“Si c’est adopté, j’enverrai des soldats de l’Ouest”

Emmanuel Macron revient pour “poser la question” d’un envoyer des troupes occidentales en Ukraine si la Russie parvenait à franchir la ligne de front dans la guerre en cours depuis plus de 2 ans. Dans un entretien à The Economist, qui suscite le même tapage déjà suscité ces dernières semaines, auprès des alliés européens contre cette hypothèse, le président français réitère que “rien ne peut être exclu”.

Parce que le message de Macron pèse désormais plus lourd

Les propos de Macron prennent un sens particulier à un moment crucial du conflit. L’Ukraine, qui attend d’exploiter les armes allouées par les États-Unis dans le dernier paquet approuvé par le Congrès, a été contrainte de reculer ces derniers mois pour gérer la pénurie d’armes et de munitions.

La Russie, selon les analystes et experts, pourrait lancer une nouvelle offensive massive entre la fin du printemps et le début de l’été : la pression de Moscou sur le front de l’Est est constante, le ministère russe de la Défense revendique des progrès quasi quotidiens après la prise d’Avdiivka, la ville au centre des hostilités durant l’hiver. L’hypothèse selon laquelle la nouvelle offensive militaire de Vladimir Poutine s’avérerait efficace ne peut être exclue.

La situation sur le terrain

Le ministère russe de la Défense a annoncé ces dernières heures avoir pris le contrôle de deux villages situés près d’Avdiivka, dans l’oblast de Donetsk, à l’est de l’Ukraine. Les troupes moscovites capturèrent Berdychi et Ocheretyne. Le premier est situé à une dizaine de kilomètres au nord-ouest d’Avdiivka (dont les Ukrainiens se sont retirés en février), le second est un peu plus éloigné, mais dans la même direction.

Les nouvelles du terrain confirment pour l’essentiel les prédictions du commandant en chef des forces ukrainiennes, Oleksandr Syrsky, qui avait anticipé il y a quelques jours le retrait de Berdychi et de deux autres villages voisins pour protéger “la vie de nos défenseurs”. Des sources militaires ukrainiennes, citées par l’agence Dpa, ont précisé que les affrontements les plus violents à Donetsk se déroulent désormais dans les régions de Pokrovsk et de Kurakhove. Morceau après morceau, le mur ukrainien risque de s’effondrer. Céder ouvrirait à la Russie les portes du cœur de l’Ukraine.

Une analyse américaine confirme l’inquiétude de Macron

Cette perspective ne peut être exclue, comme l’a déclaré Avril Haines, directrice du renseignement national, devant la commission des forces armées du Sénat à Washington. Il est possible que les Russes obtiennent des « pauses tactiques ».

“Les tactiques de plus en plus agressives de Poutine contre l’Ukraine, y compris les attaques contre les infrastructures électriques, visent à impressionner l’Ukraine : poursuivre la guerre”, tel est le message du Kremlin, “infligera davantage de dégâts à l’Ukraine sans donner d’espoir de victoire à Kiev”. Ces stratégies agressives sont vouées à se poursuivre, la guerre ne se terminera pas de sitôt“. Il est inutile, dit-il, d’espérer des négociations productives pour l’instant : “La Russie a montré ces derniers mois sa volonté de discuter avec Kiev et Washington de l’avenir de l’Ukraine. Mais il est peu probable qu’il fasse des concessions significatives. »

Les propos de Macron et la réaction de Moscou

“Si les Russes venaient à percer les lignes de front, s’il y avait une demande ukrainienne – ce qui n’est pas le cas aujourd’hui – on devrait légitimement se poser la question”, estime Macron, selon qui “l’exclure a priori, c’est ne pas apprendre le leçons des deux dernières années”, les pays de l’Otan ayant dans un premier temps exclu l’envoi de chars et d’avions de combat à Kiev avant de changer d’avis.

“Comme j’ai dit, Je n’exclus rien, car nous sommes face à quelqu’un qui n’exclut rien“, réitère Macron à l’hebdomadaire britannique, en référence à Poutine. ” Probablement nous avons été trop hésitants pour fixer des limites à notre action envers quelqu’un qui n’en a plus et qui est l’agresseur », dit le président, indiquant son « objectif stratégique clair : la Russie ne peut pas gagner en Ukraine ».

“Si la Russie gagne en Ukraine, nous n’aurons plus de sécurité en Europe – affirme-t-il – Qui peut s’attendre à ce que la Russie s’arrête là ? Quelle sécurité y aura-t-il pour les autres pays voisins, la Moldavie, la Roumanie, la Pologne, la Lituanie et bien d’autres ? Et au-delà, quelle crédibilité avons-nous, Européens, que nous aurions dépensé des milliards, que nous aurions dit que la survie du continent était en jeu et que nous ne nous serions pas donné les moyens d’arrêter la Russie ?

L’hypothèse avancée par le dirigeant français n’ébranle pas Moscou. La première réponse officielle est confiée aux propos de Maria Zakharova, porte-parole du ministre des Affaires étrangères. Les déclarations du président, dit-il, “sont en quelque sorte liées aux jours de la semaine, c’est une sorte de cycle”.

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