Macron : “Maintenant, c’est au tour des Français”. Le Pen nomme Bardella – Spécial Europe 2024

Revirement de situation, bouger comme un champion de poker, défier, parier : la liste des termes utilisés pour désigner le geste d’Emmanuel Macron est longue, qui hier soir, quelques minutes après l’annonce des résultats des élections européennes, a dissous le Parlement et convoqué des élections. entre trois semaines.

Objectif : faire sortir l’extrême droite, mais aussi dénicher les Français et leur demander s’ils ont réellement l’intention, au-delà d’un vote de contestation anti-Macron, d’être gouvernés pour la première fois de l’histoire par les lépénistes. “J’ai confiance dans la capacité des Français à faire le bon choix, pour eux-mêmes et pour les générations futures”, a assuré Macron. Mais c’est un pari risqué. Où, comme l’écrit aujourd’hui Jérôme Fenoglio, directeur du Monde, « c’est nous qui sommes en jeu ».

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Marine Le Pen, 20 ans de dédouanement d’abord du Front National hérité de son père Jean-Marie, puis de son Rassemblement National, a relevé le défi : “Nous sommes prêts à gouverner”. Et il projette déjà son dauphin Jordan Bardella, qui avec 31,36% des voix – soit plus du double des macroniens – a battu ses adversaires, vers le siège de Premier ministre. A 28 ans et sans expérience institutionnelle cohabitant avec un président expérimenté et prêt à tout, cela ressemble plus à une roulette russe qu’à une partie de poker. Mais la décision est désormais prise, dans 3 semaines nous voterons, dans 6 jours les listes doivent être présentées. Frappés par l’inattendu, dirigeants et partis, presque toujours incapables de s’entendre, se sont retrouvés cet après-midi pour ce que les observateurs appellent “les grandes manœuvres”. Ce qui, pour l’instant, n’a donné aucun résultat.

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Ceux de droite sont plus prometteurs en ce qui concerne l’inconciliabilité atavique entre gauche réformiste et gauche radicale. Depuis hier soir en effet, la gauche – la France Insoumise de l’extrémiste Jean-Luc Mélenchon, qui cède pourtant peu à peu sa place au plus ouvert François Ruffin, Parti socialiste, communistes et écologistes – est divisée entre “l’union de la gauche ” , front populaire, front républicain et autres variantes de la catégorie. L’hypothèse du Front populaire, qui remonte aux années 1930 et qui est l’hypothèse d’une alliance fondée sur des propositions politiques de gauche, gagne du terrain. Contre la droite, mais aussi anti-Macron. A la différence du Front Républicain, l’accord électoral entre tous les partis a fonctionné pendant des décennies et a servi à barrer la route à l’extrême droite en soutenant son adversaire dans toutes les circonscriptions, quelles qu’elles soient. C’est aujourd’hui l’hypothèse la moins réalisable, compte tenu du clivage irrémédiable entre macroniens et gauchistes. Tous les regards sont tournés vers celui qui a ramené les socialistes à un niveau acceptable, Raphaël Glucksmann (13,8% des voix), mais son incompatibilité avec les radicaux de La France Insoumise complique une équation déjà difficile. Parmi les vainqueurs, on trouve la “main tendue” de Jordan Bardella à Marion Maréchal, la nièce de Marine Le Pen qui menait la liste d’Eric Zemmour, le polémiste d’extrême droite, dépassant la barre des 5%. Dans l’après-midi, Marion est allée sonder sa tante et Bardella, certaine qu’elle avait “le choix” devant elle. Bardella a reconnu son “attitude constructive, contrairement à Zemmour”. Mais pour l’instant « ce ne sont que des discussions ». Bardella sait que “gagner seul est difficile”. Et il a également eu des contacts avec certains représentants des Républicains. Marion, quant à elle, a déjà rendez-vous avec le leader peu malléable de son parti, Zemmour, mais ira aussi consulter Nicolas Dupont-Aignan, président du petit parti souverainiste Debout la France. Dans cette phase très délicate, tout apport de voix ou de ressources politiques peut être décisif. L’extrême droite, jamais aussi proche du pouvoir en France, tente de relever la barre à 40 %, ce qui peut être obtenu en unissant Bardella-Le Pen à Zemmour et aux autres représentants mineurs qui n’ont jamais obtenu que des préférences symboliques. Cette fois, ils entrevoient le mirage du gouvernement du pays.

