEGAS – Une présidence « impériale » avec Donald Trump qui promet de gouverner durementnon plus conditionné par la machine administrative de Washington (qu’il ne connaissait pas en 2016, à son arrivée à la Maison Blanche) et par un Le parti républicain désormais totalement dépassé. Main lourde avec les immigrés illégaux pour lesquels il émet l’hypothèse de camps de détention et d’expulsions également étendues aux 11 millions d’étrangers « sans papiers » qui travaillent dans le pays depuis des années. Et une politique étrangère marquée par son admiration pour les dictateurs et par son « isolationnisme de négociation » : une Amérique qui ne défendra plus des alliés qui, selon elle, ne dépensent pas assez pour s’armer.

L’infini jeninterview accordée par Donald Trump à Tempsprésenté comme un programme gouvernemental de la future administration républicaine, est en réalité avant tout la confirmation signée par Le Donald de deux éléments déjà soulignés par divers analystes politiques (et explorés depuis quelque temps également par Courrier). D’une part, la détermination à gouverner lors de son deuxième mandat (s’il est élu) sans les contraintes qui limitaient son autoritarisme lors du premier : leprocureur général (le ministre de la Justice), qui a toujours bénéficié, dans l’histoire américaine, d’une large autonomie par rapport à la Maison Blanche, devra plutôt se placer sous ses ordres. Il sera licencié s’il n’inculpe pas les personnes que Trump souhaite voir condamnées. Pour le reste, une administration totalement sous ses ordres car elle sera guidée à tous les niveaux par des fonctionnaires plus fidèles à lui qu’à la Constitution (dont la sélection, comme nous l’avons écrit à plusieurs reprises, est déjà en cours).

Le deuxième élément, auquel il faut prêter encore plus d’attention à ce stade, concerne sa stratégie de communication dans la campagne électorale : Trump menace de désastres – détention massive d’immigrés, abandon des alliés en Europe et en Asie, punition des opposants politiques – parce que il a toujours été convaincu qu’on gouverne avec peur et non avec bons sentimentsmais aussi parce qu’il voit désormais les sondages dans lesquels le nombre d’Américains fascinés par l’homme fort augmente, tandis que la défense de la démocratie finit au deuxième rang parmi les besoins exprimés par beaucoup, notamment les jeunes.

En matière de politique étrangère, Trump envoie des messages adaptés à l’humeur d’une grande partie de l’électorat : non pas la menace politique d’abandonner l’Occident à son sort, mais le président-directeur général de l’entreprise américaine qui dit ne plus vouloir quitter les 40 mille soldats USA pour défendre la Corée du Sud contre Kim Jong-un si ce pays, très riche et agressif concurrent des entreprises américaines, ne paieront pas beaucoup plus pour la protection américaine. Il en va de même pour Israël. Trump et les Républicains sont certainement encore plus de son côté que Biden, mais l’ancien président sent monter l’indignation face au massacre de civils à Gaza et déclare donc : c’est bien d’attaquer Netanyahu.

Quant aux immigrés, il sait que c’est là le véritable point faible de Biden : même le président le sait et voudrait désormais (tardivement) rectifier le tir en fermant les frontières. Il l’a empêché pour des raisons électorales et attaque maintenant en menaçant de faire des choses similaires plus durement. Personne ne sait jusqu’où il pourra ou pourra aller (les juges ne devraient pas lui permettre d’expulser ceux qui ont demandé l’asile) mais Trump sait que, quoi qu’il dise, il fait du surplace : le ressentiment contre les immigrés clandestins, autrefois limité aux conservateurs la loi et l’ordrea désormais également été étendu à de nombreux démocrates et surtout, elle s’est également répandue parmi les minorités noires et hispaniques. C’est le retour aux guerres classiques entre les derniers : les Afro-Américains des ghettos s’indignent parce que les administrations démocratiques des métropoles tentent d’absorber la vague de migrants qui arrivent, finissant par leur offrir (logement, écoles, soins de santé) plus que ce que est donné aux résidents pauvres.

Et comme les sondages révèlent de plus en plus de représentants de groupes sociaux maltraités par Trump (y compris les Afro-Américains) disant “nous savons qu’il est ce qu’il est mais nous aimons ce qu’il dit”, il il continue de laisser échapper des choses, en se concentrant sur des phrases accrocheuses: toujours prêt à les démystifier ou à les contredire dans d’autres discussions. Ou même dans le même : dans l’entretien avec Temps Il dit d’abord qu’il ne veut pas voir Biden condamné parce qu’il a trop de respect pour la fonction de président des États-Unis. Mais il ajoute ensuite que si la Cour suprême n’établit pas le principe de l’irresponsabilité absolue de l’occupant de la Maison Blanche pour tout crime commis pendant son mandat, alors Biden sera jugé.

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