Le dîner des grands. Droits et peuples, l’avertissement de Mattarella au G7

DE NOTRE JOURNALISTE
BRINDISI – Au Castello Svevo le maître de maison est Sergio Mattarellaqui attend ses invités avec sa fille Laura et la Première ministre Giorgia Meloni dans une longue robe noire. Le président des États-Unis, à nouveau candidat à la Maison Blanche, il a déserté l’événement. Trop fatiguéles derniers jours de la campagne électorale contre Trump ont été un tour de force et la condamnation du bien-aimé fils chasseur ajouté une charge trop lourde. L’équipe du président américain a prévenu à l’avance la cérémonie du Quirinal et la porte-parole de Biden, Karine Jean-Pierre, a supplié l’Italie de ne pas donner lieu à une affaire : «Ce ne sera pas un drame si le président saute le dîner».

Mais pour Scholz, MacronKishida, Trudeau, Sunak, Erdogan et les autres invités, le moment le plus important est le discours du chef de l’Etat, qui a offert le dîner de gala. Une intervention complexe et globale sur le rôle du G7 en tant que groupe de pays, « unis aussi et surtout par des valeurs qui ont promu la dignité des individus et des peuples ». De grandes économies « libres », dont l’horizon naturel est de « construire des partenariats » avec d’autres régions du monde ouvertes au dialogue.

Mattarella se concentre sur les guerres : «Les fantômes antiques sont réapparus dans le monde». Il condamne une nouvelle fois “l’attaque barbare du Hamas” contre Israël, dénonce le “compte macabre de milliers de victimes civiles palestiniennes” et espère que les négociations de cessez-le-feu en cours constituent “une étape dans un chemin politique concret vers une paix durable”. Ensuite le drame de l’Ukraine, avec la « dangereuse tentative de revanche néo-impériale » entreprise par la Russie de Poutine le 24 février il y a deux ans : « Un tournant qu’on ne peut prétendre ignorer ou sous-estimer, comme nous l’enseigne l’histoire du XXe siècle. ” .

Observateur attentif de la scène internationale et des crises mondiales qui risquent de secouer la planète, Mattarella met en garde contre «les pièges du néo-impérialisme»comme celui chinois et encourage le G7 à « promouvoir processus positifs orientés vers la paix et le développement». Et il y a aussi un passage, dans le raisonnement du Président de la République, qui ne passera pas inaperçu compte tenu du débat houleux sur l’avortement qui a monopolisé le début du sommet : « Les Etats représentés à cette table se reconnaissent dans les principes de la de l’État de droit, de la démocratie, du respect des droits de l’individu”. Des considérations que Mattarella juge « loin d’être évidentes ».

Le menu du « Déjeuner en l’honneur des chefs d’État et de gouvernement et autres personnalités participant au sommet du G7 » comprend : parcelles de sébaste, tortellis au grondin, filets de vivaneau aux amandes Torrito, crème de burrata au crumble sucré de taralli. Le tout arrosé non pas par les vins de Bruno Vespa mais par Franciacorta Ca’ del Bosco, Furia et Fiano di Tormaresca, Moscato de Di Filippo.

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