Bardella, la star souverainiste d’origine italienne

Le nouveau visage phare du nationalisme français est un Italien d’origine italienne : Jordan Bardella, le leader du Rassemblement National (RN), âgé de vingt-huit ans, qui a triomphé aux élections européennes, avec 31,37% des voix. Et il pourrait désormais devenir Premier ministre de la France, en remplacement du commentateur macro Gabriel Attal.

La perspective – qui se dessine lors des deux tours électoraux prévus le 30 juin et le 7 juillet – est que si le très large résultat en faveur de l’extrême droite aux élections européennes se confirme lors des élections, Macron sera contraint de cohabiter avec un exposant du RN. Bardella, star des selfies et comptant un million de followers sur TikTok, “est notre candidat pour aller à Matignon”, la résidence du premier ministre à Paris, a confirmé le vice-président du RN, Sébastien Chenu, interrogé par la radio RTL. Né le 13 septembre 1995 à Drancy, banlieue difficile de Paris, dans une famille d’origine piémontaise modeste émigrée en France, le dauphin de Marine Le Pen, qui se présente comme italien à “75%”, a poursuivi une carrière politique entamée à peine il y a plus de 10 ans. Il était alors un adhérent et sympathisant « envoûté » par Le Pen, qui descendait dans la rue pour qu’elle pose des affiches en banlieue. En 2019, à seulement 23 ans, il est élu au Parlement européen de Strasbourg, puis, en novembre 2022, sa consécration, avec la conquête de la présidence du RN à la place de Le Pen elle-même. Pour l’extrême droite hexagonale, c’est une petite révolution : pour la première fois de son histoire, l’ancien Front national n’est plus dirigé par un membre de Le Pen.

Marine, qui a identifié et choisi Bardella comme son successeur, l’a toujours poussé et soutenu avec force, faisant de lui l’un des principaux instruments de cette soi-disant « dédiabolisation » que beaucoup comparent au parcours de Giorgia Meloni en Italie. Et ce n’est peut-être pas un hasard si Bardella multiplie les références à ses racines italiennes. “Je suis venu d’ailleurs, mais je suis devenu d’ici”, a-t-il déclaré à l’ANSA il y a quelques semaines, expliquant avoir “fait l’effort républicain d’assimilation, embrassant l’histoire de France, honorant ce qu’était notre grand pays, apprenant le français, en respectant le professeur, en respectant la police.” Mais aussi “oublier une partie de sa culture d’origine et de son pays de départ”. L’un des trois grands-pères italiens, Severino Bertelli-Motta, né en 1934, travaillait à l’atelier de carrosserie Bertone, près de Turin. Marié à Iolanda Benedetto, ils vivaient à Nichelino, un village ouvrier proche des usines Fiat, avant d’émigrer, en 1963, dans une autre banlieue « rouge », cette fois près de Paris, en Seine-Saint Denis, avec deux enfants (deux autres sont nées en France) : Daniela et Luisa, la mère de Jordan. Quant à son grand-père paternel, Guerrino Italo Bardella, né à Alvito près de Rome, a émigré en France comme maçon et s’est marié avec une Algérienne, même si le jeune Bardella est toujours resté plus proche de sa lignée maternelle, affirme le journal Le Monde, dans un long reportage. intitulé ‘Bardella, l’Italien’. A l’exception de quelques week-ends à Rome ou de séjours sur la côte amalfitaine, poursuit le journal, le nouvel homme fort de l’extrême droite d’outre-Alpes ne conserve “que le souvenir des vacances d’été chez ses parents” d’Italie. Dans Paris-Match, en 2020, il parlait de ses “premières révélations culinaires” d’enfant à “Europa”, le bar-restaurant de son oncle Alberto, dans la banlieue de Turin, qui entre-temps – comme le racontait Bardella lui-même, anticipait certains de l’extrait de son futur livre – a changé de nom et de propriétaire et est donc introuvable, du moins sur le web. Quant à la langue italienne, plaisante le leader du RN, affirmant qu’il la connaît suffisamment pour “commander des pâtes all’amatriciana au restaurant”. Cela ne l’a cependant pas empêché d’exprimer cette sorte de synthèse de son programme politique dans la langue de ses ancêtres. C’était en décembre de l’année dernière, lors d’un rassemblement à Florence : « Nous ne voulons pas d’une Europe où nos peuples sont condamnés à vivre dans la barbarie. La question de l’immigration en Europe n’est pas qu’une simple question statistique. C’est la question existentielle de notre identité. “.

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