Livres : Giacomo Matteotti oublié et actuel, ‘Je t’accuse’ de Concetto Vecchio

Livres : Giacomo Matteotti oublié et actuel, ‘Je t’accuse’ de Concetto Vecchio
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Rome, 15 avril. « La mémoire de Matteotti a été foulée aux pieds. Son monument, sur le Lungotevere, me semble être le miroir de ce manque de reconnaissance : il est laid, incompréhensible pour ceux qui passent par là, jamais éclairé dans le noir…”. Les mots sont de Concetto Vecchio, quirinaliste du journal La Repubblica et auteur d’un livre : « Je vous accuse. Giacomo Matteotti et nous (Utet), qui est à la fois enquête journalistique, écriture cinématographique, biographie politique, portrait psychologique, histoire. Ce sont des mots significatifs car ils identifient le point de vue avec lequel il a choisi de reconstruire, de raconter et de redonner de la dignité au profil d’un homme qui, malgré sa profondeur, sortait trop peu des manuels scolaires.

C’est pour cette raison que Concetto Vecchio définit le livre comme “une enquête sur un oubli”, car Giacomo Matteotti “a été longtemps éclipsé même à gauche, notamment par les communistes, car en tant que réformiste social-démocrate, il avait été trop en avance sur son temps, et se qualifier de social-démocrate, c’était une sorte de blasphème dans la longue période italienne d’après-guerre ».

Après avoir identifié le principe, l’intuition qui a donné naissance et grandi à l’intérêt pour le personnage, il fallait alors la méthode pour achever un travail qui, en un peu plus de 200 pages, parvient à dépasser la peur qu’avoue Concetto Vecchio dans les remerciements du livre. , ce « Matteotti m’a fait peur » avec lequel il décrit son premier « non » à la proposition de son éditeur. Il fallait s’impliquer pleinement pour dissiper cette peur. “En tant que journaliste, je me rends chez Matteotti avec mon carnet et mon appareil photo, je laisse parler le couple qui a posé la plaque sur le mur de la Via Pisanelli 40, d’où Matteotti est parti pour aller à la mort (“sans demander la permission à personne”, m’a dit l’avocat Marocchi), je retrouve Franco Nero, le seul (!) visage de Matteotti au cinéma, je donne la voix à Stefano Caretti, le plus grand érudit de Matteotti qui, loin des projecteurs, et snobé par les grandes maisons d’édition , a gardé vivant le souvenir du martyr, et enfin je rencontre Laura Matteotti, la petite-fille de Giacomo, qui me raconte combien la mort de son grand-père était un tabou : ces dix dernières pages sont la clé de l’enquête, le sens de tout”.

Il faut lire toute cette “enquête sur les traumatismes publics (pourquoi Matteotti a été oublié) mais aussi privés (que se passe-t-il dans les familles, même des générations plus tard, après un crime politique ?). Et le lecteur doit s’abandonner à la perspective que lui accorde l’auteur, sans se ménager, en acceptant de le suivre. On arrive, à travers des pages dans lesquelles il y a aussi “l’amour avec Velia, l’épouse, dont la relation mène à la romance”, à la dimension actuelle du profil de Matteotti. “Cela réside dans sa défense acharnée du Parlement, de la démocratie, de l’école publique (à Benedetto Croce, à Montecitorio, il disait : “Vous spéculez sur des nuages. Ici, nous ne venons pas avec des livres d’esthétique mais avec des programmes pratiques”) : aujourd’hui, il se battrait pour la santé publique », résume Vecchio.

Le poids de l’antifasciste Matteotti est bien présent. “Il a été le premier à comprendre la force destructrice du fascisme, mais il était seul dans le combat, et c’est donc aussi un livre sur la solitude d’un homme politique”, affirme l’auteur. Vecchio, donc, se référant à la culture, à la compétence et à la profondeur de l’homme politique, rappelle : « Précisément parce que le meilleur a été tué par les voyous de Mussolini ». Mais son histoire, dans la reconstitution de l’auteur de “Je t’accuse”, “est aussi une leçon pour la gauche d’aujourd’hui, car Matteotti était concret, populaire, il mettait les mains dans le cambouis dans le labeur de chaque jour, conscient d’être en la lutte, la mission d’un socialiste contre les inégalités”. Aujourd’hui, conclut-il, « Matteotti serait en banlieue tous les jours ! ».

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