Manifestations pro-palestiniennes et universités bloquées partout en France

DeStefano Montefiori, correspondant de Paris

Le ministre de l’Université demande aux recteurs de garantir l’ordre, tandis que les étudiants de Sciences Po souhaitent l’annulation d’un master conjoint avec Tel-Aviv : la réponse du gouvernement est “hors de question”

DE NOTRE CORRESPONDANT
PARIS – Le Ministre français de l’Université, Sylvie Retailleau, demande aux recteurs de garantir “le maintien de l’ordre public” en utilisant “le maximum de pouvoirs” dont ils disposent pour contenir les manifestations en soutien à Gaza sur les campus français, où se succèdent depuis plusieurs semaines manifestations et blocus inspirés des manifestations dans les universités américaines.

«Je vous demande d’utiliser le maximum des pouvoirs qui vous sont conférés par le Code de l’éducation», a déclaré Retailleau lors d’un discours devant les présidents d’université. «Les présidents sont responsables du maintien de l’ordre sur les campus universitaires. Et la police ne peut entrer qu’à la demande des autorités universitaires”, a rappelé le ministre aux dirigeants des 74 universités publiques de France.
Sylvie Retailleau a également appelé à “garantir la pluralité des expressions” au sein des universités et de «renforcer les mécanismes pour permettre à tous les débats d’avoir lieu dans vos institutions, dans le respect du droit bien sûr, mais aussi dans le respect des personnes et des idées».

Lundila région Île-de-France a décidé de « suspendre » le financement de Sciences Po, « jusqu’à ce que le calme et la sécurité soient rétablis »a annoncé la présidente Valérie Pécresse, du parti Les Républicains (droite gaulliste).
La police est intervenue ces derniers jours à Sciences Po Paris et à la Sorbonne pour évacuer des militants qui avaient installé des tentes.
ET Aujourd’huijeudi 2 mai, la direction de Sciences Po Lille a décidé de fermer l’école, dans un premier temps jusqu’à midiaprès une « tentative de blocage par des étudiants « en partie extérieurs » à Science Po », a indiqué la direction dans un communiqué.

Les étudiants, qui ont participé au blocage à l’aube, se sont ensuite rendus à l’école de journalisme ESJ voisine, dont ils ont bloqué les entrées. Parmi les revendications des étudiants figure l’annulation d’un master commun entre Sciences Po Lille et l’Université de Tel Aviv. « Notre Conseil d’administration s’est clairement prononcé contre le boycott des universités israéliennes », a déclaré la direction de Sciences Po, tout en jugeant « légitime que notre communauté exprime sa solidarité avec les personnes victimes de la guerre ».
En réponse à ces demandes, similaires à celles formulées par Sciences Po Paris, le ministre Retailleau a indiqué qu’il était «Il n’est pas question pour les universités de prendre une position institutionnelle en faveur d’une demande particulière dans le conflit actuel au Moyen-Orient».

En attendant, le opposition entre le gouvernement et la droite d’un côté, et la gauche radicale de la France Insoumise, le parti dirigé par Jean-Luc Mélenchon, qui participe à la mobilisation en soutenant et encourager les étudiants. Deux membres du parti, la leader du groupe Mathilde Panot et la candidate aux élections européennes Rima Hassan, ont été entendues mardi dernier dans le cadre d’une enquête pour “apologie du terrorisme”, mais dénoncent toutes deux la criminalisation de la contestation et Rima Hassan, née dans un camp de réfugiés palestiniens en Syrie, a déclaré qu’elle « justifie pleinement » l’appel à la révolte qu’elle a lancé il y a quelques jours.
Le Premier ministre Gabriel Attal a déclaré qu'”il n’y aura jamais de droit de bloquer les universités, il n’y aura jamais de tolérance pour les actions d’une minorité active et dangereuse qui cherche à imposer ses règles à nos étudiants et à nos enseignants”.

2 mai 2024

© TOUS DROITS RÉSERVÉS

PREV “Il a mal traité ma femme”
NEXT Ukraine – Russie, l’actualité du jour en direct | Des drones ukrainiens endommagent des installations énergétiques dans la région russe d’Orel