Le poids du sang, Myriam aux nombreuses vies comme l’Italie en 1944

Le poids du sang, Myriam aux nombreuses vies comme l’Italie en 1944
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Le livre

Pour toutes ces raisons, « Le poids du sang » de Vladimiro Bottone, publié chez Solferino, est à toutes fins utiles un roman historique. D’autant plus qu’elle permet d’entrevoir combien paradoxale était la soi-disant défascistisation de l’État, dans le signe d’une continuité évidente, c’est-à-dire le passage de l’Italie de Mussolini à l’Italie démocratique. Le définir uniquement comme un roman historique serait cependant réducteur, car ces pages ont l’essence d’un roman policier, l’atmosphère du « noir » et le rythme d’un scénario dans lequel le vocabulaire et la structure sont parfaitement équilibrés, à partir de l’ensemble premier chapitre, destiné à se positionner parmi les meilleurs incipits de ces dernières années. Comment, alors, définir une histoire qui traverse les genres ? Peut-être s’agit-il simplement d’un roman-roman, avec une histoire imaginée qui a beaucoup à voir avec l’histoire réelle, et surtout avec une intrigue finalement convaincante, car ici quelque chose se passe réellement, et les faits (et les sentiments, car c’est d’ailleurs un roman fictif d’amour) sont imprévisibles même lorsque les cartes sont désormais exposées et que tous les personnages savent tout sur tout le monde.
Dans le Turin de Bottone, terrorisé par les embuscades, les pourboires payés et les exécutions sommaires, l’histoire imaginée rencontre la réalité lorsque le nom du docteur Leto apparaît. C’est bien lui : le véritable chef de l’Ovra, les services secrets créés par le Duce ; un fasciste bien connu des savants des vingt années et de la période qui suivit immédiatement.
Ce n’est pas un hasard si dans le roman il est présenté comme quelqu’un qui “n’attend certainement pas que les événements se précipitent et le trouvent coincé sur place”. Il sait « que celui qui avance tôt gagne toujours ». Mais Leto agit en arrière-plan, il est plutôt une ombre projetée sur la scène. Plus pertinent, pour les besoins de l’intrigue narrative, est son subordonné direct : Troise, toujours indiqué ainsi, sans prénom. Troise est un fonctionnaire ministériel très apprécié, en réalité un agent spécial doté de licences étendues, généralement affecté à des missions solitaires ; un camarade anormal, dévoué, mais jamais obtus ; celui qui utilise des informateurs « comme un agriculteur utilise du fumier pour fertiliser » ; impitoyable aussi, s’il est acculé, mais fou amoureux de Myriam. Et Myriam est la pierre angulaire de toute l’histoire : elle est jeune, bien bâtie, un esprit rebelle, quelqu’un “qui entre et sort de sa vie”, car pour survivre en tant que juive et échapper aux collègues de Troise, elle devra inventer les siennes les unes après les autres, même dans des contextes conflictuels. Bien qu’elle ait posé, des années plus tôt, pour Casorati, peintre reconnu et ancien professeur de scénographie, Myriam ne découvre “qu’elle possède et habite un corps” que lorsqu’elle est elle aussi prise par l’amour. Ce n’est qu’alors qu’elle pourra se libérer des peurs et des contraintes que lui inflige la haine raciale. Mais attention à l’amour, car il ne suffit souvent pas d’aligner les destins, comme le rappellent ceux qui citent Céline dans le roman : “Quand les grands de ce monde se mettent à t’aimer, c’est qu’ils veulent te réduire à combattre des saucisses.”
En ce qui concerne l’histoire vraie, cependant, il sera utile de rappeler ce qui est arrivé ensuite, après les pages de Bottone, à Guido Leto, l’homme aux dossiers secrets, le grand marionnettiste, le patron auquel rendaient tous les espions. Eh bien, ce protagoniste absolu des vingt années a sauté comme si de rien n’était d’un monde à l’autre, de la République Sociale fasciste à la République Démocratique Italienne. Il fut en effet arrêté et jugé en tant que chef de l’Ovra. Mais comme Paolo Macry le rappelait récemment dans « La droite italienne », il fut acquitté « pour faute de crime » et libéré en 1946 pour être immédiatement réintégré dans le rôle d’inspecteur général de la sécurité publique, où il termina sa carrière comme directeur technique de la police. écoles. Leto a en fait réussi à ne pas se laisser submerger par les événements et a plutôt franchi la même porte par laquelle il était sorti. Et il n’était pas le seul. Sabino Cassese rappelle souvent, à titre d’exemple, ce qu’a fait Togliatti : il a signé l’amnistie pour les fascistes et a choisi Gaetano Azzariti, président du Tribunal des races, comme chef de cabinet du ministère de la Justice. Une Italie incompréhensible, si l’on n’entre pas dans le climat de ces années-là comme l’a fait Bottone et comme nous le faisons avec lui, en le lisant. Per scoprire alla fine che «Il peso del sangue» è anche un romanzo di formazione, perché il sangue che pesa è un sangue comune, condiviso, e quella che si forma pagina dopo pagina è una vita nuova o, se si vuole, una nazione nouvelle.

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